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Rapport de stage de troisième année

Présentation de l’entreprise

France Télévisions est le plus grand groupe audiovisuel de France en matière d’audiences cumulées.

Le siège du groupe dans lequel j’ai effectué mon stage se trouve dans le 15ème arrondissement de Paris. Au total, le groupe compte près de 10 300 salariés et l’unique actionnaire est l’Etat. Son chiffre d’affaire en 2016 était de 3 milliards d’euros.

 

Le siège de France Télévisions à Paris
Le siège de France Télévisions à Paris

 

Le groupe comprend 5 chaînes, France 2, France 3, France 4 (qui existera bientôt que sur le web), France 5 (dont l’avenir aussi est en question), France Ô et enfin la dernière née Franceinfo. Elle est, depuis le premier septembre 2016, la chaîne d’information en continu du service public. Son ascension est pour le moment limitée mais une refondation des programmes est prévue pour la rentrée prochaine et certains de ses dirigeants changent actuellement. La chaîne pourrait également récupérer, si le CSA l’accepte, le canal 14 actuellement occupé par France 4.

Pour ce qui est du positionnement, la question est assez complexe pour une entreprise publique. Le but à atteindre étant l’intérêt commun. Il n’y a pas de cible à proprement parlé. Son statut particulier laisse d’avantage de liberté aux chaînes du groupe. La culture peut occuper une place plus importante que chez TF1 par exemple. Nous donnons aussi plus de place à la politique avec plusieurs rendez-vous politiques sur les chaînes (Dimanche en politique, L’Émission Politique, C Politique…). Si l’audience n’est pas censée être la priorité d’un groupe public, je trouve néanmoins que les dirigeants ont trop tendance à courir après TF1. Particulièrement pour le 20h, ce qui est  regrettable. Je ne crois pas que cela soit le rôle du service public. Certains choix sont faits en fonction des audiences. Il paraît que la politique n’intéresse plus les gens alors elle perd chaque jour du terrain dans les journaux.

Qui dit grande maison dit plusieurs personnages clefs. Delphine Ernotte est la première d’entre-eux. Elle est à la tête de France Télévisions depuis avril 2015. Parfois contestée en interne, elle a la lourde mission de gérer la réforme en cours de l’audiovisuel public menée par Françoise Nyssen. Derrière viennent les patrons de l’information avec en tête : Yannick Letranchant. Il a eu la lourde mission de remplacer Michel Field, tellement contesté qu’il a dû être remplacé. Yannick Letranchant est directeur exécutif en charge de l’information de France Télévisions. Il est dans sa mission, entouré de Alexandre Kara, directeur de la rédaction de France Télévisions et de Pascal Doucet Bon, directeur délégué de l’information. Ce sont les grands patrons de la chaîne.


Description du poste de stage et missions accomplies

Ma mission de stage originelle était simple : être en appui de tout le service politique. Recherche dans les rushs de tournage, veille des séances à l’Assemblée nationale, préparation des infographies pour leurs sujets, anticipation du calendrier politique pour les conférences de prévision… Un rôle déjà relativement chargé qui m’oblige à un suivi sérieux et accru de l’actualité politique et internationale.

Le suivi de l’Assemblée nationale

Deux fois par semaine, tous les mardi et mercredi à 15 heures, ont lieu les questions au gouvernement. C’est l’occasion pour les députés de la majorité et de l’opposition d’interpeller les ministres sur des faits marquants d’actualité (l’Aquarius, les frappes en Syrie, la réforme SNCF…) ou bien à propos des difficultés concrètes rencontrées dans leurs circonscriptions (fermeture d’entreprise, budgets locaux trop serrés…). Cet exercice à l’Assemblée est propice aux petites phrases mais aussi aux envolés lyriques de la part de nos représentants politiques. Il peut également cristalliser de forts moments de tension politique nationale. Le 20h pourrait être intéressé par une séquence afin d’en faire un «off» au journal. C’est pourquoi il est indispensable de suivre attentivement ce genre de séances. Ma mission liée à l’Assemblée nationale consistait également à dérusher et sélectionner les passages utiles des sonores effectués par Thierry Curtet et Véronique Gaurel aux quatre colonnes pour les insérer dans les sujets du jour.

