EFJ3: 4 mois à France inter

Pour mon stage de dernière année à l’EFJ, j’ai eu la chance de faire partie de la rédaction du 5/7, la pré-matinale de France Inter présentée par Hélène Roussel. Retour sur cette expérience.

Faire un stage à France inter, c’est tout d’abord faire un stage au sein de l’historique groupe Radio France.

Il était une fois Radio France…

C’est le 1er janvier 1975, à la suite du démantèlement de l’établissement public ORTF, que naît le groupe de radiodiffusion Radio France. Cette nouvelle société anonyme est chargée par la réforme de gérer et développer les chaînes de radio publiques, mais reste cependant placée sous la tutelle du Premier ministre.

Les cartons de l’ORTF à peine terminés, c’est immédiatement au sein de la Maison de la radio que les bureaux de Radio France s’installent. Avec ses 2 hectares de superficie, elle est le plus vaste édifice jamais bâti en France. Sa couronne de 500 mètres de circonférence et sa tour centrale de 68 mètres élevées en 1963 par Henry Bernard, ont rassemblé jusqu’en janvier 1975, les services parisiens de l’ancienne ORTF.

Le premier groupe radiophonique français, Radio France, s’appuie sur sept chaînes complémentaires: France Inter, franceinfo, France Culture, France Musique, Fip et Mouv’, ainsi que sur les 44 stations locales composant le réseau France Bleu.

sanstitre2-1528562945-72
Les sept chaînes complémentaires de Radio France.

Les sites Internet des chaînes enrichissent cette offre de programmes, grâce à de nombreux contenus multimédia, à une offre de podcast en constante progression et les webradios.

3 chiffres clés
  • En 2016, Radio France a rassemblé 14,5 millions d’auditeurs quotidiens sur ses antennes (soit près de 640 000 auditeurs de plus qu’en 2016).
  • Le chiffre d’affaires de Radio France s’établit à 656 M€, en progression de 0,5% par rapport à 2016 (652,8 M€).
  • Radio France c’est 4 751 salariés au 31 décembre 2017 et 140 métiers différents.

Graphique Infogram:

instancegou-1528652771-96

Organigramme de Radio France datant d’avril 2018.

Après Jacqueline Baudrier et Michèle Cotta en 1981, Sibyle Veil est devenue, jeudi 12 avril 2018, la troisième femme à diriger Radio France. Elle a été choisie par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) parmi six candidats au remplacement de Mathieu Gallet, destitué en raison de sa condamnation pour favoritisme.

Focus sur France Inter

Créée en 1963 avant même la naissance de Radio France, France Inter, le «vaisseau amiral» du groupe est la radio généraliste par excellence.

Information, débat d’idées, divertissement, culture… aucun programme ne manque à l’appel de cette chaîne qui affiche sa différence et dont l’ambition est de rassembler le plus grand nombre. France Inter offre également une programmation musicale ambitieuse, constituée à 50% de titres francophones, et comportant 60% de nouveautés, dont une majorité de nouveaux talents.

La directrice de France Inter est, depuis mai 2014, Laurence Bloch qui succède à Philippe Val en poste depuis 2009. La station a fêté ses 50 ans en décembre 2013. Considérée comme « la voix de la France » avant la libéralisation des ondes du début des années 1980, elle reste la principale station du service public.

Sources:

Mission programmation pour le 5/7

Diffusé du lundi au vendredi de 5h à 7h, le 5/7 est la pré-matinale de France inter présentée par la journaliste Hélène Roussel.

A ses côtés, voix si familière du matin, Anthony Bellanger pour l’international, Hélène Chevalier avec « C’est déjà demain » sur l’évolution technologique et scientifique qui nous attend, Emmanuel Moreau et son esprit d’initiatives et enfin, pour terminer en beauté, le rire de Daniel Morin.

dbiyco2x0ay4-1528648527-2

Le 5/7 c’est aussi trois interviews par jour:

« Déjà debout », la séquence qui réveille les auditeurs. Tous les matins, Hélène Roussel appelle un Français réveillé à 5h25 à cause de son travail ou du décalage horaire. Boulanger, photographe, fromager, expatrié ou encore organisateur de “before work”, Hélène s’intéresse alors pendant 4 minutes à ces “lève tôt” parfois inattendus et originaux.

