Les coulisses de l’enquête

Tout a commencé par un consensus sur le sujet que nous souhaitions réaliser. Chacune de nous éprouvait le même enthousiasme pour traiter de la maltraitance gynécologique. Le sujet commençait à percer doucement sur Twitter alors que des femmes témoignaient d’un geste déplacé ou d’une réflexion sexiste de la part de leur spécialiste.
Nous n’avions aucune prédisposition ni connaissance en la matière mais nous nous sentions concernées par ces dérives, et voulions comprendre leur ampleur. Nous avions l’ambition de faire témoigner ces femmes devant la caméra et de relever le défi d’illustrer une enquête médicale.

Le sujet nous semblait également propice à l’émergence d’éventuelles révélations. Néanmoins la difficulté à laquelle nous nous sommes confrontées était toute autre puisque les médias se sont emparés de ce sujet dès notre première semaine de tournage. Certains de nos témoins clefs, nous ont délaissé préférant témoigner pour des rédactions à plus large diffusion. Des dizaines d’articles sur le sujet paraissaient alors quotidiennement sur le web.

Afin d’apporter une plus value au débat qui se construisait entre les féministes, les victimes et les médecins, nous avons décidé de rebondir et de ré-angler notre reportage. C’est en s’appuyant sur les mesures fraîchement dictées par le ministère de la santé, en réponse à un nouveau rebondissement, celui de la fuite d’un document attestant que certains étudiants pratiquaient des touchers vaginaux non-consentis sur des patientes endormies au bloc opératoire, que nous avons décidé d’aborder la question de leur formation.

Pour mener à bien notre sujet, nous avons notamment dû contourner les interdictions de tournage dans les CHU de région parisienne à la suite des événements dramatiques du 13 novembre dernier, en nous tournant vers des CHU situés en province.

"Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus que de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie". Albert Londres