TAKE ME (I’M YOURS), l’expo à emporter

La Monnaie de Paris accueille la réédition de l’exposition Take Me (I’m Yours), présentée par Christian Boltanski et Hans Ulrich Obrist. Ils proposent aux curieux de se servir dans les œuvres d’art exposées. Les artistes choisis avaient déjà participé à la première édition de l’exposition, à la Serpentine Gallery de Londres, en 1995.

Une curieuse odeur de rose accueille le visiteur au premier étage de la Monnaie de Paris. Elle n’émane pas des nombreuses jeunes filles venues assister à l’exposition, mais de la distillerie installée à l’entrée. Rirkrit Tiravanija prépare, en direct, de l’eau de rose, qu’il propose d’emporter en bouteille.

Il est 14h, et dans les salles de l’exposition Take Me (I’m Yours), des cris d’enfants résonnent, vacances oblige, mêlés au bruit des sacs en Kraft que les badauds agitent.

La première salle de l’exposition offre un changement d’ambiance : après l’atmosphère feutrée et délicate du palier où se trouve la distillerie, nous voilà dans une immense pièce. Christian Boltanski y a placé des vêtements que le visiteur peut piocher à sa guise. Rapidement, les spectateurs se mettent à l’aise. Après avoir attrapé un sac estampillé  Take Me (I’m Yours), ils n’hésitent pas à fouiller dans un tas de vêtement que l’artiste a récupéré et entassé. Christian Boltanski réhabilite le vêtement et l’objet trouvé en œuvres d’art.

« On va prendre des supers grandes feuilles de papiers pour faire des mégas dessins à la maison ! » dit une mère à son fils. Visiblement, les posters créés spécialement pour l’exposition par Felix Gonzalez-Torres sont devenus un objet de consommation comme les autres. Mais c’est justement le concept de l’exposition : elle questionne l’œuvre d’art et propose une réflexion sur la place de celui-ci dans nos esprits, vies et foyers.

Une exposition participative

Deux salles en particulier demandent la contribution du visiteur. Dans la première, se trouve un magasin, le Free Store (magasin gratuit, en français). Le visiteur y est amené à laisser un objet lui appartenant et à prendre, s’il le veut, quelque chose dans le magasin. Les objets laissés par les protagonistes précédents ne donnent pas vraiment envie : tickets de cinéma usagés, tickets de caisse, paquets de cigarettes vides…

Dans la salle suivante, on participe plus volontiers. Un photomaton est installé et les visiteurs font la queue pour se faire tirer le portrait. Ils sont ensuite invités à accrocher leurs clichés sur les murs de la pièce, dont les prochains curieux pourront se saisir. Ils laissent ainsi une marque d’eux dans l’exposition.

A la fin du parcours, se cache « la swappeuse ». Cette jeune femme anime une performance. Elle tente d’échanger des objets donné par des visiteurs contre tout autre chose qu’on voudrait bien lui donner. La chaîne a commencé au début de l’exposition. En ce moment, la jeune femme essaie d’échanger un livre pour enfant, avec difficulté. Mais de belles surprises peuvent intervenir : certains flâneurs ont proposé de l’immatériel : des cours d’anglais à Paris ou une promenade en Suisse. Grâce à cette performance, le don n’est pas qu’une affaire d’objet.

Le visiteur en ressort enrichi, d’objets. Mais l’exposition laisse dans son esprit une trace de féérie, portée par l’eau de rose et surtout, par une réflexion qui s’impose sur le don d’objet, et sur le don de soi.

L’exposition Take Me (I’m Yours) se tient à la Monnaie de Paris, du 16 septembre au 8 novembre. Tous les jours de 11h à 19h, le jeudi, jusqu’à 22h.

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