Financer les médias en ligne : le défi des pure players

Entre publicités, abonnements et aides de l’Etat, comment les médias en ligne parviennent-ils à se financer ?


 

En février 2015, la société Raj Média, éditrice du journal régional en ligne Marsactu, se déclarait en cessation de paiement. Ce quotidien, focalisé sur l’actualité de Marseille et de sa région, fait partie des nombreux médias pure players (entendre « tout en ligne ») qui peinent encore à trouver un modèle économique.

La plus grande partie des sources de revenus de ces nouveaux médias est la publicité. Seulement, les internautes refusent de plus en plus d’être inondés de publicité : elle dérange « beaucoup » 26%
des Français (étude d’Opinion Way pour Mozoo). Et environ 20% d’entres eux utiliseraient Adblock Plus, une application permettant de bloquer les publicité

« Il faut sortir du bandeau traditionnel, de la page de pub traditionnelle. Il faut innover, il faut être créatif ».

Pierre Boucaud, créateur du site Marsactu, évoque la nouvelle tendance à laquelle ont recourt les pure players. Pour contourner les adblockers, l’astuce trouvée par les sites est simple. Son nom : le native advertising. Le principe : intégrer un contenu publicitaire au contenu d’un site internet. Ainsi, l’internaute ne se sent plus agressé par un cette vidéo publicitaire qui refuse de s’arrêter, ou par cette fenêtre « pop-up » qui l’empêche de consulter son article. Le native advertising fait partie des nouvelles techniques adoptées, non pas seulement par les journaux en ligne, mais par tous les nouveaux médias dont le contenu se trouve en ligne.

Pour que cela fonctionne, Pierre Boucaud précautionne tout de même « un contrat de lecture » dans lequel la marque avertit bien son client que l’article est sponsorisé. Grâce au native advertising, c’est un choix qu’opère le lecteur de lire ou non l’article.

Le choix, le lecteur l’a aussi lorsqu’il s’agit de s’abonner à un journal en ligne. Seulement, face à la concurrence, les journaux n’ont d’autres choix que de faire payer leur information. Mediapart l’a prouvé, il est possible de faire vivre un journal uniquement grâce à ses lecteurs. Mais cela réduit considérablement le public visé. Pierre Boucaud, lui, souhaitait s’adresser à un public plus large : pour la presse régionale, même en ligne, il est plus difficile de faire payer les lecteurs. La solution alternative est de proposer à une clientèle très ciblée, certains articles payants. Il peut s’agir, comme pour Marsactu, d’une lettre économique Marseco destinée aux entreprises. Pierre Boucaud, grâce à Marseco, a récolté 100 abonnés à 400€ l’abonnement par an.

Face à ces difficultés, de nombreux journaux en ligne font appel à la générosité de leurs lecteurs et lancent des appels aux dons. Les journalistes de Marsactu vont relancer le journal à l’automne, grâce en partie à un appel aux dons. Ils espèrent financer le site grâce aux abonnements. Pierre Boucaud, lui, n’y croit pas.

Pour lui, il faut trouver un « diversifier ses revenus » donc trouver un équilibre entre les aides de l’état, les revenus tirés de la publicité et l’abonnement ciblé pour réussir le pari d’un journal tout en ligne.


Sources : 

  1. http://www.alternatives-economiques.fr/la-presse-en-ligne-se-cherche-encore-un-modele-economique_fr_art_630_53799.html
  2. http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/les-francais-n-aiment-pas-la-pub-sur-internet-et-ca-commence-a-poser-probleme_1628776.html