Tous les articles par Cléa Jouanneau

Crystal Fighters @ Trabendo

Quelques jours seulement après la sortie de leur troisième album « Everything Is My Family », Crystal Fighters a donné le coup d’envoi de sa nouvelle tournée à Paris. Parfait remède à un lundi soir froid et pluvieux d’octobre, le groupe a inondé le Trabendo de ses ondes solaires positives. Retour sur une escapade exotique.

Le dépaysement commence dès la première partie avec Lao Ra, prometteuse jeune londonienne originaire de Colombie. Alors qu’une grosse partie du public trinque encore sous les guirlandes lumineuses de la terrasse du Trabendo, la chanteuse envoie un électro pop nimbé de soleil colombien, dans la veine de M.I.A. et Santigold. Parmi sa déferlante de beats, on retient notamment « Bang Boom » et « Jesus Made Me Bad », auxquels on prévoit un bel avenir dans tous les clubs dignes de ce nom. Le charisme de Lao Ra, son énergie et son assurance font presque oublier la justesse de sa voix, pas toujours au rendez-vous.

Alors que la pluie crépite toujours dehors, la salle, désormais pleine à craquer, s’échauffe doucement, métamorphosée en forêt tropicale grâce au décor tout en verdure de la scène. Après une longue intro qui fait grimper l’excitation à son paroxysme, les six membres de Crystal Fighters et leurs accoutrements bariolés ouvrent avec un de leur premier tube, Follow. L’exil est immédiat, tout le monde embarque dans une odyssée fabuleuse. « « Le nouveau « Yellow Sun » et l’incontournable « LA Calling », tout deux lumineux, déclenchent des sautillements instantanés tandis que le dernier single « All Night » fait carrément exploser l’assemblée. Les prophètes de l’électro folk prennent un malin plaisir à nous faire voyager d’iles tropicales en villes ensoleillés, d’univers chatoyants en mondes fantastiques.

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Crédits photo : Olivier Gestin

Against Me! – Shape Shift With Me

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Against Me ne chôment pas ! Deux ans après l’unanimement acclamé Transgender Dysphoria Blues et un album live, 23 Live Sex Acts, dans la foulée, Laura Jane Grace et sa bande reviennent avec Shape Shift With Me, le septième opus de la formation floridienne, publié sur leur propre label, Total Trebble.

Nous avions laissé Against Me sur un album engagé, poignant et terriblement honnête, qui nous plongeait au cœur des tourments de la chanteuse à propos de son identité sexuelle. Transgender Dysphoria Blues signait le premier album du groupe post-transition de Laura Jane Grace. En faisant son coming out en tant que femme trans en 2012, elle avait attiré les projecteurs d’un monde bien plus large que le petit univers du punk. Assumant désormais pleinement sa nouvelle casquette de figure publique trans, la frontwoman met dans ce nouvel album ses talents de songwriter au service de chansons beaucoup plus positives et empreintes de légèreté. Sur les 12 morceaux du LP, sa voix rocailleuse scande des histoires d’amour, s’éloignant du punk revendicatif ou la politique est prégnante. Si l’on retrouve bien un message politique dans le morceau d’ouverture, l’hargneux ProVision-L3, ce n’est que pour métaphoriser des sentiments amoureux. Mais il ne faut pas s’y méprendre ! Elle n’a rien perdu de la rage qui l’animait quand Against Me ! n’étaient qu’une bande toute jeune d’arnacho-punks. Ici, c’est l’amour et le sexe qui la font rugir.

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Shock Machine – Open Up The Sky

Fin 2014, Klaxons prenaient tout le monde de cours en annonçant à demi-mot la fin du groupe, quelques mois seulement après la sortie de leur dernier album, Love Frequency. Depuis leurs derniers concerts début 2015, c’était silence radio du côté des trois anglais. C’est James Righton, chanteur-claviériste du groupe qui a été le premier à donner des nouvelles. Caché derrière le pseudonyme Shock Machine, il lance son projet solo, avec un EP, Open Up the Sky, comme amuse bouche.

