¡ Viva la disidencia!

Le régime castriste de Cuba est connu pour sa répression des éléments considérés comme étant « subversifs », ou contraires aux idéaux. Pourtant, il s’agit aussi d’un pays qui a fait preuve d’une certaine ouverture d’esprit, notamment en matière de tolérance sexuelle.

Ce n’est pas une nouveauté, les droits de l’homme sont souvent bafoués à Cuba. Aujourd’hui encore, Amnesty International n’a toujours pas le droit de se rendre sur le territoire cubain, et ce depuis 1990. Par ailleurs, de nombreux dissidents ont été arrêtés avant la visite de Barack Obama.

Mais Raul Castro, frère de Fidel Castro et actuel Président Cubain, ne veut surtout pas entendre parler de prisonniers politique : «Quels prisonniers politiques ? Donnez-moi un nom, ou les noms. […] Et si ces prisonniers politiques existent, ils seront libérés avant la tombée de la nuit.» a-t-il répondu à un journaliste étranger lors d’un direct à la télévision nationale.

Cela n’a pas empêché Barack Obama de rencontrer le 22 mars, lors de son dernier jour de visite, quelques dissidents tel Guillermo Fariñas, Prix Sakharov du Parlement Européen 2010, ou Elizardo Sanchez, de la Commission cubaine des droits de l’homme et réconciliation nationale.

Guillermo Fariñas recevant la médaille de la Liberté Truman-Reagan en 2015
Guillermo Fariñas recevant la médaille de la Liberté Truman-Reagan en 2015

Aux yeux des victimes du régime communiste, la proximité de Cuba avec les côtes américaines (près de 150 kilomètres les séparent) représente un espoir de salut.
Dès son arrivée au pouvoir, Fidel Castro fait dissoudre de nombreux partis et organisations politiques datant du précédent régime, ainsi que des organes de presse.
De nombreux dissidents et opposants politiques tentent alors la traversée du bras de mer séparant Cuba de l’état de Floride, risquant leurs vies face à la noyade, voire aux requins pour essayer de fuir l’oppression castriste. Ce fut avec 1400 de ces dissidents que la CIA monta l’opération, qui tourna au fiasco, de la Baie des Cochons, en 1961 pour qu’ils déclenchent une nouvelle guérilla face à Fidel Castro, dans le but de déstabiliser le régime cubain.

Il prend pour prétexte l’affaire de la Baie des Cochons pour bannir le périodique La Quincena, avant de faire fermer les établissements scolaires religieux, un mois plus tard, toujours en 1961.
Che Guevara, son compagnon d’arme, créé en 1960 les premières « unités militaires d’aide à la production », ou UMAP, entendez par-là des camps de concentration, à l’usage des personnes considérées comme non-conforme au projet de « l’édification de l’Homme Nouveau » souhaité par le Che.
Au nom de cette doctrine, qui bercera la décennie des années 1960, les hippies, les artistes et les intellectuels seront envoyés dans ces camps pour effectuer des travaux forcés, ou bien seront éliminés. On dénombre ainsi entre 7 000 et 10 000 personnes tuées et près de 30 000 emprisonnées par ces répressions, généralement pour des raisons politiques.

L’homosexualité avait été assimilée comme étant de la « décadence bourgeoise » par le Lider Maximo, au début de son mandat.
Les UMAP avaient donc aussi pour but de rééduquer les homosexuels. Ces derniers, ainsi que les autres « Personnes Socialement Déviantes », étaient soumis à un régime militaire strict, accompagné de brimades physiques et psychologiques. Fidel Castro fit fermer ces camps en 1967, après avoir découvert les excès en termes de maltraitance des prisonniers.

Reinaldo Arenas, poète cubain
Reinaldo Arenas, poète cubain

Grâce aux actions d’intellectuels et d’artistes dissidents, tel Reinaldo Arenas, la situation évolue vers 1979, date à laquelle l’homosexualité est dépénalisée. En 1997, les dernières références homophobes sont retirées de la loi cubaine. En 2008, Cuba fait partie des 66 pays à signer une pétition en faveur de la dépénalisation universelle de l’homosexualité. L’éducation sexuelle est un sujet de conversation commun, même au sein de la famille cubaine, où le préservatif et les préférences sexuelles ne sont pas des tabous. La présidence du Centre national cubain d’éducation sexuelle étant assurée par la nièce de Fidel Castro, Mariela Castro, démontre un net intérêt du pouvoir dans ce combat, faisant de Cuba le pays d’Amérique Latine le plus avancé concernant le sujet de l’homosexualité et de campagne de prévention contre le sida.

Antoine Barré