« On ne va pas se fâcher » à 5h40, le débat de l’émission. L’invité réagit par téléphone à une actualité qui ne laisse pas tout le monde d’accord. C’est une occasion pour lui de donner son avis, de répondre aux questions d’Hélène, mais aussi de réagir à un extrait sonore d’une interview d’une personnalité en désaccord avec lui.

– « L’invité de 6h20 », la grande interview du 5/7. Il s’agit d’un entretien de 8 minutes en studio, avec un invité en lien avec une actualité forte.

Ma mission était de trouver et programmer les invités de ces trois rendez-vous avec l’aide d’Alexandre Gilardi, mon maître de stage.

Objectif de chaque semaine: remplir le "tableau de programmation".
Objectif de chaque semaine: remplir le « tableau de programmation ».

La seconde partie de mon travail était d’aider Hélène Roussel à la préparation de ses interviews. Je devais ainsi proposer des idées de questions et préparer de la documentation sur un invité, une actualité ou bien un livre pour l’émission du lendemain (voir annexes).

« Le 5/7 ? Un gros défis » pour Hélène Roussel

Après un passage express à Europe 1, trois ans en régions pour France bleue, quelques apparitions télévisuelles notamment sur France 4 dans “T’as tout compris” et “Je vous demande de vous arrêter”, Hélène Roussel est aujourd’hui à la tête du 5/7 depuis septembre dernier, et journaliste à France inter depuis 10 ans.

Passionnée de radio depuis toujours, la journaliste, ancienne grande reporter, se confie sur cet exercice, parfois périlleux qu’est la présentation du 5/7. “C’est un gros défi de présenter 2h d’antenne toute seule, il faut être présent à chaque seconde”.

Réveil à 1h30, sieste à 12h, et au lit à 22h, présenter une matinale peut représenter “un sacrifice” pour Hélène. Son secret ? Du sommeil, une bonne hygiène de vie et surtout un bon équilibre pour ne surtout pas “vivre comme un moine”.

Une journée lourde de responsabilités

La programmation des invités du 5/7 est un exercice parfois compliqué: pas d’actualité, des invités difficiles à convaincre, des numéros introuvables… Malgré ces contraintes j’ai jusqu’à présent toujours su trouver des solutions, notamment grâce à l’aide précieuse de mon tuteur, mais également mon binôme de travail Alexandre Gilardi. Il était inenvisageable pour moi de faire ce travail sans lui. Jusqu’au jour où…

Mercredi 28 mars 2018, il est 7h15 quand mon téléphone sonne. C’est Alexandre qui m’appelle. Je me dis alors qu’un appel aussi matinal n’annonce rien de bon, et je ne m’étais pas trompée. Alexandre m’annonce qu’il est malade, et qu’il ne pourra pas venir travailler aujourd’hui. Panique, cela fait seulement un mois que j’ai commencé mon stage, et me voilà déjà livrée à moi-même, avec toute la responsabilité sur mes épaules. Et oui, je vais devoir programmer les trois invités du lendemain toute seule. Je saute dans ma voiture et fonce à la Maison de la radio.

Pendant le trajet, j’écoute le journal de 8h pour trouver des informations pour demain. C’est un cauchemar, l’actualité est vide, comme si le monde entier s’était mis d’accord pour se mettre en pause l’espace d’une journée. Je me souviens alors d’Alexandre la veille, « demain ça va être compliqué je n’ai aucune idée de sujet ». Et bien en effet, il visait juste.

Heureusement mon invité du « Déjà debout » est déjà programmé : un chef de cantine dans un collège des Alpes Maritimes qui se lève à 5h tous les matins. Parfait, je peux me concentrer sur les deux autres rendez-vous.

