La « Paris Games Week » 2015, un salon pour les joueurs et pour tous les autres

La foule est au rendez-vous de ce salon de « gamers », fréquenté par un public bien plus familial et diversifié qu’on ne pourrait s’y attendre. La frontière entre réel et virtuel devient vite floue pour le visiteur, submergé par une débauche d’effets visuels et sonores.

« Je suis venue spécialement de Bretagne », dit Mireille, 46 ans, qui a fait le trajet avec ses enfants et sa nièce, pour passer trois jours à la Games Week ; un voyage qu’ils planifient depuis un an. Sa fille Pauline, 14 ans, est ravie, bien que déçue par l’attente trop longue pour les jeux les plus demandés : « C’est super ! On a presque pu tout essayer.  Mais on a fait cinq  heures de queue pour jouer à peine 10 minutes à Rainbow 6, ça ne les valait pas ! ». Mireille trouve le salon et l’ambiance « grandioses, surtout pour les jeunes ». Cette maman dévouée, qui ne joue pas aux jeux vidéo, tient compagnie aux trois adolescents dans les files d’attente et les ravitaille en boissons et sandwichs. Avec un grand sourire, elle précise : « Bien sûr, il y a des moments où je sature, surtout à cause du bruit. Dans ces cas-là, je vais lire au calme quelques heures dans ma voiture garée sur le parking du salon, puis on se retrouve.»

Difficile d’échapper au brouhaha ambiant. Les stands des éditeurs de jeux vidéo se livrent à une véritable surenchère de décibels et de lumière. Les décors monumentaux recréant les univers des jeux alternent avec des dizaines d’écrans gigantesques. C’est une cacophonie assourdissante entre les « riffs » de guitare métal des podiums Guitar Hero, la techno diffusée par les boutiques et les animateurs qui commentent en hurlant les compétitions d’e-games. Au détour des allées, quelques zones réservées paraissent étrangement calmes : une centaine de personnes s’alignent en silence devant de longues rangées d’ordinateurs identiques, regards hypnotisés par les écrans. Seuls leurs doigts pianotent frénétiquement en silence sur les claviers. Ainsi concentrés, il semblent coupés du monde extérieur, reliés aux machines par le câble de leurs écouteurs : Ce sont des gamers, en pleine partie.

gamers Paris Games Week 2015

gamers Paris Games Week 2015 2
Rangées de gamers

Une explosion d’applaudissements jaillit de l’espace voisin, célébrant l’équipe vainqueur d’une compétition League of Legends qui s’est déroulée en direct devant plus de 500 spectateurs. De jeunes gens, âgés de 19 à 21 ans, coiffés de chapeaux en peluche aux couleurs vives qui contrastent avec leur carrure, commentent avec animation la partie. Adrien, Alexis, André et Jordan jouent régulièrement en réseau ensemble. « On joue beaucoup  trop », reconnaît en riant André. « Deux à trois heures par jour  environ », complète Jordan. Pourtant, aujourd’hui,  ils n’ont pas essayé de jeux sur le salon : « On est venus ici pour se balader, pour profiter de l’ambiance ». « De toute façon, les bornes de jeu en libre accès sont prises d’assaut », regrette André.

Paris Games Week 2015 participants
Participants chapeautés
Vaisseaux grandeur nature (c) V.Schoonmann
Vaisseaux grandeur nature (c) V.Schoonmann

Quelques écrans plus loin, Arthur, 12 ans se fait prendre en photo devant un vaisseau de Starwars grandeur réelle. Il est venu avec son oncle pour tester la version proposée de Call of Duty, un jeu pourtant interdit au moins de 18 ans. « C’est pas grave, j’y joue souvent, c’est le jeu de mon grand frère, et mes parents ne font pas trop attention de toute façon », crane-t-il un peu.

Mieux vaut savoir parfois s’armer de patience pour accéder à certains jeux. « L’attente est très variable selon les jeux et l’heure de la journée, explique un des vigiles posté devant les barrières, ça peut aller de 20 minutes à plus de 3 heures. » Il sourit et se veut rassurant : « Mais ça passe vite, ici le spectacle est partout autour.»

Dans les allées bondées, pourtant élargies cette année pour mieux faire face à l’afflux de visiteurs, c’est un incessant et bigarré défilé d’adultes, d’adolescents et de familles. Beaucoup portent des T-shirts aux couleurs de leurs jeux préférés. Des Pikachus en velours jaune côtoient des cosplays de personnages mangas plus sombres, portant d’effrayants demi-masques. Malgré la chaleur et le monde, pas de manifestations d’énervement ou d’incivilités apparentes. Il règne ici une ambiance festive et bon enfant, bien loin de l’image de violence véhiculée par certains des jeux présents sur le salon.

paris games week 2015 cosplay

Cosplays dans les allées
Cosplays dans les allées

Pour Laurie et Ambre, 15 ans, c’est la première Games Week. Elles ont passé la journée à regarder les autres jouer sur les écrans géants mais n’ont voulu tester aucun des jeux vidéos proposés : « On ne sait pas vraiment jouer. Avec tous ces supers gamers, on n’ose pas, on n’a pas envie d’avoir la honte en mourant dès le premier tour », avoue en riant Laurie, qui promet « On adore l’univers visuel des jeux vidéos, l’ambiance et les personnages, on reviendra ! »

Paris Games Week en chiffres


La folie du samedi après-midi au stand « Just Dance »

Dès l’entrée du hall principal de la Paris Games Week, l’ambiance est survoltée. Autour du podium « Just Dance », plusieurs centaines d’enfants et d’adultes se déchainent sur les derniers tubes diffusés à plein volume. Ils tentent de reproduire en rythme des chorégraphies projetées sur un écran géant de 6 mètres de long. Rebecca, mère de famille de 44 ans, ne pensait vraiment pas s’amuser cet après midi. Elle s’y défoule pendant que ses fils font la queue pour tester le jeu « Assassin’s Creed ». « C’est le même jeu qu’à la maison sauf que là on danse tous ensemble, il y a une vraie ambiance de boîte de nuit, en plus sympa !», constate-t-elle avec un immense sourire.

 Devant ce parterre de dancefloor, des participants tirés au sort vivent leur minute de gloire et s’affrontent sur scène le temps d’un titre. L’animateur ne s’économise pas et harangue la foule en hurlant, promettant une distribution de T-shirts gratuits ou de goodies : «Allez tous accroupis, je veux tout le monde accroupi maintenant ! Qui veut des cadeaux ? » Et la centaine de personnes de s’exécuter de bon coeur.

Je suis une journaliste rédactrice en recherche active de piges et d'emploi. Ce blog vous propose d'accéder à une sélection de travaux (articles et vidéos) réalisés pendant mon stage de fin de MBA et tout au long de mon année de MBA Journalisme et Médias Digitaux, option audiovisuel, à l'EFJ Levallois. N'hésitez pas à me contacter.