[Edito] Vers une nouvelle crise des médias.

[Attention, ceci est un édito. En tant que tel, il reflète uniquement mon propre point de vue et pas nécessairement ceux des autres propriétaires des blogs hébergés sur efj.press. De plus, le langage cru est usité dans cet édito à dessein. Si vous êtes en désaccord avec ce qui est écrit dedans, vous pouvez l’indiquer en commentaire, ou bien me contacter via l’onglet A propos. Je vous souhaite une excellente lecture.]

Les futurs cours d’histoire des médias ne pourront parler de 2016 sans faire d’encart sur la nouvelle crise des médias qui eu lieu cette année-là. Cette crise, quelle fut-elle ? A quoi fut-elle due ? Pourquoi n’ont-ils rien vu venir ? Autant de questions sur lesquelles, du haut de mes 24 ans, je me suis penché, et dont je vous livre les réflexions.
Rappelez-vous de ceci : je ne suis qu’un étudiant en journalisme, qui eut son Bac sur un coup de chance (ou un malentendu, au choix). En aucun cas je suis un expert des médias, ou un politologue, loin de là.

Cette année, deux faits se sont produits : la montée du populisme, montée qui était jusque-là larvée, contenue en partie par les médias, et une défiance du peuple vis-à-vis de ces mêmes médias. Et ces deux faits sont liés.
En effet, on attend de la part des médias, de prime abord, à ce qu’ils nous informent, et quand ils nous donnent une « opinion X », qu’ils puissent la contrebalancer avec une « opinion Y ». En aucun cas on espère d’eux qu’ils nous livrent leur propre « opinion X » tout en rabaissant « l’opinion Y ». Nous (médias & journalistes) ne sommes pas des concierges, ou bien nous nous sommes trompés de métiers. Cet espoir fut déçu.

Malheureusement, en agissant comme ils l’ont fait, de (trop) nombreux médias se sont aliénés une partie de la population, favorisant ainsi indirectement la montée du populisme. En effet, les tenants de « l’opinion Y » finissent par se lasser de se voir être rabaisser et traités comme des « moins que rien » par ceux qui, de par leurs positions sociales ou leur importance politique, culturelle ou médiatique, sont appelés « élites ».
Et c’est de là d’où vient le populisme, en fin de compte. C’est une réaction d’une partie de la population face à ce mépris des élites souvent auto-proclamées.

Mais d’où vient le terme de « populisme » ?
Il serait apparu, en français, en 1912, et est dérivé du terme « populiste », défini par le Larousse mensuel illustré comme étant « un membre de parti prônant des thèses de type socialiste [En Russie] ». Ironiquement, de nos jours, il s’agit d’un terme plus que péjoratif, désignant une idéologie s’intéressant plus aux intérêts du peuple qu’à ceux de l’élite en place. Le peuple va se chercher une figure et un parti capable, à ses yeux, de le représenter, tout en adhérant à ses intérêts. Il s’agit-là d’une définition assez courte, j’en conviens. Mais le but de mon édito n’est pas de traiter du populisme. Mon but est de traiter de cette nouvelle crise des médias, même si cette dernière est liée au populisme.

Le Brexit : les médias français (et européens) nous annoncent la fin du monde, les dix plaies d’Egypte et la mort de l’Europe, qui était déjà bien cadavérique avant ces événements, si jamais le peuple Britannique décidait de prendre ses cliques et ses claques et de faire sécession de l’Union Européenne (quand bien même le Royaume-Uni n’était pratiquement pas contraint par les décisions de Bruxelles).

Ce fut une campagne médiatique lourde à digérer, avec en « point d’orgue » une politique-fiction rédigée par Les Echos (PS : Rédemption est aussi une fiction anachronique, et est plus agréable à lire) montrant un Royaume-Uni pratiquement exsangue et ne tenant que par la volonté du Saint-Esprit et des experts (notamment financiers et politiques) européens. Et je ne parle pas d’interviews d’expatriés français des plus larmoyantes, tandis qu’ils confiaient volontiers aux journalistes leur crainte d’être expulsés du Royaume-Uni.

Le résultat fut, à mon sens, des plus fascinants : le peuple Britannique, l’espace d’une journée, décida de prendre part à sa vie politique, à donner son avis. Et l’avis est édifiant : Brexit. On traita, comme d’ordinaire, les pro-Brexit de « bande de cons », « d’ignorants incultes lessivés au Sun », etc… Les médias, bien entendu, le laissait sous-entendre, n’ayant pas l’audace de dire le fond de leur pensée.

Et puis, on a eut le second séisme politique de cette année 2016. La présidentielle américaine. Pour les chanceux qui sortent tout juste d’hibernation, elle opposait notamment Hillary Clinton, des Démocrates, à Donald Trump, des Républicains.