L’anticipation de l’information

Un 20h a besoin de visibilité sur le long terme. Cette édition est une grosse machine qui, pour fonctionner au quotidien, a besoin d’anticipation. C’est pourquoi un gros travail de préparation dans chaque service est nécessaire. Pour cela, il est nécessaire d’avoir en tête tous les grands évènements politiques, lois et réformes à venir, les sommets internationaux, les visites à l’étranger ou encore les actualités des partis. C’est une partie du travail de journaliste qui peut s’avérer assez difficile. Les informations peuvent parfois manquer et l’imprécision n’est encore une fois pas envisageable. Pour être certain de mes informations, j’ai pris l’habitude d’appeler directement les sources (ministères, parlements, députés, rapporteurs…). Toutes ces informations sont ensuite transmises à mes rédacteurs en chef qui soumettront ces éléments en conférence de prévision. Cette conférence accouchera d’un dossier d’une centaine de pages. Ce document permet aux éditions d’y voir clair sur les semaines et mois à venir.

Les tournages

Si, à l’origine, il n’a jamais été question de me faire tourner en qualité de rédacteur. L’occasion s’est présentée un jour où j’étais le seul à pouvoir me rendre sur le terrain. Il s’agissait de faire une réaction de Laurence Sailliet, porte-parole des Républicains, sur le rapport de Jean-Louis Borloo. J’avais conscience qu’à cet instant, mon stage pouvait prendre une toute autre dimension. Si je montrais mes qualités lors de ce test, je pourrais probablement renouveler l’expérience.

a première interview pour le 20h
Ma première interview pour le 20h

 

Ce fût visiblement le cas puisque depuis ce jour, j’ai eu la chance de tourner au minimum trois fois par semaine. Sonores à l’Assemblée, couverture politique des manifestations (réactions des leaders de la France insoumise, des syndicats)… Cela m’a amené à interviewer des personnalités politiques de premier plan telles que Gérard Collomb au moment des rencontres citoyennes organisées entre le gouvernement et les Français, Jean-Luc Mélenchon dans les manifestations de mai dernier, des piliers de la majorité et de l’opposition. Jusqu’au vendredi 22 juin dernier. Encore une fois, un concours de circonstance m’emmène à la remise des prix de la fondation la France s’engage. François Hollande en est le Président. Je me retrouve à interroger un ancien président de la République sur la politique française actuelle, les questions internationales sensibles comme celle des migrants ou encore sur le train de vie de l’Elysée qui en choque certains ces derniers temps. Si la pression était importante, je suis parvenu à obtenir ce que mon rédacteur en chef attendait de cette interview.

J’ai également eu l’occasion de tourner un sujet intégral pour le 13h. Fidélis Jason, lycéen de banlieue a effectué un stage à l’Elysée. J’ai été envoyé une journée entière dans sa ville avec un but simple : rentrer avec un sujet racontant son expérience au cœur du pouvoir tout en exposant les pans de la personnalité du jeune homme. Il est travailleur, timide et sportif. La mission a été accomplie, mais non sans mal car beaucoup de portes m’ont été fermées au moment du tournage, notamment celle du domicile, sensé être un lieu fort du tournage. N’ayant pas encore l’expérience pour mixer un sujet au 13h, c’est Astrid Mezmorian qui l’a fait tout en m’incluant dans chaque étape du montage et de l’écriture. Le sujet est à retrouver dans les annexes.

