Depuis 30 ans, Terre information magazine (TIM) est le média par excellence de l’armée de Terre. Cette revue institutionnelle couvre toute l’actualité de l’Arme. TIM demeure une publication populaire auprès des militaires du rang et des sous-officiers, puisque demeurant la source d’information la plus proche de leur quotidien en régiment. Décryptage.
Avant-propos
« Depuis trente ans, TIM a accompagné cette histoire avec des textes et des images visant à illustrer, expliquer et faire partager au plus grand nombre la vie de l’armée de Terre et des soldats qui la composent. » C’est par cette prose guerrière, que le général d’armée Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT) depuis 2014, décrit les missions de la rédaction de Terre information magazine. Dans son éditorial de janvier 2019, du numéro 300 de TIM, le CEMAT rappelle l’importance de la présence de ce journal au sein des unités. Cette publication se présente comme la revue vivante et explicative du quotidien des Terriens. Exit les images d’Épinal glorifiant le soldat, la baïonnette au canon, avec TIM, l’actualité du monde militaire se mue en un passeur culturel permettant de voir autrement le monde de la défense.
Contexte
Terre information magazine demeure depuis une trentaine d’années la référence incontournable dans le domaine de l’information militaire. Sous l’impulsion du chef d’état-major de l’armée de terre, le général d’armée Gilbert Forray, le premier numéro paraît en janvier 1989, dans une période marquant la toute nouvelle professionnalisation de l’armée de Terre. À l’image de ses concurrents et relais institutionnalisés, Cols bleus, Airs actualités et Armées d’aujourd’hui, Terre information magazine se différencie sur le traitement médiatique apporté à l’institution. Avec le lancement en 1989 du TIM, succédant à la publication historique interarmées TAM (Terre-Air-Mer), l’armée de Terre se dote de son propre journal d’information. Cette nouveauté éditoriale lance l’aventure du dernier petit né de la famille des revues spécialisées du ministère de la Défense. Avec l’arrêt de TAM en 1987, l’état-major de l’armée de Terre se trouva dans l’impératif de créer un support de communication en interne, tout en renforçant le lien auprès du grand public. La création du mensuel Terre information magazine répond à ce besoin.
Dès le lancement de son premier numéro, le personnel militaire est conquis par son modernisme et son approche à hauteur d’hommes de l’actualité opérationnelle. En 1992, effectuant alors son service militaire au sein de la section rédaction du SIRPA Terre, le futur animateur de télévision et présentateur de Koh-Lanta, Denis Brogniart signe un article sur les Casques bleus français à Sarajevo. Proche des sous-officiers et des militaires du rang, cette revue recueille chaque mois de nombreux témoignages de militaires, passionnés par leur métier. En abordant des problématiques de fond liées à la défense nationale, les reportages du TIM responsabilise son lectorat sur la primauté du collectif en opex. L’opération Daguet en 1991, la décennie de l’enfer afghan, Vigipirate, les déploiements de Serval puis de Barkhane en Afrique centrale, les équipes du TIM couvrent tous les engagements opérationnels de l’armée de Terre avec la même rigueur éditoriale.
Vlog : immersion à Terre information magazine
VIDÉO. Terre information magazine est le magazine historique de l’armée de Terre. Petite visite au ministère des Armées pour découvrir le métier de reporter militaire.
Au coeur du TIM
Terre information magazine constitue le lien entre les femmes et les hommes de l’armée de Terre. Tiré à 60 000 exemplaires, ce mensuel de 60 pages est écrit par deux officiers et un sous-officier, affectés à la rédaction. Disponible dans tous les régiments de l’armée de Terre, ainsi qu’à l’étranger, la publication est également distribuée dans les ambassades, à l’Assemblée nationale et au Sénat. Terre information magazine couvre toute l’actualité de l’armée de Terre. Au plus près de la vie des unités, les journalistes militaires peuvent effectuer des reportages en métropole comme à l’étranger. Sous la direction du rédacteur en chef, le capitaine Maxime, l’équipe de rédaction est amenée à couvrir les opérations extérieures de l’armée de Terre, les exercices de préparation opérationnelle ainsi que les colloques de stratégie et les nombreuses évolutions des lois de programmation militaire. L’ensemble des pages de l’édition de Terre information magazine fournissent des articles en fonction de l’actualité des différentes spécialités. Composant le cahier central du magazine, les dossiers de TIM sont directement liés à cette grande actualité de l’armée de Terre. Plaçant les hommes et les femmes qui la composent au coeur des préoccupations, les dossiers mensuels de TIM traitent des principales évolutions de son organisation ainsi que de son fonctionnement. Les sujets sont le fruit d’une réflexion commune, à l’occasion des comités de rédaction qui permettent de mettre en avant des contenus proches de la vie des militaires. En plus des 16 tonnes de papiers nécessaires pour imprimer Terre information magazine, la publication est imprimée en encre UV. Cette technologie de pointe garantit un séchage quasi-instantané permettant toute reprise de travail ou de façonnage après l’impression. Très résistante, l’encre UV ne s’altère pas et donne un fini brillant conférant une belle qualité d’impression, pour plus de confort dans la lecture finale des soldats en mission.
Vidéo : dans les coulisses de la fabrication de TIM
Sergent TIM : garde à vous !
Il est la mascotte officielle de Terre information magazine. 12 ans de service, une centaine d’aventures vécues, l’aura du Sergent TIM n’est plus à démontrer. Personnage de fiction créé en 2007, le sous-officier bénéficie d’une certaine popularité auprès du lectorat de Terre information magazine. Apparu pour la première fois en septembre 2007, ce militaire attachant est le héros de sa propre minisérie.
À l'occasion du salon du #LivreParis2019 ?, découvrez comment sont écrites, réalisées et dessinées nos personnages emblématiques de la #BD de #TIM ?
Le sergent #TIM se met à nu en ?️⬇️ pic.twitter.com/w4ypLckam7
— Armée de Terre (@armeedeterre) 15 mars 2019
Inspiré des traits de visage d’un jeune lieutenant du 4e régiment de chasseurs, ayant servi dans l’armée de Terre dans les années 90, le sergent TIM est mis à l’honneur chaque mois, dans des planches aussi loufoques que vécues. Le scénario est créé par les membres de la rédaction de Terre information magazine, qui travaille avec Corporate fiction pour ensuite donner vie à la bande dessinée.
En compagnie de son comparse maladroit et faire-valoir, le sergent Tom, Tim est un héros positif qui est l’ambassadeur des valeurs de l’armée de Terre. En une petite dizaine de plans-séquences, la BD sergent TIM appréhende la diversité des activités, des codes relationnels et de la sémantique de l’institution. S’appuyant sur des éléments de situation réelle, les péripéties du sergent TIM appuient l’introduction d’un message institutionnel. Protagoniste chaleureux et jovial, TIM a fait l’objet de deux publications papiers, accessibles du grand public : Premiers pas de tir (2010) et Forces spéciales (2013).
Le SIRPAT ou l'art de bien communiquer l'actualité de l'armée de Terre
Le service d’information et de relations publiques de l’armée de Terre (SIRPAT) conçoit et met en œuvre la politique de communication de l’armée de Terre. Aux ordres directs du chef d’état-major de l’armée de Terre et de son cabinet, le SIRPAT a pour mission de développer les techniques d’information auprès des régiments et des différentes entités de l’institution. Cette politique vise à mettre en valeur sur les plans interne et externe l’image de l’armée de Terre, afin de favoriser son recrutement en étroite liaison avec la Direction des ressources humaines de l’armée de Terre (DRHAT), pour susciter l’adhésion et renforcer sa cohésion interne.
À sa tête, on retrouve le colonel Benoit Brulon, ancien porte-parole du gouverneur militaire de Paris. Le chef du SIRPA Terre est le conseiller communication du CEMAT et conçoit la politique de communication générale de l’armée de Terre. Les grands principes et objectifs de cette politique éditoriale s’inscrivent dans la stratégie de communication de l’armée de Terre. Dans ce sens, ce service a pour but de valoriser l’image de l’armée de Terre auprès du grand public, de partager les valeurs ainsi que les missions portées et réalisées par ses soldats. La politique éditoriale du SIRPAT prend en compte les évolutions permanentes du domaine communication en France, afin de veiller au maintien à niveau d’une fonction de communication professionnelle.
