16 ans et déjà maman

              Sourire aux lèvres, parapluie sous le bras et sa fille de 4 ans sous l’autre, c’est dans un café d’Antony dans les Hauts de Seine que Clémentine s’exprime sur son passé de jeune mère.

En Août 1995, elle n’a que 16 ans et habite encore chez ses parents à St Michel sur Orge, dans l’Essonne. Panique à bord. Clémentine découvre qu’elle est enceinte après des examens médicaux banals. Personne n’est mis au courant, sauf le père qui assume toutes ses responsabilités. Elle est perdue et ne sait pas quoi faire. Pour la future mère, c’est le début de l’enfer. La nouvelle se propage dans la famille. Pour son père plusieurs solutions se dressaient devant lui : porter plainte pour détournement de mineure et un aller simple pour le pays.

Originaire de la République Démocratique du Congo, la mineure en décide autrement. Elle prend son courage à deux mains et décide de fuguer. Pendant près de 3 jours, elle vivra à l’étage du/en dessous, chez sa voisine sans aucun contact avec l’extérieur. La troisième nuit, elle quitte définitivement l’Essonne. «Je n’avais pas d’argent, je n’avais nul part où aller. ». À cette époque une grève générale avait touché la France, «Aucun transport, mon petit ami de l’époque n’avait pas de voiture. Un vrai cauchemar ! ». Très sociable, elle avait beaucoup d’amis mais peu lui ont tendu la main. Seulement de deux ses amies l’ont hébergé. Sa meilleure amie, Gaëlle, lui a suggéré de contacter une assistante sociale pour qu’elle puisse trouver un logement.

«Toute ma vie, je me disais que je ne mettrais jamais les pieds dans un foyer. La roue a bien tourné. », avoue-t-elle en pleur. Cette bonne vivante a du mettre toutes ses activités quotidiennes entre parenthèse. Elle fut placée dans un foyer situé à Brétigny sur Orge, à quelques pas de son

domicile familiale. Son foyer l’avait renié, son père le premier. «Chaque nuit j’avais peur que mon père vienne m’étouffer dans mon sommeil ». Elle n’avait qu’un réel plaisir deux fois par semaine, elle voyait en cachette son frère aîné et ses trois petits frères et sœurs pendant ses promenades. Pendant son séjour au foyer, elle devait feuilleter le «Gros dictionnaire des maisons d’accueil » pour qu’elle trouve une famille qui voulait bien d’elle et de son petit bidon.

Après 3 mois de recherche et de grossesse, c’est la délivrance. Une famille localisée à Fontainebleau, en Seine et Marne, l’avait contacté. Étant entourée de délinquantes, de droguées, de jeunes adolescentes battues et autre, Clem s’était forgée un caractère. Têtue, arrogante et insolente étaient les caractéristiques pour la définir. Mais cette carapace ne cachait qu’une jeune adolescente totalement perdue, brisée et abandonnée. Dès son arrivée dans sa «nouvelle famille », les premiers mois ne furent pas très simples. Sa rébellion poussa à bout sa famille d’accueil et décidèrent de la metttre à la porte. C’était le déclic. «J’étais encore très jeune, pour moi j’étais encore une gosse capricieuse qui ne se rendait pas compte de sa chance. », elle implora leur pardon et resta pendant 2 ans dans sa famille.

Harvin, son fils venait d’avoir un an. « Il était temps de partir mais je suis retournée au foyer». La galère recommence et ça n’a duré que deux jours. En seulement 48h elle réussi à trouver un logement social à Saint Denis dans le 93 et pour la première fois de sa vie elle se sentait libre. Aujourd’hui, quand elle regarde son fils de près d’1,90 m, elle sait qu’ils viennent tous les deux de très loin.

Propos recueillis par Rythé Kasangu.

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