Un sujet complet pour Télématin

Lors de mon stage j’ai également eu la chance de produire intégralement mon propre sujet pour les journaux du matin de France 2. J’avais pour consigne de faire le bilan des réformes de la première année d’Emmanuel Macron. Et ce, en une minute. J’ai donc avant tout dû hiérarchiser les réformes qui me paraissaient les plus marquantes. En une minute, impossible de toutes les citer. J’ai ensuite tapé mon texte avant de l’affiner avec mon rédacteur en chef pour enfin, filer en salle de montage. Chez France 2, nous avons le luxe d’avoir un monteur (ce n’est pas le cas dans beaucoup de rédactions). Mais ce privilège doit aussi faire place à l’esprit d’équipe. Si le rédacteur est décisionnaire sur beaucoup de choses, le monteur aussi doit pouvoir apporter sa patte et sa vision sur le sujet. Il faut donc savoir lui laisser de l’espace pour qu’il puisse s’exprimer.

La salle de montage dans laquelle j'ai réalisé mon sujet
La salle de montage dans laquelle j’ai réalisé mon sujet

Une fois le sujet monté, je file en mixage pour poser ma voix. Je n’avais jusqu’alors jamais mixé un sujet télé. Une prise a suffit pour obtenir la validation de mon rédacteur en chef. Mon premier sujet complet est en boîte. Il passera le lendemain matin dans les deux journaux du matin.

Sujet Télématin

Les passages à l’antenne pour « la question qui fâche »

J’ai, pendant deux semaines effectué un remplacement sur Franceinfo. Ayant déjà travaillé avec Jean-Paul Chapel l’année dernière sur son émission « :l’éco », il a fait appel à moi pour remplacer temporairement son assistant J’ai, dans ce cadre, posé la question qui fâche dans « :l’éco », le rendez-vous économique de la matinale de Franceinfo TV. Après écriture et validation, j’enregistrais ma série de question pour la semaine. Le but étant de poser une question polémique à l’invité du jour. Cette expérience m’a permis de faire du face caméra parfois en direct. Elles sont à retrouver ici (émissions du 14 au 29 mai).

La question qui fâche
La question qui fâche

 


Dans les coulisses du retour de François Hollande

Pour son grand retour médiatique, l’ancien président de la République était l’invité du 20h de France 2. L’occasion pour lui de défendre son bilan tant critiqué et de présenter son livre «Les leçons du pouvoir».

Il règne une ambiance particulière ce mardi 10 avril dans les sous-sols de France Télévisions. Le couloir rouge des studios de France 2 est anormalement rempli. Les membres de la direction sont présents. Tous alignés, prêts à accueillir l’invité de marque du soir. François Hollande fait son retour. Quand Macron snobe le service public pour TF1 et BFM, l’ancien président de la République choisi le 20h de France 2. Tout est symbole chez lui.

C’est un événement pour le journal, mais également pour François Hollande qui croit, en privé, toujours pouvoir occuper un espace politique laissé vacant par un PS en miettes et plus divisé que jamais. Ce soir, il devra répondre à une interview musclée d’Anne-Sophie Lapix. La journaliste a travaillé ses dossiers. Elle est prête à mettre le président le plus décrié de la cinquième République face à son bilan.

Les sirènes retentissent et une berline noire s’engouffre dans les travées du siège de France Télévisions. Même plus en fonction, un président ne se déplace jamais sans une importante délégation autour de lui. Un service de sécurité, une conseillère en communication, un chauffeur ou encore une photographe l’accompagnent en permanence. François Hollande a bonne mine, meilleure que celle affichée dans les derniers instants de son mandat. Il a repris du poids, son teint est halé et ses nouvelles lunettes rondes le rendent plus sympathique. Comme toujours, pas question pour lui de ne pas saluer toutes les personnes présentes. Il serrera chaque main, une par une, en complétant souvent d’un «comment ça va ?» qui n’est pas que pour la forme. Il n’a pas perdu le contact humain. Il semble même plus à l’aise que lorsqu’il était en fonction. Nathalie Saint-Cricq, qui connait bien l’invité du soir, l’invite à tourner une séquence d’arrivée dans les locaux de France 2 pour les titres du journal. Il marche alors le long du couloir des studios avec la caméra devant, sans vraiment savoir quand s’arrêter. Du Hollande typique. Pour stopper ce moment de gêne Nathalie Saint-Cricq détend l’atmosphère avec une blague dont elle a le secret, déclenchant les rires de l’assistance. Car malgré tout, jusqu’ici, l’ambiance était tendue. Que va dire l’ancien Président ? Son retour est-il si attendu que cela ? Les interrogations sont nombreuses.