8h20. Je passe la porte du bureau, quand Dorothée Barba, chroniqueuse du 5/7, m’annonce immédiatement : « Hélène a fait une bourde ce matin, j’ai fait un chronique sur le pan bagnat qu’elle a prononcé « PAIN » bagnat, avant de préciser qu’il était originaire du sud ouest… Ca va faire un scandale chez les niçois, il faut que tu contactes le spécialiste du pan bagnat pour qu’il fasse le « Déjà debout » de demain matin pour rectifier le tir ».

19074_w1024h768c1cx300cy250
Le fameux Pan Bagnat.

Retour à la case départ. J’ai donc de nouveau 3 invités sur le dos.

Je m’occupe tout de suite de cette histoire de pan bagnat pour m’en débarrasser. Le fameux spécialiste s’appelle Bruno Pardo, il a écrit la recette officielle du pan bagnat, mais il a également crée une devise, un serment et un fan club. Cette histoire de pan bagnat est bien plus sérieuse que je le pensais. Peu importe, il est d’accord !

14h. Depuis ce succès niçois, rien ne s’est passé comme prévu dans le bureau du 5/7. Toutes mes pistes tombent à l’eau. J’appelle Alexandre qui me répond entre deux rendez-vous chez le médecin : « Essaye le budget des JO pour le débat, plusieurs spécialistes pensent qu’il sera bien au dessus du montant annoncé ». Pourquoi pas, j’appelle le rédacteur en chef de l’émission, puis Hélène qui valident tous les deux le sujet.

C’est parti, je lance plusieurs pistes : twitter, mails, coups de téléphone… Mais personne n’est partant pour se lever à 5h40.

15h30. Je trouve le profil d’Armand de Rendinger, présenté comme spécialiste de l’olympisme. J’appelle toutes les maisons d’éditions avec lesquelles il a travaillé, je lui envoie un message sur Twitter, puis sur Facebook, en espérant que cette fois-ci soit la bonne.

17h. Toujours pas de nouvelle d’Armand de Rendinger, mais je viens de tomber sur un article à propos d’une nouvelle exposition au Musée de l’Homme : Neandertal de A à Z. Je le propose à Hélène pour l’invité du 6h20, elle adore l’idée. J’appelle l’attachée de presse qui me donne le portable de Marylène Patou-Mathis, préhistorienne qui a travaillé sur l’exposition. Je lui laisse un message.

maxresdefault
Affiche de l’exposition « Neandertal de A à Z ».

17h45. Hallelujah ! Elle me rappelle. Elle est d’accord pour venir au studio du 5/7 pour l’interview de demain matin à 6h20. Je lui pose quelques questions pour préparer la documentation.

18h30. Pas de nouvelle pour le débat, je commence à paniquer, le rédacteur en chef m’appelle pour voir où j’en suis. Je n’avais jamais été en contact direct avec lui avant cela, je ne sais pas où me mettre… Un double appel ! Je raccroche poliment pour répondre à ce numéro inconnu. Miracle, c’est Armand de Rendinger ! Je le sens un peu froid, mais ça n’est pas grave, c’est ma dernière chance je ne vais pas la laisser passer. Après plusieurs longues minutes de négociation, il est d’accord ! Je cherche alors un extrait sonore auquel il devra réagir pendant le débat : ce sera Tony Estanguet, Président du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques, qui assure pouvoir tenir le budget.

1c2317bc4f479bda9ac676ff751
Tony Estanguet, Président du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques.

19h45. Toutes les documentations sont prêtes, les questions sont écrites, et les numéros de portable des trois invités sont envoyés à l’équipe du matin. Je fais un point avec Alexandre par téléphone pour être sûr de ne rien avoir oublié. Tout est ok, fière et soulagée d’avoir accomplie ma mission, je peux partir.

Le lendemain, je n’ai jamais été aussi heureuse de voir Alexandre assis à son bureau, mais en même temps, je n’oublierai jamais cette journée et tout ce qu’elle m’a appris. L’intensité et la pression de la veille m’ont conforté dans mon choix de devenir, un jour, journaliste.

Annexes

Shana Loustau

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *