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Berserk and the Band of the Hawk : un jeu pour les fans

La société Koei est connue pour la série de jeux vidéo Dynasty Warriors, et pour ses nombreuses déclinaisons d’animes et de mangas sur le même principe. Après la désastreuse adaptation de Berserk en anime, sortie durant l’été 2016, on pouvait avoir quelques appréhensions vis-à-vis de la déclinaison du manga en jeu vidéo. Mes impressions…

[Attention, cet article contient des spoilers concernant la chronologie de Berserk]

Berserk and the Band of the Hawk est la troisième adaptation vidéoludique du célèbre manga de Kentaro Miura. Le premier, Sword of the Berserk: Guts’ Rage est sorti en 1999 sur Dreamcast, tandis que le second, Berserk: Millennium Falcon Hen Seima Senki no Shō, est sorti sur Playstation 2 en 2004. A noter que ces deux jeux n’ont été commercialisés qu’au Japon.

Berserk ? Qu’est-ce ?

Berserk est un manga de type dark fantasy, créé par Kentaro Miura et publié pour la première fois en 1989 dans le magazine Young Animals. On compte actuellement 38 volumes (juin 2016), et l’histoire est divisée en deux parties : Golden Age et The Black Swordman. Il y eut un premier anime en 1997, d’une durée de 25 épisodes, et dont la chronologie s’étend du premier volume jusqu’à l’Eclipse. Entre 2012 et 2013, trois OAV sortirent, couvrant uniquement la partie Golden Age. Enfin, durant l’été 2016, un nouvel anime fut diffusé, mais essuya quelques critiques, notamment vis-à-vis de son style graphique et de sa bande sonore.

Berserk est connu pour sa foison de détail, ainsi que pour son ambiance sombre, aux passages particulièrement gores, voire dérangeant et malsain. Viols, massacres, meurtres, scènes de tortures et actes de violences gratuites sont même monnaie courante, à vrai dire.

Tout au long de l’histoire, on suit les aventures d’une armée de mercenaires, la Bande du Faucon, et plus particulièrement celle de Guts, un combattant violent ne craignant rien, ne reculant devant aucun défi. A ses côtés, on peut compter notamment Casca, capitaine mais aussi seule présence féminine dans cette bande de spadassins. Femme forte, elle sait maîtriser ses troupes, qui lui vouent un grand respect. Enfin vient Griffith, le capitaine de la Bande du Faucon, bretteur charismatique à la chance insolente et à l’ambition dévorante.

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Casca, Guts et Griffith

La troupe armée passe du statut, peu glorieux, de mercenaires, à celui de troupes royales, en première ligne lors des batailles. Elle se distinguera à de nombreuses reprises, jusqu’au départ de Guts. Ce fut le début de la chute de la Bande du Faucon : Griffith, désemparé, force la princesse Charlotte, héritière du trône, et se fait torturer et jeter en prison pour cet acte. Casca demande l’aide de Guts pour faire évader leur capitaine.

Poursuivis par des assassins et des mercenaires envoyés par le roi, ils combattent inlassablement jusqu’à ce que Griffith, brisé dans sa chair et son esprit par sa captivité, décide de sacrifier la Bande du Faucon, ascendant ainsi son être jusqu’à devenir Femto, le Dieu de l’Envie, héraut des God Hands sur Terre. La scène de l’Eclipse est l’une des plus connues de la chronologie de Berserk, et à ce sacrifice, seuls survivent Guts, maintenant amputé du bras gauche et borgne, ainsi que Casca, qui a malheureusement perdu la raison et est devenue une femme-enfant suite à cet évènement traumatisant et son viol par Femto.

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L’Eclipse de Berserk

La « seconde partie » de Berserk se concentre sur les efforts de Guts pour venger ses compagnons d’armes sacrifiés par son ancien ami, et chercher un remède à la folie de Casca.

A partir de ce scénario, pouvait-on aisément faire une adaptation vidéoludique ? Oui, bien entendu.

Koei et le beat them all

Une des principales franchises de Koei est Dynasty Warriors, une série de beat them all centré autour de l’Histoire des Trois Royaumes, un roman historique chinois, et les batailles représentées dans le jeu reprennent les batailles historiques de l’époque des Trois Royaumes (220-280 ap. J.C.). On dirige un personnage à la troisième personne, et on le fait progresser sur le champ de bataille à travers des hordes d’ennemis. On compte actuellement près de 27 opus pour la licence principale, ainsi que 21 jeux dérivés, dont Hyrule Warriors (2014) et la saga One Piece Pirate Warriors, ainsi que quelques adaptations de batailles historiques, telles que la Guerre de Troie (Warriors: Legend of Troy) ou la Guerre de Cent Ans (Bladestorm: La guerre de Cent ans).

Autant dire qu’avec ce passif, la Koei a largement fait ses preuves dans le monde du beat them all, au point que l’on a tendance à généraliser les différentes créations de Koei et de ses filiales autour de ce principe sous le nom de Musou (Sans Égal).

