Archives de catégorie : Médias

Les sondages, en veux-tu en voilà

Trop présents ou non ? Confiance ou méfiance ? Stop ou encore ? Les sondages agitent l’opinion publique depuis des années. En pleine élection présidentielle 2017, les sondages sont de retour sur la table grâce au débat organisé par le groupe des écoles Denis Huissman en compagnie de David Pujadas et Jean-Michel Aphatie.

A l’aube de la présidentielle, l’EFJ, École Française de Journalisme, a organisé ce vendredi 21 avril, les Rencontres de l’EFJ. Au programme, rencontre entre deux vieux « friendemies », les médias et la politique. Pour ce débat, école de journalisme et de communication respectivement EFJ et EFAP, étaient présentes face à deux experts politiques : David Pujadas et Jean-Michel Aphatie. Parmi les thèmes abordés, la question des sondages a été mise à débattre : les sondages stop ou encore ?

Gros éléments de la présidentielle, les sondages font partie des sujets les plus discutés et controversés. Les étudiants de l’EFJ et de l’EFAP ont donc eu la possibilité de poser toutes leurs questions, ou du moins une partie, aux deux invités présents au New Cap Event Center dans le 16ème arrondissement de Paris.

Pour entamer le débat, David Pujadas, présentateur du JT de France 2, lance un léger pic à la profession en confiant que « les médias en font beaucoup avec les sondages ». Face à lui, Jean-Michel Aphatie, éditorialiste politique, rappelle l’utilité des sondages, outil hautement scientifique, dans les élections. En effet, les sondages se tromperaient beaucoup moins que le montre l’histoire officielle comme le démontre l’éditorialiste en citant les élections de 1981, 1988, 2007 et 2012.

De plus en plus présents à l’approche du deuxième tour de l’élection présidentielle, les sondages peuvent appeler à la méfiance. Celle-ci est formellement rejetée par Jean-Michel Aphatie, estimant qu’il s’agit d’une « erreur ». En effet, émettre un doute face aux sondages signifierait douter de ce que le progrès peut nous offrir.

Quant à la possibilité des sondages d’influencer les votes voire même, de participer à la radicalisation, les deux experts politiques rappellent que les motivations du vote sont multiples mais également que la banalisation du Front National est réelle, compréhensive. Les sondages sont un outil d’information pour les politiques qui cherchent à prendre la température de l’opinion publique. Mais ce sont également un outil pour les journalistes afin de comprendre les grandes dynamiques. Pour exemple, Jean-Michel Aphatie, a utilisé Jean Luc Mélenchon, l’homme politique nourrit l’actualité et la presse est admirative de « l’artiste ».

Cependant, évoque David Pujadas, il faut relativiser « un sondage n’est pas une prévision du vote mais une photographie de l’opinion publique à un instant précis ». Enfin, Jean-Michel Aphatie conclue le débat sur une comparaison quelque peu incongrue, des sondages à une échographie « On peut imaginer une présidentielle sans sondages tout comme on peut imaginer une grossesse sans échographies, mais c’est inutile ». Les sondages semblent donc bel et bien ancrés dans l’ADN des présidentielles. Ils font partie du jeu.

Révolution numérique : activée

Comment réussir sa transition vers le numérique ? Cette question est dans toutes les têtes, dans tous les médias. Réalité virtuelle, vidéo 360, médias expérientiels, que promet 2017 pour les journalistes ?

« Le numérique implique la nécessité de redéfinir, reformater et itérer ce qui est produit».  C’est là tout le défi pour les médias et les journalistes de 2017. En effet, le métier est en pleine mutation et son écosystème est bouleversé. Aujourd’hui, ce n’est plus la radio qui annonce, la télévision qui montre et la presse qui explique. Dorénavant, la notification push annonce, les réseaux sociaux montrent et la vidéo explique.

Malgré tous ces bouleversements, le journaliste doit toujours enquêter, vérifier, hiérarchiser et expliquer. Cependant, il doit le faire avec l’apparition de nouvelles contraintes.

Tout d’abord, les acteurs traditionnels ont perdu la main. Le contenu est maintenant disponible à tous moments, sur tous les écrans avec la fonction replay ou en streaming. Le public peut maintenant accéder à toutes sortes d’information et devenir lui-même, un média émettant de l’information et du contenu.

Ensuite, les médias déjà installés doivent apprendre à cohabiter avec leurs « frienemies ». Apparus il y a peu, ces concurrents directs ne peuvent être ignorés.  Au contraire, il est fondamental pour les médias d’être capable de s’adapter à leurs nouveaux contenus.        Google ou Facebook par exemple attirent désormais de nombreux jeunes, une cible majeure. De plus, de nouvelles plateformes voient le jour : médias expérientiels, vidéo 360, réalité virtuelle… Face à tous ces bouleversements, tout le challenge pour les médias est de sortir la tête de ce flot incessant d’informations pour se réinventer et innover.

