CARENEWS.COM : LE MODÈLE ÉCONOMIQUE EN QUESTION

Dans un contexte de « crise des médias », où les modèles sont à réinventer, Carenews semble avoir trouvé une formule d’équilibre. Le web média est financé par la diffusion, sur la plateforme en ligne sur laquelle il est publié,  de contenus d’acteurs qui ne sont pas des médias (les associations, fondations, fonds de dotation et entreprises mécènes) et par de la production de contenu pour ces derniers. Une cohabitation qui n’est pas forcément contradictoire avec l’indépendance de Carenews.com.

Un média financé par des prestations de diffusion et de production de contenus 

« Nous sommes un pure player », déclare Guillaume Brault. C’est à dire que nous ne tirons nos ressources que d’internet. Notre magazine papier trimestriel gratuit ne fait quasiment pas partie de notre modèle économique. Nous l’équilibrons avec la vente d’espaces de visibilité dans ses pages, que des fondations acquièrent pour elles-mêmes ou pour des associations qu’elles soutiennent. » Reste donc le site internet du média en ligne. Le modèle en est aujourd’hui simple  : le média en ligne indépendant est financé par les revenus générés par la diffusion de contenus sur le portail participatif et par des prestations de production de contenus rédactionnels.

Carenews.com est un portail participatif sur lequel les différents intervenants du secteur de l’intérêt général et du mécénat peuvent publier du contenu (qu’ils le rédigent eux-mêmes ou en achètent la rédaction à Carenews). C’est la partie diffusion d’informations. Le principe est que les associations s’inscrivent  gratuitement sur le site et peuvent ensuite diffuser leur contenu sous le compte qu’elles ont ouvert sur la plateforme. Les entreprises mécènes, les fondations et fonds de dotation doivent s’acquitter d’un abonnement annuel pour pouvoir ouvrir un compte sur le site et diffuser leur propre contenu. C’est le package « Care Up ».

Carenews propose ensuite des prestations complémentaires de production de contenus  : « Care Zen » est une formule  qui permet que le compte de l’organisation cliente  soit animé par les équipes de Carenews, qui fournissent un suivi éditorial et produisent du contenu pour elle. « Care Zen + » est un package qui ajoute à la prestation « Care Zen » de la visibilité sur les supports : bandeaux, headers, encarts, espace « à la une » sur le site internet (ou même des espaces sur le journal papier). D’autres prestations de production de contenus peuvent également être proposées sur mesure (rédaction d’articles pour des supports print, réalisation de vidéos…), y compris aux associations qui le souhaiteraient. Une sorte de cercle vertueux s’instaure : plus il y a d’acteurs du secteur sur la plateforme,  plus il est intéressant pour les acteurs d’y venir car leurs contenus seront lus par le plus grand nombre, et plus le média peut être financé.

Guillaume Brault résume le modèle économique de Carenews dans cette vidéo 

« Je suis assez fière de voir où nous en sommes arrivés en deux ans, constate Flavie. Nous avons très peu levé de fonds, nous avons réussi à installer un nouveau média, avec un contenu de qualité et à nous équilibrer financièrement. »  « En 2016, nous avons réalisé environ 200 000 euros de chiffres d’affaires pour un coût de production de 250 000 euros. Cette année, nous devrions atteindre l’équilibre« , se réjouit Guillaume Brault.

 

Là où d’autres médias en ligne, comme par exemple Youphil, n’ont malheureusement pas trouvé leur modèle économique, Carenews aurait-il trouvé le bon modèle d’équilibre ? Le fait de ne pas véritablement avoir de concurrents et d’être l’unique web média indépendant à traiter de la thématique de l’intérêt général et du mécénat et à proposer ce portail- la plupart des autres publications touchant au mécénat sont, avec plus ou moins de transparence, directement sponsorisées par des entreprises du secteur – y aide certainement.

Un média indépendant

La difficulté pourrait résider dans cette cohabitation entre contenus indépendant issus du média et contenus produits par ou ayant pour origine les acteurs du secteur . Pour Flavie Deprez, « paradoxalement, ce sont les contenus payants qui nous permettent de maintenir notre indépendance. » Elle estime que, comme les organisations peuvent publier le contenu qu’elles veulent mettre en avant et qu’il bénéficie d’une belle visibilité sur Carenews.com, le média subit moins de pressions pour publier ces contenus davantage  « institutionnels ». « Il arrive parfois que nous traitions un même sujet parce que nous y avons vu un angle intéressant, admet -elle. Mais notre force est dans le fait que notre modèle économique est connu de tous et dans notre vigilance à bien distinguer visiblement les contenus indépendants issus du média et ceux en provenance des organisations présentes sur la plateforme ».

Même si le magazine Carenews Journal n’entre pas à proprement parler dans le modèle économique du média, il est également concerné par l’équilibre délicat à trouver entre amélioration des ressources financières et indépendance. Le N°7 a été l’occasion de tester le « sponsoring » du dossier central par une fondation.

La directrice éditoriale tient farouchement à cette indépendance de Carenews.com. Elle observe d’ailleurs que si certains articles qui relaient une actualité sont retweetés par affinités, les articles davantage de fond, plus indépendants dans leur contenu, sont à chaque fois les plus lus. Au delà de l’information sur l’actualité du secteur de l’intérêt général, c’est donc « une information indépendante et de qualité que les internautes viennent chercher » sur le site Carenews.com. Guillaume Brault confirme cette tendance. « Je crois beaucoup à un fondamental qui est que, pour qu’un site soit intéressant, il faut qu’il soit autonome et indépendant, c’est ce qui va lui donner de l’intérêt et attirer l’audience. C’est relativement facile d’expliquer aux acteurs du secteur que si le site ne propose que du contenu très cadré, très institutionnel, ça ne va pas intéresser grand monde. Et si peu de gens viennent sur la plateforme, peu liront le contenu qu’ils veulent y mettre en avant ». Pour lui, « tout l’enjeu est vraiment dans l’équilibre à trouver entre l’intérêt de la plateforme et son financement ». Autrement dit, dans le compromis entre information indépendante et visibilité offerte aux organisations.

Avec la perspective que les plateformes deviennent de nouveaux lieux d’échanges à réinventer où, par exemple, « associations, mécènes et fondations pourraient répondre aux productions les uns les autres ainsi qu’à celles du média indépendant. »