Quels que soient les opus, ils tournent généralement autour des mêmes mécanismes de jeu : un personnage contrôlé par le joueur, capable d’enchaîner plusieurs combos, en alternant les frappes « fortes » et les frappes « légères », avance à travers les bataillons ennemis et capture les forts et les camps adverses, avant d’affronter un ennemi plus puissant que les autres, faisant figure de boss.

Quid de l’adaptation ?

L’adaptation est bonne, voire très bonne. Les graphismes sont beaux et respectent l’univers original du manga. L’hémoglobine, bien entendu, est fort présente, au point d’envahir pratiquement littéralement l’écran. Chacun des personnages a son propre style de combat, et il est donc nécessaire de s’adapter à chacun de ces arts martiaux différents pour affronter l’ennemi.

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Bazuso face à Guts

Il y a en tout trois modes de jeu différents : le mode Histoire, le mode Libre, qui permet de refaire le mode histoire avec des personnages différents et enfin le mode Abysses Sans Fin. Ce dernier est un mode de jeu hardcore s’étalant sur près de 100 niveaux (on débloque les niveaux au fur et à mesure de notre avancée dans le mode Histoire) dans lequel on contrôle un personnage (n’importe lequel) à travers des hordes d’ennemis, agrémenté de quelques boss. Par ailleurs, le terme de « mode hardcore » est légitime : on doit progresser à travers les niveaux sans autres objets de soin que ceux que l’on possède de base… Quand on pense à en prendre. Tout les 5 niveaux, on atteint un « campement », dans lequel on choisit un « Désir », permettant de continuer à progresser à travers les niveaux. Toutefois, si l’on quitte le mode, tout est réinitialisé.

Quant à la musique, cette dernière est bonne, voire totalement en accord avec l’univers. Ce qui est agréable à l’oreille, quand on se rappelle que plusieurs autres adaptations, comme les One Piece ou Hyrule Warriors, ont des pistes sonores souvent remixées avec des éléments de rock ou d’électro. Certes, cela peut être considéré comme une bonne évolution, d’autant que certains thèmes musicaux sont en accord vis-à-vis de l’action en cours. Toutefois, nous parlons ici de Berserk. L’anime de 1997 possédait certes une bande sonore au style techno-punk (Susumu Hirasawa, le compositeur, étant le créateur de ce genre musical), mais cela collait à l’action et à l’atmosphère, à l’instant présent.

De plus, la bande sonore des OAV a apporté une dimension plus orchestrale à l’univers, mêlant le mélancolique et le tragique à l’épique.

Les pistes sonores de Berserk and the Band of the Hawk sont assez proches de celles des OAV, ne gâchant en rien le rythme du jeu, bien au contraire. L’ambiance peut même finir par être oppressante, notamment quand on est dans le mode Abysse Sans Fin.

Enfin, dernier point à faire remarquer : une partie des cinématiques provient de la trilogie d’animation Golden Age, qui est en soi un régal en matière d’animations (en grande partie provenant d’images de synthèses obtenues par des captures de mouvements).

L’avis du Tatu

J’aime beaucoup le jeu. L’anime de 2016 m’avait beaucoup déçu, en partie à cause de son style graphique, et en particulier à cause de la musique. J’irais même jusqu’à dire que certaines musiques, déjà présentes dans les OAVs, furent littéralement désacralisées par leur remixage avec du metal (je pense notamment à Blood & Guts). J’avoue ne guère avoir suivi le développement du jeu, mais le peu d’images qui avaient fuité/été dévoilées étaient toutefois fort alléchantes. C’est durant le mois de janvier 2017 qu’il m’a finalement séduit, tandis que je regardais une vidéo présentant les différents personnages qui seraient intégrés au jeu, et donc seraient potentiellement jouables.

Pour diverses raisons, l’affichage n’est pas optimal sur mon ordinateur, mais je salue le travail de qualité effectué par les graphistes : le sang est littéralement omniprésent durant les combats et nos personnages donnent rapidement l’impression de sortir de l’abattoir. Les contrôles et le système de leveling sont agréable et aisés à prendre en main, les paysages sont biens rendus et l’on est rapidement plongés dans l’ambiance du jeu.

L’univers du manga est bien rendu et l’on sent la volonté des développeurs de faire un jeu pour les fans inconditionnels du manga, plutôt que de faire un simple jeu pour le pognon. Et… Comment dire ? Cela fait plaisir. Le travail des doubleurs n’est pas en reste et renforce l’impression de participer à l’aventure, plutôt que de jouer à une adaptation vidéoludique.

Je lui met la note de 18/20, pour mon petit cœur de fan battant fort dans sa poitrine. Et la horde d’ennemis charcutés que j’ai laissé derrière moi, baignant dans des litres d’hémoglobines.

Il est pour vous si :
– Vous avez dévoré Berserk et Goblin Slayer
– Vous aimez la licence Dynasty Warriors
– Vous souhaitez traverser le Midland en agitant la Dragonslayer et en massacrant des Apôtres

Il n’est pas pour vous si :
– Selon vous, « Griffith did nothing wrong »
– Vous avez enlevé le sang et les jurons sur Brütal Legend
– Pour vous, « l’Épéiste Noir » est le surnom de Kirito

Berserk and the Band of the Hawk, 59,99€ sur Steam

Antoine Barré