De l’électro-punk/new rave qui a fait le succès de Klaxons, il ne reste pas grand chose. James Righton choisit de s’éloigner de ce qu’il sait très bien faire pour se créer un tout nouvel univers, planant et envoutant. La pop progressive et psychédélique sous-jacente dans son ancien projet, il l’exploite ici à fond, brillamment. Pour la première fois, le musicien est responsable de la première à la dernière note d’un album, puisqu’il s’est attelé à la difficile tâche d’écrire les paroles, en plus de signer mélodie et partie de batterie. Il n’est pas entièrement seul non plus puisqu’on trouve aux manettes de Open Up the Sky James Ford, producteur attitré d’Arctic Monkeys, mais surtout producteur de l’unanimement salué premier album de Klaxons, Myths of the Near Future.

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Muse @ La Tour Eiffel

Après avoir établit résidence pendant six soirs à l’AccorHotel Arena cet hiver, MUSE revenait à Paris pour LE concert de l’été, au pied de la Tour Eiffel. La bande de Matt Bellamy, jouant dans un cadre magique pareil ? RockUrLife ne pouvait évidemment pas rater ça et vous raconte ce concert exceptionnel.

Plus habituée à recevoir des supporters portant des maillots bariolés aux couleurs des différents pays en course pour l’Euro, la fan-zone du Champ de Mars a, ce soir là, était envahie de milliers de fans, arborant fièrement leurs t-shirts Muse. Déjà croisés plus tôt sur le Drones Tour, les américains de X AMBASSADORS ont l’honneur – et la difficile tâche – d’ouvrir le bal face à la marée humaine qui s’étend devant la scène, semblant minuscule devant la Tour Eiffel. Boosté par un cadre inhabituel, le groupe semble bien décidé à marquer les esprits. Le chanteur Sam Harris, impressionne par sa voix, tantôt rauque, parfois cristalline. Malgré un enthousiasme débordant et des réminiscences, autant scéniquement que musicalement, d’Imagine Dragons, le set manque de saveur. Si certains morceaux, « Love Songs Drug Songs » et « Lowlife » notamment, sont accrocheurs, aucun ne rivalise avec leur deux méga tubes, « Jungle » et « Renegades ». L’un, ravageur par sa puissance, l’autre, enivrant grâce à ses refrains fédérateurs et sa dernière partie instrumentale, sont repris en coeur par le public, et viennent clôturer en beauté une entrée en matière qui reste admirable.

Vers 22 h, alors que tout le monde est occupé à prendre des photos du soleil s’échappant derrière la Tour Eiffel, la voix autoritaire de « Drill Sergeant » lance le show. Muse a laissé sa panoplie de soldats au placard et c’est dans la plus grande sobriété que Matt Bellamy assène le riff d’intro de « Psycho ». Parfait morceau d’ouverture, le tube électrise le Champ de Mars.

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Crédits photo : Olivier Gestin

Kings of Leon – WALLS

Après avoir traversé une période cahotique marquée par une crise interne et plusieurs albums moyennement appréciés par la critique, Kings Of Leon s’étaient faits relativement discrets. Mais en septembre, une rumeur se répand : la sortie d’un nouvel album serait imminente.

3 singles plus tard, la rumeur se matérialise en « WALLS (acronyme de We Are Like Love Songs), le septième album du clan de Nashville, publié le 14 octobre. Enregistré à Los Angeles, loin de leur terre de prédilection, aux côtés de Markus Dravs (qui compte sur sa longue liste d’illustres clients Coldplay, Mumford & Sons et Arcade Fire), WALLS marque un nouveau départ sur des bases plus stables pour les quatre Followill. Les trois frères et leur cousin, désormais pères et/ou mariés, clament un retour aux sources.

