Brief.me : anti-infobésité

Le monde numérique offre aux internautes et aux journalistes des possibilités infinis. Les créateurs de Newsletter l’ont bien compris et c’est par centaine que s’est multiplier ces sites internet jeunes et modernes rien qu’en France. Le lecteur est alors submergé par les informations. Brief.me propose de vous envoyez les actualités par mail chaque soir, tout en la hiérarchisant.

 

Le Concept

Sans tri ni aucun ombre de hiérarchisation, l’information circule massivement dans le flux du net de manière infernale, presque pathétique. Le lecteur en a marre et désire pouvoir sainement se renseigner sur l’actualité. Brief.me permet alors de soigner les victimes de ce fléau numérique du 21e siècle en proposant une newsletter payante et quotidienne traitant de l’information généraliste. On pourrait parler d’un OVNI médiatique entre les applis, blogs et autres sites de la presse version 2.0.

Les quatre associés, dont Laurent Mauriac co-fondateur de Rue89, ont alors jugé incompréhensible ce déversement non mesuré de l’actualité. « pourquoi autant de moyens sont-ils consacrés par autant de sites à la réécriture des mêmes dépêches sur les moindres soubresauts de l’actualité ? Le résultat : une manière d’informer qui vise beaucoup plus les accros à l’actu que les citoyens pour qui l’information n’est pas une fin en soi, mais un outil au service de leur vie personnelle ou professionnelle », explique Laurent Mauriac. Il est vrai que le journaliste internet n’est plus le concept même du journaliste de terrain. Désormais, le seul trajet qu’il effectue est entre son bureau et la machine à café. Plusieurs fois par jour, certes, mais tout de même. Son travail consiste désormais à relayer l’information qu’il a vu le matin même ou l’heure précédente sur l’AFP ou un autre site concurrent. Il change des tournures de phrase et le tour est joué.

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Laurent Mauriac, co-fondateur de Rue89 et de Brief.me.

Les lecteurs sont au coeur même de la ligne éditoriale de Brief.me, dont le fondateur estime les médias traditionnels trop éloignés : « La course à l’audience et aux clics entraîne une surinflation de l’information, explique Laurent Mauriac ; ce n’est plus les lecteurs que les médias ont en ligne de mire, mais le bon référencement, la viralité sur les réseaux sociaux, et à terme les recettes publicitaires qui les font vivre ». 

 

 

Le Financement et chiffre d’affaire

Le financement de Brief.me naît alors d’une grande contradiction. Pour être plus clair, les médias ont transformé  leur modèle économique avec l’arrivée du numérique en partant du principe que les lecteurs ne sont plus ceux qui rapportent de l’argent. Ce sont de simples utilisateurs loin de construire les bénéfice de la société. Et oui, l’information reste une marchandise. Seulement, plus il y a d’offre, moins on la vend chère.

Pour débuter le financement du projet et se faire connaître par un public avisé, Brief.me a d’abord fait l’objet d’une campagne de financement participatif sur le site Ulule.com. Une opération qui fut un grand succès, grâce à l’appui des lecteurs déjà abonnés pour son lancement officiel et les plus de 900 préventes d’abonnements vendus alors que l’équipe en espéré seulement 500.

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Aujourd’hui avec 1300 abonnés, Brief.me compte sur l’innovation pour fidéliser son lectorat et attirer encore plus de curieux. Depuis quelques semaines, une édition du week-end a été lancée, répondant à une demande accrue des lecteurs. En effet, une des priorités de Laurent Mauriac, est d’être en contact permanent par le biais de questionnaires et de retours de mail. Ils peuvent donc voter le mercredi pour un événement ou un sujet qui sera analysé en profondeur dans l’édition reçue le samedi.

Contre 5,90 euros par mois (3,90 euros par mois si l’abonnement est annuel), le produit tombe dans la messagerie des 1 300 abonnés chaque soir vers 18 heures 30. Loin de la compilation d’articles, Brief.me se voit comme un « mini-journal » faisant le tri dans l’actualité du jour pour ne restituer que quelques informations essentielles : une poignée de brèves, quatre sujets plus développés et une info décalée, rédigés par l’équipe permanente de trois journalistes et d’un pigiste. Un format idéal pour les lecteurs pressés, puisque le tout se lit en trois minutes.

Selon Laurent Mauriac, 10 000 abonnés à 6 euros par mois permettrait à son entreprise de tourner comme il faut et de faire vivre ses six salariés. Encore loin de ce résultat, et après que Rue89 ait été vendu 7,5 millions d’euros, le co-fondateur de ce modèle de site d’information veut prendre son temps pour bien saisir ce qu’attend le lecteur et développer son projet à la perfection.

Bien que rue89 ait été revendu 7,5 millions d’euros, Laurent Mauriac ne veut pas précipiter les choses pour son nouveau projet. Une levée de fonds auprès d’investisseurs n’est prévue que dans un second temps, notamment pour d’éventuels déclinaisons à l’étranger.

D’ici quelques temps, une opération de parrainage des proches permettra aux abonnés d’obtenir des réductions sur leur futur renouvellement. Les jeunes sont également visés : la moitié des abonnés ayant moins de 30 ans, un tarif étudiant sera donc proposé à 29 euros l’année. Même si la formule actuelle plaît beaucoup, d’après les retours enthousiastes de leur public, Laurent Mauriac explique qu’elle sera toutefois retravaillée : « Certains de nos lecteurs trouvent le ton parfois trop sérieux. » La rubrique « Ca alors ! » subira également un lifting d’ici un à deux mois. Mais que les fans se rassurent, le concept de « slow media » restera inchangé et les push et autres notifications permanentes ne viendront pas perturber leur quotidien.

Certes, l’équilibre financier n’est pas encore atteint et  » Il faut compter trois à quatre ans « , d’après le fondateur; mais  » la petite entreprise ne connaît pas la crise « . Brief.me a dépassé les 50 000 euros de chiffre d’affaires en 2015. Les abonnements permettent de rentrer  » dans les frais  » : 85 % des lecteurs optent pour la formule à l’année et 15 % pour l’abonnement mensuel.
Une levée de fonds est prévue pour le premier semestre de l’année ainsi que le recours à la  » love money  » (financement par les proches). Sinon, le concept repose sur des fonds propres et grâce au FINP (Fonds pour l’Innovation Numérique).
Preuve que la société se porte bien, ils étaient deux employés au début de l’aventure; ils sont désormais quatre à temps-plein et sous statut de salariés. En plus des journalistes, un responsable marketing a été embauché afin d’optimiser le compte Facebook, principaux canaux de recrutement des nouveaux abonnés.
Après plus d’une année écoulée, le bilan est donc plus que positif pour Brief.me. Pour Laurent Mauriac et ses associés, il semblerait que l’avenir est déjà radieux.  Pour celui de l’information numérique, cela reste à voir.

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