Une garçonne à l’Éducation Nationale

Après 37 ans dans l’enseignement, c’est avec regret que Marie-France, 62 ans, tire sa révérence. Sa vie ne tournait qu’autour des enfants, mais il est temps pour elle de faire ses adieux… Fidèle à son sourire légendaire et son regard bleu revolver, Marie-France ne se sent à l’aise que dans une salle de classe.

Les enfants, elle les adore, «Si j’avais pu, j’aurais eu 10 enfants! » déclare-t-elle, mais n’en a eu qu’un seul, Sibylle, son unique bijou. Avec sa coupe garçonne blonde platine, l’ancienne pâtissière a su se démarquer dans ce monde si féminin et si gracieux. Les jupes, les robes, la féminité ce n’était pas son dada. Grande rebelle, elle a toujours refuser de ce plier aux mœurs de l’éducation. Son idole ? Coco Chanel. Sa première classe, elle s’en souvient comme ci c’était hier. Dans une classe entièrement façonnée de bois brut, sombre mais chaleureuse. Les rires des mômes, le bruit de la craie sur le tableau noir, les roses rouges déposées sur son bureau pour l’accueillir. La garçonne n’oubliera jamais les grands yeux qui étaient rivés sur elle.

De nature réservée et timide, Franck, comme l’appelle ses collègues est issue d’une famille de 7 enfants. Ses parents étaient de riches banquiers, à Pithiviers. De confession juive, ils ont évité in-extremis la montée du nazisme en déménageant aux États-Unis. Cet épisode, elle le connait sur le bout des doigts. L’histoire de la France, voilà ce qu’il la pousser à devenir institutrice. «Je voulais partager ma connaissance avec ses petits. Leur donner de ma personne. Me sentir utile.» Pourtant sa famille lui avait réservé un autre avenir: le monde des affaires.

C’est dans les années 70 qu’elle quitte la cocon familiale contre l’avis de sa famille et dépose ses valises dans l’Essonne, à Evry. Grande, mince et androgyne, elle change totalement de look. Elle abandonne sa longue chevelure rousse pour une coupe garçonne et blond à la Marilyn Monroe. Têtue et déterminée, elle ment à ses parents et admet qu’elle étudie le droit. En réalité elle enchaîne des petits boulots de couturière à pâtissière en passant par modèle chez Balenciaga.

«De retour chez mes parents à Pithiviers, je voulais marquer le coup. Alors autant bien le faire». À son retour à Pithiviers, le choc est au rendez-vous. Changement d’apparence, sa dyslexie avait même disparu et surtout, elle était officiellement devenue institutrice à 25 ans. Pour elle l’éducation est primordiale, c’est grâce à l’Histoire que les enfants peuvent se reconnaître dans ce pays, quelques soient leurs origines. Touchée à la hanche à cause d’un accident de ski dans les Alpes elle mis fin à sa carrière. Aujourd’hui, elle proclame haut et fort qu’elle adore sa nouvelle, qu’elle le voit comme un accessoire mode.

Maintenant à la retraite, Miss Coco Chanel compte bien s’adonner à sa passion pour la mode. Concocter des petites tenues pour ses petits enfants. Tout le long de sa carrière, elle ne jurait que part des pantalons à pince, des chemisiers et ses bérets qu’elle cumule par cinquantaine. Sachant pertinemment qu’elle n’aura plus de salaire à chaque fin de mois, elle proposera de son temps libre pour donner des cours particulier. Et n’oubliera surtout pas d’y ajouter son originalité et son énergie pour motiver les mioches !

Rythé.K

 

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