Concrètement, cette campagne fut basée sur du « Votez pour moi, je suis une femme ! Ne votez pas pour lui, c’est un raciste misogyne ! Je suis soutenue par Obama, par le casting d’Avengers et j’en passe, votez pour moi, vous allez m’adorer ! » du côté d’Hillary Clinton.

Quant à Donald Trump, son discours fut plus axé sur : « Mon nom est Donald JoJo Trump, ceci est mon Stand :「Peace Frog」et sa capacité de Stand est [Build Wall] ! Votez pour moi et les Mexicains ne reviendront plus ! Make ‘Murica Great Again ! »

Vous vous en doutez bien, les médias avaient d’ores et déjà choisi leur dauphine. La campagne médiatique entourant la présidentielle américaine fut littéralement à gerber. Et je ne plaisante pas. C’était indigeste, j’avais l’impression que si par malheur Trump écrasait une mouche, on allait avoir une douzaine d’articles de presses le dénonçant comme l’un des pires tortionnaires ayant existé, déclaration de la PETA à l’appui.

A en lire les journaux français, comme le Courrier International, Le Monde, Le Point, L’Express et j’en passe, élire Trump, c’était élire la fusion incestueuse et morbide d’Hitler, Pierre le Grand et Vlad III Tepes Basarab.
Pour bien expliquer à quel point les idées de Donald Trump étaient rétrogrades, moyenâgeuses et surtout dangereuses pour le monde, on a même eu droit à un reportage sobrement intitulé « Bienvenu à Trumpland », dans lequel deux journalistes sillonnaient les Etats-Unis afin de rencontrer les soutiens de Trump. Ces derniers étaient tous dépeints comme les plus typiques des rednecks, incultes et racistes au possible.

Et pourtant, qui a gagné, contre toute attente ? Donald Trump. Ce faisant, il eut l’occasion de faire un magnifique doigt d’honneur aux médias américains (français, etc…) qui prédisaient sa chute inévitable :

Et depuis, on assiste à un vent de panique se répandant parmi les médias « pro-Clinton » (entendons par-là 90% des médias mondiaux). A l’instar de bien des personnes, ils se sont réveillés le mercredi 9 novembre 2016 en se rendant compte que le monde auquel ils étaient habitués avait changé. Les codes auxquels ils étaient attachés étaient durablement bouleversés. Contre toute attente, Trump avait été élu, lui qui avait été traité de « populiste » par ses détracteurs. Malgré les attaques, il avait tenu le coup jusqu’au bout, et le peuple américain, se détournant des consignes littérales de vote qui avaient été faites, l’avait choisi.

L’après-campagne est toute aussi à gerber. A croire que tout doit être fait pour que Trump soit déconsidéré. Pourtant, le peuple l’a choisi car il en avait assez d’être prit pour un con. Pour un bouseux. Pour un ignorant.

Les médias, timidement, expliquent qu’ils n’ont pas su prévoir ce retournement de situation, obnubilés qu’ils étaient par la mère Clinton. Ils ont tout bonnement et littéralement craché leur venin sur l’adversaire de cette dernière, insultant par la même occasion une partie des américains.

A présent, les médias annoncent qu’ils doivent « tirer des leçons de la victoire de Trump », « admettre qu’ils sont capables de se tromper », « se remettre en question ».

Et vous savez quoi ?

Ils ne le feront pas.

Vous savez pourquoi ?

Parce que quand on veut faire de l’introspection, on le fait dans son coin, en silence, afin de surprendre son entourage par les changements soudains qui s’opère.
Quand on le clame haut et fort, on ne peut que décevoir les attentes de chacun, qui grogneront en voyant que rien ne change. Ils se sont totalement fourvoyés mais ne peuvent admettre de voir la réalité en face, de comprendre qu’ils s’étaient sciemment enfermés dans une bulle en supposant qu’étant les Grands Dispenseurs d’Opinion et d’Information, ils avaient avec eux la Raison et la Vérité Inaliénable envers et contre tout. De fait, ils supposaient que ce qu’ils disaient étaient paroles d’évangiles.

Et pourtant, il suffit de lire les commentaires sur les publications des réseaux sociaux pour se rendre compte que ce n’était pas le cas. On était exaspéré de voir cette propagande littérale anti-Trump, tandis qu’Hillary Clinton était transformée en une supposée « sainte » capable de guérir tous les maux, quand bien même les révélations de Wikileaks à son encontre démontraient son manque total de morale.

A présent, les élections autrichiennes arrivent à grand-pas, tout comme la présidentielle française.
Et on court le « risque » de voir les populistes être élus car les médias n’auront pas retenu la leçon, ou ne l’auront pas appliqué, que ce soit par pur aveuglement ou déni de la réalité.
Mais après tout, c’est peut-être une bonne chose.

Qui sait, peut-être faut-il élire des populistes pour faire reculer le populisme ? Je sais que c’est utopique, mais pourquoi n’aurait-je pas moi aussi le droit de rêver ? Nobody’s perfect

Antoine Barré

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