Le SIRPAT est constitué d’une centaine de militaires. L’ensemble des services de cette administration pilote son domaine de communication. Parmi les six sections qui le composent, les pôles images, médias et rédactions occupent une place importante.
La section image s’occupe de la communication audiovisuelle du SIRPA Terre. La cellule de commandement du service audiovisuel de l’armée de Terre se trouve à Balard et a la responsabilité de six cellules de production image terre (CPIT) (Cesson-Sévigné, Lille, Lyon, Metz, Nîmes, Saint-Maixent). La cellule image assure la couverture des principaux événements et manifestations dans lesquels l’armée de Terre est engagée. Dans le cadre de la communication opérationnelle, la section image met à disposition de l’état-major des armées des équipes image en vue de couvrir les activités des unités de l’armée de Terre engagées en opérations.
La section média est chargée de faire connaître l’armée de Terre auprès de l’opinion publique, par le biais des médias (presses écrite et numérique, télévision et radio) et auprès de cibles plus spécialisées (médias thématiques ou blogs). Elle est le point d’entrée unique pour toutes les demandes de reportage au sein de l’armée de Terre.
La section rédaction est pluri-média. Cette entité du SIRPAT gère les réseaux sociaux en plus de produire des contenus pour le magazine officiel. Elle décline de façon quotidienne les messages du CEMAT ainsi que de l’actualité de l’armée de Terre, en interne comme en externe sur l’ensemble des supports numériques. Le chef de section commande une équipe de treize personnes : rédacteurs, community managers, secrétaire de rédaction, chef des reportages, webmestre et webmestre adjoint. En plus de participé à la production du journal, Terre information magazine, la cellule veille au maintien de la qualité graphique et éditoriale de ses plate-formes.
Économie du média
Le seul magazine spécialisé qui couvre toute l’actualité de l’armée de Terre depuis 1989. Terre information magazine continue de faire partager au plus grand nombre la vie de l’armée de Terre. Aujourd’hui dirigé par le colonel Benoit Brulon et propriété du ministère des Armées, Terre information magazine demeure la publication de référence de la presse spécialisée dans la Défense.
Chiffres
• Terre information magazine, c’est 60 000 exemplaires par mois. • Terre information magazine, c’est plus de 120 000 lecteurs par mois. • Terre information magazine, c’est près de 1 000 abonnés payants par mois.
Analyse
Terre informatiton magazine est un magazine mensuel tiré à 60 000 exemplaires et distribué en France, en Outre-mer (Antille, Guyane, Réunion) et à l’étranger. Il existe depuis trente ans maintenant et est devenu au fil de son existence une publication plébiscitée pour son traitement de l’actualité militaire.
Le contenu : (p. 6-21) le « tour d’horizon » de TIM présente l’actualité du mois de l’armée de Terre depuis les régiments, (p. 22-29) l' »immersion » accompagne une unité lors de son déploiement opérationnel, (cahier central – 12 pages) le « dossier » développe une actualité généraliste et globale de l’armée de Terre au plus près de ses acteurs, (p. 32-35) « ressources humaines », (p. 36-39) « zoom sur », (p. 40-43) « prépa ops », (p. 44-45) « portrait – terre d’hommes », (p. 46-47) « 24 heures avec », (p.49) « témoignages », (p. 50-53) « Histoire », (p. 54-56) « quartier libre », (p. 58) « sergent TIM ».
Le webzine Soldats de France s’ajoute aux dix numéros mensuels du journal. Depuis 2017, l’armée de Terre publie un supplément d’histoire militaire. Cette publication bimestrielle retrace le patrimoine de l’armée française en plus de fournir les pages histoires de Terre information magazine.
En bref.
Terre information magazine est édité par la Direction de l’information légale et administrative (DILA). La publication est gratuite et disponible en version numérique. Le siège social est situé à l’Hexagone Balard, au 60, boulevard du général Valin (IXe).
Équipe de rédaction
Fondé par le général Gilbert Forray ;
Directeur de la publication : COL Benoit Brulon
Directeur de la rédaction : LCL Pierre-Yves
Chef de la section rédaction : LCL Rémi
Rédacteur en chef : CNE Maxime
Secrétaire de rédaction : Mme Nathalie Boyer-Jeanselme
Journalistes – rédacteurs : CNE Maude, LTN Anne-Claire , ADC Jean-Raphaël
Brèves : Maxime Coupeau
Chargé de fabrication et logistique : ADC Christophe
Banque image : ADC Lionel
La stratégie numérique de l'armée de Terre
Le journal Terre information magazine, et plus généralement l’armée de Terre, ne cesse de faire évoluer sa communication. L’édition papier attire un public de militaires et de connaisseurs, sans pour autant proposer une offre éditoriale au grand public. Le SIRPA Terre a fait le choix de décliner son offre sur de nouveaux supports en ligne. Cette numérisation de l’actualité de nos Terriens doit attirer un public jeune, en fournissant des messages institutionnels grâce à des contenus au plus proche de ses intérêts. Désormais, à TIM, le papier se décline aussi sur le web.
→ Le site (https://www.defense.gouv.fr/terre) : le site internet de l’armée de Terre a pour but de compléter la version papier de TIM, en déclinant ses reportages pour le numérique. Sa mission est d’élargir au grand public ses contenus afin d’intéresser ceux-ci aux actualités de la défense. Tout en répondant à un besoin de communication institutionnelle, ce site propose des grands-angles ainsi que des sujets courts pour présenter le large panel des actualités de l’armée de Terre.
→ La chaîne YouTube (ARMÉE DE TERRE) : La page vidéo de l’armée de Terre présente de manière générale, des reportages liés aux nombreuses actualités de l’institution. Entièrement produites et réalisées par les cellules de production d’images Terre (CPIT), ces vidéos de plus en plus tournées façon BRUT et Le Monde, ont pour but d’attirer un jeune public vers les valeurs et les métiers de l’armée de Terre. Ouverte en septembre 2008, la chaîne YouTube de l’armée de Terre comptabilise une moyenne de 20 336 657 vues pour 75 984 abonnés.
❖ L’armée de Terre est également présente sur les réseaux sociaux. Cette présence numérique de veille et de community management contribue par ses nouveaux moyens de diffusion à renforcer la cohésion de l’Arme. Cette participation à la diffusion des messages-clés, assure la cohérence éditoriale à tous les niveaux. En terme d’interactions avec le public, l’armée de Terre comptabilise 667 850 abonnés sur Facebook, 196 000 abonnés sur Instagram et 163 000 abonnés sur Twitter.
Interview - Adjudant-chef Jean-Raphaël : « Il faut des images pour raconter la guerre »
Journaliste reporter d’image (JRI) pour Terre information magazine, l’adjudant-chef Jean-Raphaël nous présente les coulisses du métier de reporter de guerre. La médiatisation des conflits, le travail de reportage aux côtés des soldats, le sous-officier dévoile ses méthodes de travail. Co-auteur du livre PARAS, avec un journaliste indépendant, ce photographe militaire raconte comment cette passion est devenue son métier. Entretien.
Pouvez-vous nous définir la notion de reporter de guerre ?
Adjudant-chef Jean-Raphël : « Le reporter de guerre, c’est quelqu’un qui se spécialise dans le journalisme de conflit. Ça peut-être des guerres conventionnelles ou des guerres plus diffuses. Ce sont des gens qui partent principalement sur des théâtres de conflits, avec un risque qui est plus important que dans d’autres reportages. »
Quelles sont les méthodes de travail d’un journaliste de Terre information magazine ?
