La dissection de la barbarie

Barbares : le retour n’est pas qu’une énième sonnette d’alarme tentant de nous avertir, nous pauvres Occidentaux, du danger du phénomène Daesh, loin de là.

Non, c’est beaucoup plus que cela, c’est un retour aux sources, à l’origine de la définition, ou DES définitions du mot « barbare », que nous propose Vincent Aucante dans son ouvrage.
10 ans, c’est le temps qu’il aura fallu à cet ancien directeur culturel du Collège des Bernardins pour écrire son livre. Il ne s’agit pas d’un roman mais d’une courte « encyclopédie » sur un sujet d’actualité, tandis que la France fut encore endeuillée à deux reprises cet été, le soir du 14 juillet avec un « fou » chargeant la foule assemblée pour assister au feu d’artifice, au volant d’un camion, et le 26 juillet avec le meurtre du Père Hamel. Ce sujet, c’est la barbarie.

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Comment définir un barbare ?

C’est un des défis de ce livre, et de son auteur. Dans l’imaginaire collectif, le barbare, c’est celui qui affronte la civilisation et cherche à la mettre à bas au moyen de la violence. Notre histoire regorge d’exemple, allant du sac de Rome de 410, « supervisé » par Alaric 1er au régime nazi d’Adolf Hitler. Toujours dans l’imaginaire collectif, le barbare, c’est le primitif, celui qui, par manque d’éducation ou d’intelligence, va s’attaquer violemment à ce qu’il ne comprend pas.

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Pourtant, le barbare, ce n’est pas que cela. Le barbare était, au départ, celui qui était étranger à la civilisation grecque, sans pour autant montrer une quelconque hostilité envers cette dernière. Puis, au fil du temps, et des civilisations, les Grecs, et les Romains, se sont rendus compte qu’aux yeux d’autres civilisations, ils n’étaient que des barbares, puisqu’ils étaient extérieurs à ces mêmes civilisations.

Au fil des époques, différents peuples et civilisations se sont vues attribuer le sobriquet de « barbares », en fonction de la sensibilité du ou des pays les attribuant vis-à-vis de leurs « cibles », mais aussi des différences de cultures entre les différents protagonistes.

« La culture barbare ? Je ne savais même pas qu’il y en avait une… »

Oui, c’est sûrement ce que vous vous dites actuellement. Et pourtant… Oubliez Conan, oubliez le Barbare de Naheulbeuk ou de Diablo, car le vulgus pecus du barbare ne ressemble pas (trop) à une brute épaisse qui ne pense qu’avec ses muscles (le cerveau est un muscle, mais il est difficile de se servir de ce dernier pour tenir une lance et frapper son ennemi avec).

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Représentation moyenne du barbare en pleine réflexion

Les Mayas, par exemple, bien que considérés comme « barbares » par les conquistadors, ont eu une riche culture, principalement orale. De plus, une grande partie des civilisations dites « barbares » étaient à la « pointe du progrès », pour l’époque, notamment en matière de féminisme : les femmes guerrières, telles que les légendaires Amazones, voire les reines comme Boadicea, étaient en réalité nombreuses, et les femmes avaient un pied d’égalité avec les hommes… Quand elles n’étaient pas esclaves, s’entend.

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La barbarie de la culture

De plus, outre le barbare en terme de peuple, d’individus, ce livre a le mérite de nous parler des fort nombreux exemples où les civilisations (au sens où on l’entend, c’est à dire « des peuples évolués, démocratiques, etc…) ont cédé au chant des sirènes, et où les Etats ou les individus auront choisi de laisser la barbarie dicter leurs actes et leurs choix.

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Mais là où nous nous contenterions simplement d’observer à la loupe le nazisme ou le communisme tel qu’il fut mis en oeuvre en Chine et en URSS, Vincent Aucante nous fait voir d’autres mouvements du même acabit, parfois passés sous silence. La Révolution Française et le génocide vendéen (parfois relaté comme « des escarmouches contre des rebelles/des brigands vendéens » dans les cours d’Histoire…), le génocide rwandais, les révoltes juives du IIème siècle ou bien l’exploitation des « sous-hommes » par le biais de la prostitution, de la colonisation ou de l’esclavage, tout cela est minutieusement analysé, tout en donnant un résumé succinct des événements.

Quid de l’actualité ?

Une question que l’on peut se poser… Mais c’est en analysant tous les éléments exposés dans cet ouvrage que l’on peut comprendre cette nouvelle barbarie qu’est le terrorisme islamiste, en partant de ses origines, avec la vision pervertie de l’Islam qu’ont imposé de nombreux pays du Golfe qu’est le salafisme, aux différents moyens de résistances à notre disposition.

Le ton général du livre risque de heurter certains lecteurs ou lectrices, par sa brutalité et l’honnêteté de l’auteur à appeler un chat, un chat. Israël, le catholicisme, les Bédouins, tout le monde y passe, et c’est sans fard que ce livre, aisé à lire, se découvre à nous.

Barbares : le retour, écrit par Vincent Aucante et édité chez Desclée de Brouwer, 18€90 sur la Fnac.

Antoine Barré

2 réflexions sur « La dissection de la barbarie »

  1. Howdy just wanted to give you a quick heads up. The text in your content seem to be running
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    The design and style look great though! Hope you get the problem solved soon. Many thanks http://bing.org

  2. Well, I don’t know I’m using Chrome too, but I don’t have any problem like that. I’ll do some tests on my own to check if there is the same problem on some other computers.

    Whatever, thanks to you for the warning, I’ll take care of that.
    Many thanks !

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