Tout cela, le New York Times l’a bien compris. Le titre de presse américain installé depuis des années n’a qu’une idée en tête depuis le début de la révolution numérique : trouver un modèle pérenne tout en maintenant un journalisme de qualité.

Ainsi, le New York Times favorise désormais son lecteur, l’expérience utilisateur primant désormais sur le contenu, et non plus l’annonceur. Le quotidien new-yorkais mise alors sur de nouveaux contenus avec une mise en scène de l’information comprenant photos et vidéos mais également de nouveaux moyens de storytelling (newsletters, alertes…).

Pour mettre en place toutes ces nouvelles pratiques le New York Times et beaucoup d’autres grands médias, se centrent sur la formation de leurs employés au « digitally-native journalism » et recrutent en masse des journalistes déjà experts dans le domaine du numérique.

On l’aura bien compris, le numérique transforme aussi bien les entreprises de médias avec l’apparition de nouveaux rôles mais également la société à une cadence folle. Le journalisme en 2017 promet d’être l’ère d’un « nouveau journalisme ».

 

 

Pas facile la vie d’entrepreneurs de presse !

Créer son propre média est une bien belle aventure qui peut parfois réserver quelques surprises. Avantages, déconvenues, enseignements, mythe de la gratuité ou encore importance du commercial, trois créateurs de pureplayers nous ont livré leur expérience.

Du 23 au 24 novembre se tient à Paris le Salon de la Presse du Futur. Chaque année, de nombreux professionnels du milieu de la presse viennent à ce salon pour se rencontrer, découvrir les innovations dans leur milieu et surtout échanger. Ces deux jours laissent ainsi place à un défilé  de conférences.

Parmi elles, la conférence du SPIIL, le Syndicat de Presse Indépendante d’Information en Ligne,  animée par son directeur Jean-Christophe Boulanger autour du parcours d’entrepreneurs de presse de Pure-Players (médias tout en ligne). La problématique est simple : pourquoi dans un contexte de crise, aurait-on encore envie de créer de nouveaux médias ?                                                                                                                                                                         La réponse donnée par le SPIIL est unanime : on assiste à une véritable révolution de la presse avec le numérique, ce qui en fait un secteur en devenir. Ainsi, tout se réinvente.

Cependant, de nombreux pièges peuvent faire surface dans la création d’un média : mauvais entourage, manque de compétences dans la technologie etc. « Pour peser, il faut se soigner, c’est-à-dire se former » déclarait à ce sujet Jacques Trentesaux, co-fondateur de Médiascités, un pureplayer qui se lance le 1er décembre prochain.

Les journalistes doivent « ouvrir leurs œillères » à d’autres domaines qui ne sont pas les leurs (finance, commerce, management, marketing…). Toutes ces composantes sont impératives pour pouvoir créer un média qui fonctionne.

Nombreux sont ceux qui y tombent la tête la première. C’est ce que nous livre Augustin Naelpels, journaliste au pureplayer Les Jours. En effet, à son lancement, Les Jours a commis une erreur fatale : celle de négliger l’importance de la distribution. En effet, le marketing est un point crucial pour pouvoir développer sa notoriété « Ce n’est pas parce qu’on est numérique que tout le monde peut nous trouver, ni même qu’on a un site web que tout le monde va venir ». Dès lors, la nomination d’une équipe pour ce domaine spécifique semblait plus que nécessaire pour la santé du pureplayer.

En parallèle durant cette conférence, certains sujets autres que l’entreprenariat ont été abordés. Parmi eux « le mythe de la gratuité » notamment développé par Jean-Christophe Boulanger et Jacques Trentesaux. Aujourd’hui « la qualité des articles ne suffit pas » déclarait ce dernier. Il faut proposer d’autres contenus, de la nouveauté. « Il faut se rapprocher du public » pour ainsi recréer ce lien de confiance qui liait autrefois entre la presse et le public, aujourd’hui rompu.

On l’aura bien compris, le journalisme se doit d’être réinventé. Il faut revenir aux fondamentaux du métier tout en laissant place à la créativité, et surtout détenir un bon modèle économique et éditorial en ne négligeant pas la place du management et d’autres secteurs techniques. Pour cela, le SPIIL se donne une mission : fortement soutenir ceux qui donnent un nouveau souffle à cette presse en renouveau.