Pour le moment, pas d’Anne-Sophie Lapix à l’horizon. François Hollande file au maquillage. Nous en profitons pour nous introduire sur l’immense plateau du 20h. Ce studio haut de plafond a des allures de cathédrale et l’immense écran derrière la table ressemble à une fenêtre ouverte sur le monde.

19h45, à l’heure plutôt habituelle, Anne-Sophie Lapix pénètre sur le plateau. Son sourire de tous les jours ne l’a pas lâché. Sa tenue sombre est parfaitement adaptée à l’occasion. Le livre de l’ancien Président sous la main, elle file, comme chaque soir depuis septembre devant la caméra principale du plateau.Au moment des répétitions, François Hollande passe saluer la journaliste et repère la plateau qu’il découvre pour la première fois. L’ambiance est faussement détendue mais courtoise. Il repart, aussi vite qu’il est venu, s’enfermer dans sa loge.

François Hollande repère le plateau du 20h
François Hollande repère le plateau du 20h

Comme tous les jours, le journal commence à 19h58. Les sujets défilent, mais on sent bien que le gros morceau n’a toujours pas été servi. La direction prend place sur le plateau et quelques secondes plus tard, François Hollande rentre par la porte dérobée du plateau. Le technicien l’équipe. La visage de l’ex président est plus fermé qu’à son arrivée. L’homme au contact chaleureux a laissé place à l’animal politique. S’en suivent 20 minutes d’interview musclée, Anne-Sophie Lapix ne cède rien et met l’invité face à ses échecs. Lui dit que s’il l’avait voulu, il «aurait battu Emmanuel Macron» en 2017, il ne manque pas de lancer quelques pics à son prédécesseur. Mais la journaliste le ramène sans cesse à son bilan. Le chômage, la Syrie, Trierweiler, tout y passe. L’ambiance se tend sur le plateau et on sent bien que François Hollande s’agace, s’étonne même du caractère offensif de l’interview.

François Hollande répond aux questions d'Anne-Sophie Lapix
François Hollande répond aux questions d’Anne-Sophie Lapix

 

La journaliste fait son travail jusqu’au bout et François Hollande sortira mécontent du plateau. Pas d’effusion de colère. Tout est alambiqué avec cet homme. Il s’enfermera dans sa loge quelques instants avec les dirigeants de la chaîne. D’usage lors d’une visite présidentielle. Il quittera la chaîne mécontent mais il le sait, cette interview n’est qu’une goutte dans l’océan d’entretiens qu’il a prévu dans la presse les semaines suivantes.

Pour France 2, le bilan est clair, l’interview de l’ancien président a lourdement fait chuter la courbe d’audience du journal.


Annexes

Mon reportage sur Fidélis Jason, stagiaire à l’Elysée à partir de 22 min et 22 secondes

Un reportage sur la suppression de la taxe d’habitation auquel j’ai participé. A partir de 9 minutes et 50 secondes.

Un reportage auquel j’ai participé sur la mobilisation contre Emmanuel Macron du mois de mai. A parti de 18 minutes et 37 secondes.

Une de mes interventions sur Franceinfo dans l’émission de Jean-Paul Chapel, « l’éco » à retrouver à 2 minutes et 43 secondes.