Coup de foudre à Montmartre (portrait)

C’est l’histoire d’une rencontre, d’une évidence. La peinture et lui. Véritable coup de foudre qui dure depuis maintenant plus de 60 ans. Seulement cette histoire d’amour fusionnelle n’a pas toujours été si simple. Retour sur ce peintre mystérieux, Astolfo Zingaro.

Nombreux sont ceux qui les observent. Certains du coin de l’œil tout en passant leur chemin, d’autres les contemplent, assistant là, bouche bé,  à la naissance de l’œuvre. Les peintres de la Butte Montmartre attirent, fascinent. Ces hommes perchés non loin du Sacré Cœur, assis sur leurs chaises pliantes en pantalons de toile, chemises blanches et vestes en tweed ont été une véritable source d’inspiration pour Astolfo Zingaro. Dans son atelier, entre gouaches et vieux pinceaux usés par son majestueux coup de main,  cet italien d’origine et français de cœur, nous raconte avec une simplicité déconcertante comment l’évidence s’est un beau jour présentée à lui « j’ai essayé un petit matin et puis, j’ai su que c’était ça. Voilà comment ça a commencé».

Mais ne vous y fiez pas. Tout n’a pas toujours été si simple pour cet autodidacte de la peinture. Installé à Montmartre depuis toujours, Zingaro a du se confronter à la difficulté du métier d’artiste. Il fallait  « tenir le coup » nous livre t-il, la gorge nouée, les yeux vers le ciel, probablement en repensant à tous ses sacrifices. Pourtant, il ne baisse pas les bras face à « cette putain de sensibilité qui nous caractérise ». Zingaro est passionné et ça se sent. Pour perfectionner sa peinture, il observe, s’inspire de certains courants.  Ainsi, parmi ces grands noms  de la peinture italienne tels que Giotto, Piero della Francesca et bien d’autres encore, Astolfo Zingaro a su se frayer son propre chemin.

Et bien plus que ça. Zingaro ne s’arrête plus, il peint, encore et toujours. Des heures entières passées dans cet antre de la peinture à essayer d’arriver à son but ultime : une toile monochrome. Cette peinture composée de manière égale par une couleur uniforme. Car oui, l’art contemporain, c’est son dada. Zingaro a plongé dedans il y a plus de soixante ans et n’y est plus jamais ressorti.

Mais ce qui fait l’originalité de Zingaro, c’est la vision de son art. En effet, sa démarche de peinture est singulière. Zingaro en est convaincu : on n’apprend pas la peinture dans les livres « l’art contemporain c’est complètement l’aventure parce que c’est la toile qui nous conduit. Ce n’est pas nous qui dirigeons. A partir du moment où on veut diriger, on se plante, on devient crispé ». C’est là que tout devient intéressant. Lorsqu’il peint, Zingaro n’est plus maître de lui-même mais au contraire, devient le sujet de sa toile. Elle le conduit et l’emmène vers un ailleurs totalement inconnu.

Son art, Zingaro l’a transmis. Dans les débuts des années 1980, il pratique le modèle vivant dans de nombreuses salles de classes. Pour ses étudiants, Zingaro apporte de la nouveauté. Il amène  au devant de la scène ce que ces jeunes peintres eh herbe ne connaissent pas. C’est ce qui a fortement marqué certains d’entre eux.  Mais est-il réellement compris ? Il n’en est pas sur.

Une chose est certaine, Zingaro est l’emblème d’un nouveau courant. Celui qui se définit comme « extérieurement abstrait » et non « dans l’abstrait » entend bien se laisser mener par le bout de son pinceau jusqu’à ce que la mort les sépare.