Edito : Le sexisme, ce fléau

« Hey, mad’moizelle, sérieux, t’es trop bonne ! T’as un peu de temps devant toi ? »

Même, ou surtout, en tant qu’homme, je suis choqué d’apprendre que ce genre de phrase est toujours d’actualité, et que certaines personnes supposent qu’il s’agit là d’une méthode légitime de drague. Enfin… « Drague » est une expression qui, aujourd’hui, est négativement connotée. Surtout que, pour quelqu’un qui aime l’étymologie et jouer avec les mots, je ne peux m’empêcher de penser au concept de draguer le fond des océans à l’aide d’un large filet pour capturer un maximum de poissons, ce qui n’est guère flatteur pour la gent féminine que de faire une analogie aussi vulgaire entre elle et le thon… Je préfère parler de «courtoisie», de «galanterie», quand bien même les plus pusillanimes des féministes cherchent à nous retirer ce vernis d’éducation à la française.

En même temps, l’on m’a toujours apprit à me montrer courtois avec les femmes, à ne pas leur parler ou me comporter avec elle comme le dernier des porcs. Des années d’acharnement de la part de mes parents, de ma famille et même de mes amis pour faire de moi le pur joyau de gentillesse et de raffinement gentilhomme tatou philosophe et cynique qui vous parle actuellement. Et tous ces efforts réduits à néants en un rien de temps, par quelques abrutis dont le métier est étai, si j’en crois la façon extrêmement professionnelle dont ils soutiennent les murs en s’appuyant dessus.

Je trouve cela choquant. Et, quand j’en entends certains qui fantasment à demi en disant «Elle m’a souri/Elle m’a regardé, elle est donc folle de moi/elle veut me baiser.», j’allume un cierge devant un autel darwiniste, en espérant que la sélection naturelle agisse et empêche ce genre de personnes de se reproduire. De préférence grâce à un accident aussi spectaculaire que violent et stupide.

Il semble si difficile, de nos jours, de respecter les femmes. Après tout, du point de vue des ahuris bavant devant tout ce qui ressemble de près ou de loin à un poteau coiffé d’une perruque blonde sur lequel on a cloué deux ballons de foots, une femme n’osera jamais répondre aux provocations. Au lieu de cela, elles préféreront sans doute baisser la tête et tricoter des deux jambes à une vitesse supra-luminique, pour fuir au plus vite les étais ayant lancé leurs imprécations.

C’est triste, car c’est une preuve que, quelque part, l’éducation masculine a eu des ratés, à un moment ou à un autre, au point de retirer aux hommes leurs seules armes légitimes face à la gent féminine : le charme à la française, la galanterie (la vraie, et pas celle qui consiste à ouvrir la porte pour elles), la courtoisie à l’ancienne, celle qui consiste à venir chez elle avec un bouquet de fleur et une boite de chocolat pour une autre raison que la St-Valentin…
Et les féministes post-2010 ont, d’une certaine façon, contribuée à cette perte…

Mais, n’occultons pas pour autant l’autre pendant du sexisme, le sexisme contre les hommes. Il est en effet admit que, sur les réseaux sociaux, un homme commentant une photo de femme avec un « C’est un avion de chasse ! » est irrespectueux de la dignité de la personne, la rabaissant au rang de femme-objet, simple réceptacle des convoitises et des désirs…

Mais une femme commentant une photo d’homme avec « Je me ferais bien cuire un steak sur ces abdos… » (Ou toute autre remarque du même acabit) reste toute aussi impoli et irrespectueux.

Malheureusement, pour les hommes comme pour les femmes, la constante exposition à la sur-sexualisation, notamment par le biais de la publicité, ou des clips musicaux, n’aide pas à réduire ce fléau de société.