Adjudant-chef Jean-Raphël : « Les méthodes de travail sont extrêmement diverses, parce qu’elles vont dépendre de ce que l’on va faire comme type de reportage. On travaille essentiellement avec des gens en tenue camouflée, mais qui ont des fonctions très différentes. Ça veut dire qu’on ne va pas faire un reportage de la même manière. Par exemple, on ne va pas parler d’un général quatre étoiles dans son bureau comme on parle d’un groupe de combat au fin fond du désert malien. Tout dépendra du sujet. En fonction de cela, le rédacteur va préparer son reportage, d’un point de vue logistique et de l’angle, comme n’importe quel journaliste civil pourrait le faire. On va se poser la question de ce que l’on va voir. Quels vont être nos interlocuteurs. L’action que l’on doit suivre. Il n’y a pas une méthode de travail type. En revanche, la rédaction se trouve dans un système particulier avec un système hiérarchique très claire. Pour nous, au magazine, on va forcément avoir un point d’entrée hiérarchique pour commencer nos reportages. En l’occurrence, la plupart du temps, le responsable de la communication des unités (NDLR : officier communication & information) dans laquelle on va se rendre est vraiment notre point d’entrée pour réaliser le reportage. »
En tant que JRI, comment concevez-vous votre rôle lors des opérations militaires ?
Adjudant-chef Jean-Raphël : « Il y a deux choses qui sont importantes pour nous, communicants de l’armée de Terre. Le premier, c’est d’aller faire notre reportage et de récupérer les informations dont on a besoin pour pouvoir écrire nos articles. Maintenant, dans le cadre spécifique d’une opération, notamment Barkhane au Mali ou en Irak, sur des théâtres un peu plus délicats, ça va être de s’intégrer à une unité sans les mettre en danger. Même si on doit ramener notre reportage, il ne se fera pas au péril de la vie des gens qu’on vient rencontrer. Il va falloir s’intégrer à l’unité que l’on suit sans devenir un poids. Alors, cela ce fait de plusieurs manières. D’abord en comprenant où l’on va. S’y préparer physiquement et psychologiquement. Ensuite de s’intégrer avec les gens, donc de trouver notre place au sein du groupe, par exemple avec qui on va patrouiller pour ne pas les gêner dans leur action. Et si la situation dégénère, qu’on ne devienne pas une source de questionnement. Ça veut dire que le chef de groupe qui est en train de commander, il ne doit pas se demander où est le journaliste. C’est à nous de trouver notre place et cela vient avec l’expérience. Mais, nous sommes militaires. Déjà, on a certains réflexes sur notre positionnement dans une opération et les gens nous intègrent facilement parce que l’on est dans la même tenue qu’eux. Il faut trouver ce juste-milieu entre ramener son reportage et ne pas compromettre la mission des gens que l’on va suivre. »
Quel théâtre d’opération a été le plus marquant pour vous ?
Adjudant-chef Jean-Raphël : « L’Afghanistan ! Je m’y suis rendu 11 fois. C’était un théâtre où il se passait énormément de choses. Entre 2001 et 2012, c’était la plus grosse opération de l’armée de Terre. En zone de guerre, les gens sont beaucoup plus honnêtes dans leurs comportements, dans leurs manières de parler, dans leurs manières de vivre. Pour un reporter, les photos parlent d’elles-mêmes. On n’a pas à mettre les gens en scène. La scène est là tous les jours. D’ailleurs, en Afghanistan, sans même parler de combat, c’est un pays qui est absolument incroyable en terme de paysages et d’images. On dit souvent entre nous que c’était le paradis des photographes. Il y avait des images à faire tout le temps. L’Afghanistan est un pays sublime. À titre personnel, c’était une mission assez incroyable et dure. On était très souvent dans le dur des opérations. Il a fallu s’intégrer avec les gens et là s’intégrer à des moments qui étaient très compliqués. Ça demandait une cohésion très forte avec les gens que l’on suivait. L’Afghanistan a été un tournant pour nous les photographes et du personnel de la communication des armées de manière plus générale. C’est un théâtre où on a perdu un camarade photographe. Il était en train de faire son travail quand il a été tué lors d’un attentat où il y a eu quatre autres morts. Cela faisait très longtemps qu’un opérateur audiovisuel de la défense n’avait pas été tué au combat. Ça a rappelé aux plus jeunes que suivre les militaires sur le terrain comprenait des risques. La mort au combat du sergent Sébastien Vermeille a été un tournant, pour tous ceux qui pensaient que c’était juste faire des photos aux cérémonies. Il fallait au même titre que les militaires, se préparer, s’entraîner et se préparer au pire. »
Les journaliste civils, sont-ils qualifiés pour couvrir les opérations de l’armée ?
Adjudant-chef Jean-Raphël : « Incontestablement, les journalistes civils sont tout à fait qualifiés pour suivre nos actualités. Ce sont pour beaucoup des vrais professionnels qui connaissent tous les ressorts et les traditions de l’armée de Terre. Aujourd’hui, en France, on a un certain nombre de journalistes qui sont identifiés comme spécialistes de la Défense et qui eux ont une connaissance très pointues des armées. Beaucoup plus que nous d’ailleurs, puisque finalement, eux vont balayer tout le spectre de la défense alors que typiquement nous au magazine, on est sur le créneau de l’armée de Terre. On a bien entendu des connaissances sur le Marine et l’armée de l’Air, mais, qui sont plus généralistes. Alors que certains et certaines journalistes qui travaillent avec la défense depuis de nombreuses années, ont eux des connaissances plus fines sur l’armée française. Ils sont qualifiés. Après, dans le cas particulier des opérations extérieures, il y a des journalistes aujourd’hui qui sont largement capés pour partir en opérations qui ont une expérience absolument incroyable et dans des situations souvent plus critiques que nous. Un journaliste militaire quand il part sur le terrain, il est jamais tout seul. Il est au milieu d’un groupe de combat avec dix hommes armés jusqu’aux dents qui représentent un premier rideau de sécurité qui est pratiquement impénétrable. Le journaliste civil qui lui va couvrir des conflits, va souvent se retrouver un peu seul et pas armé avec le risque de se retrouver kidnapper. Ils prennent souvent plus de risques que nous. De ce fait, quand ils nous accompagnent, on a des gens qui sont largement capés pour pouvoir nous suivre. »
Collaborer avec eux apporte t’il quelque chose à votre travail ?
Adjudant-chef Jean-Raphël : « Quand on se rencontre avec des journalistes, c’est toujours intéressant. Les voir travailler leurs interviews, les voir sur le terrain, on a toujours des choses à apprendre d’eux. Ça fait presque vingt ans que je fais de la photographie, en tant que professionnel et à chaque fois, je me précipite vers les autres photographes que je peux rencontrer parce que l’on peut toujours apprendre des choses. C’est d’ailleurs ça qui est intéressant dans ces métiers-là. On n’arrive jamais au bout. Être avec des journalistes civils, il y a toujours une plus-value. Au même titre qu’eux nous colle aussi dès fois, parce que l’on va connaître le petite truc ou la bonne personne pour faire le reportage. C’est très rarement conflictuel quand on est sur le terrain avec des équipes civils. Le conflit qu’il peut y avoir lorsque l’on est uniquement entre nous, c’est le conflit entre photographes et cameramen. C’est très bien de travailler avec des journalistes civils, on progresse ensemble. »
Pourquoi médiatiser la guerre ?
Adjudant-chef Jean-Raphël : « Je ne pense pas qu’on médiatise la guerre. On va raconter ce qu’il s’y passe. Le dernier exemple le plus frappant, c’est bien le Yémen. Si la photographe Véronique de Viguerie, n’avait pas été au Yémen l’année dernière pour couvrir ce conflit, on aurait complètement oublié ce qu’il s’y passait. Les journalistes civils ne cherchent pas à faire des images de la guerre en elle-même. Ils vont faire des images de la guerre pour raconter ce qui s’y passe. Et puis la guerre sur le terrain est un moment extrêmement particulier. Il est difficile de la raconter. En l’occurrence, le journaliste a ses ressorts pour la conter. La guerre paraît lointaine pour le public. Ça fait plus de soixante ans maintenant, que l’on a pas eu la Guerre sur notre territoire. C’est important d’expliquer que par le monde, il y a des conflits qui font des morts, qui créent des famines, des catastrophes humanitaires. Pour cela, il y a besoin que les gens aillent le raconter. Par exemple, les gens ont été très choqués de la guerre des Balkans, dans les Années 1990, notamment au stade de Sarajevo qui était devenu un cimetière, alors que quelques années auparavant, il y avait eu des Jeux olympiques. C’était pas si loin de chez nous et cette actualité parlait au grand public. Il faut des images pour aller raconter la guerre. Il n’y a pas de plaisir à raconter la guerre, en revanche cela répond à un besoin d’informer. »
J'ai fait mon stage à l'armée de Terre
Le ministère des Armées est une institution de prestige. À tout juste la vingtaine, pouvoir intégrer cette entité, d’autant plus dans les services de l’armée de Terre, a été une grande évolution professionnelle. J’ai eu l’immense plaisir de pouvoir réaliser ce stage de troisième année, au sein de la section rédaction du service d’informations et de relations publiques de l’armée de Terre (SIRPAT). Au sein du cabinet de l’état-major de l’armée de Terre, j’ai œuvré pour la rédaction de Terre information magazine, média incontournable de la Défense. Durant six mois, de février à juillet, la compétente cellule de TIM m’a permis d’acquérir de l’expérience du terrain opérationnel. Une aventure journalistique aussi unique qu’atypique.
Écrire pour être lu. C’est ainsi que le poste de brèviste m’est présenté par mon tuteur, le capitaine Maxime. Durant l’intégralité de ma période de stage, de février à juillet, j’avais en charge la rubrique « tour d’horizon » du TIM. Chaque mois, ces pages traitent de l’actualité de l’armée de Terre, vu depuis ses régiments. Sous la forme de brèves, ces actualités sont ensuite réparties selon un rubriquage thématique. Un travail prenant et pointilleux qui demandait beaucoup de connaissances, notamment sur les différentes spécialités, unités et hiérarchie militaire de l’armée de Terre. Vulgariser cette information si spécifique, m’a notamment demandé de produire du contenu court, en ayant un style pêchu et accrocheur qui donne envie de poursuivre les pages du journal. J’ai notamment évolué sur l’outil de partage « INTRADEF », qui est la réseau numérique du ministère et qui me permettait de sélectionner les informations opérationnelles tout en collaborant au plus près avec les officiers communication en régiment. Une belle mission, que j’ai effectué pendant six mois, avec passion et engagement. J’ai eu la chance de couvrir une actualité riche et variée qui m’a fait progresser tout en parfaisant mes connaissances dans ce domaine.
Ce stage m’a conduit à réaliser de nombreux articles sur la vie militaire. J’ai pu alterner entre mon activité principale de brèviste et les phases de reportage sur le terrain, au contact des soldats. J’ai eu l’opportunité de pouvoir me rendre au salon du Livre à la rencontre des officiers historiens de l’armée de Terre, à la foire de Paris avec la Légion étrangère, au sein de l’École nationale des sous-officiers d’active (E.N.S.O.A) ainsi qu’au 132e BCAT pour les répétitions du 14 Juillet. J’ai même eu la chance de faire la une du numéro de mai 304 de TIM, pour mon dossier consacré à l’intervention de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris sur l’incendie de la cathédrale Notre-Dame. Ce stage de six mois, au SIRPA Terre, fut riche en rencontres et en instants solennels, qui m’ont fait grandir dans cette optique de gagner toujours plus en expérience, au sein de cette profession exaltante.
Contributions journalistiques
L’ensemble de mes travaux, réalisé durant ma période de stage dans la rédaction de Terre information magazine (février-juillet 2019) est présenté dans la liste ci-dessous. Bonne lecture à tous .
Terre information magazine n°302 – mars 2019
- Publication print TIM : CENZUB – Entraînement au combat urbain
- Publication web TIM : Adjudant Candie – Je suis une femme, mais militaire avant tout
Terre information magazine n°303 – avril 2019
- Publication print TIM : Immersion au Liban
- Publication web TIM : L’armée de Terre au salon du livre 2019
Postface
Merci à toute l’équipe du SIRPA Terre et en particulier à sa section rédaction pour son accueil bienveillant et enrichissant. Ce stage à Terre information magazine fut une agréable expérience. Il m’a permis de gagner en maturité et parfaire mes compétences rédactionnelles afin de m’épanouir pleinement dans mon futur métier.