Premier clin d’œil à leurs débuts : l’artwork. Peu habitués à se pavaner sur la pochette de leurs albums, Caleb, Jared, Matthew et Nathan Followill affichent uniquement leurs visages sur Youth & Young Manhood, leur tout premier LP, et sur ce nouvel opus. Mais alors qu’ils apparaissaient à l’époque chevelus, barbus et débraillés, ils se montrent ici maquillés, rasé de près, le teint frais, lisse et brillant. Frais et lisse, comment mieux décrire cet album ? Brillant, légèrement moins. Ce désencrassage sur l’artwork est à l’image de l’évolution de leur musique. Loin des jeunes paumés et fougueux de Nashville de leurs débuts, les quatre Followill sont désormais des hommes, qui remplissent des arènes, sont têtes d’affiches de festivals et passent sur toutes les radios.

 

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Kodaline investit l’Olympia

Le mardi 8 mars 2016 l’Olympia a revêtu les couleurs de l’Irlande. Les dublinois Kodaline ont fait résonner leurs ballades pop-rock entre les murs de la salle mythique. Tout en simplicité et en émotion, le groupe a une fois de plus délivré un set sans faute dans la capitale.

Projeté sur le devant de la scène en 2013 avec le single « All I Want », Kodaline s’impose désormais comme un des groupes incontournables de la scène indé. Après l’immense succès de leur premier album, In a Perfect World, les quatre irlandais ont relevé le difficile défi de revenir avec un second opus tout aussi réussi, Coming Up for Air. Après l’avoir défendu sur la scène du Trianon il y presque un an jour pour jour, Kodaline revient dans la capitale pour cette fois donner la part belle à leurs deux albums.

C’est All Tvvins qui est chargé d’ouvrir le bal lors de cette soirée 100% irlandaise. Le duo, lui aussi originaire de Dublin, mélange guitares rock et sonorités électro, le tout porté par une énergie débordante. Même si la salle n’affiche pas complet, c’est sous les acclamations de fans enthousiastes que Kodaline entre en scène. Le groupe lance son concert avec le pop et rythmé « Ready », qui fait vite se dandiner la foule.
Si on a connu Steve Garrigan en meilleure forme vocale (il se remet d’une maladie), le chanteur assume désormais pleinement sa position de frontman, sans pour autant écraser ses acolytes. Jonglant entre clavier et guitare, le chanteur est complice avec son public, tout comme le bassiste Jason Boland. Mark Prendergast, à la guitare et Vinnie May à la batterie, sont plus en retrait.

 

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Halsey électrise La Cigale

Alors qu’elle triomphe depuis plusieurs mois de l’autre côté de l’Atlantique, l’artiste électropop Halsey commence timidement à se faire connaître en France. Mercredi 9 mars 2016, elle donnait son tout premier concert parisien à la Cigale. Charisme hypnotisant, univers à part entière et compositions terriblement efficaces, la jeune chanteuse de 21 ans a déjà tout d’une grande.

Son concert au Madison Square Garden affiche complet, l’étape européenne de sa tournée mondiale, le Badlands Tour, qui se termine ce soir à Paris, a été saluée unanimement, son dernier single inonde les radios du monde entier… Bref, Halsey s’impose comme la nouvelle sensation pop.

Originaire du New Jersey, Halsey, de son vrai nom Ashley Frangipane, se fait d’abord connaître en postant des covers sur Youtube. Petit à petit, elle se créé une fan base fidèle qui dépasse désormais le millions de followers sur Twitter. Le label Astralwerks la repère sur Soundcloud et tout s’enchaine pour Halsey. Elle publie un EP, « Room 93 », puis un album, « Badlands », vendu à un million d’exemplaires depuis sa sortie aux Etats-Unis fin août. Pur produit d’internet, la chanteuse doit en grande partie son ascension fulgurante à sa notoriété sur les réseau sociaux. Notoriété qui explique que la Cigale affiche complet depuis des semaines, alors que l’exposition médiatique de la chanteuse dans l’hexagone est quasi-inexistante.

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Le stage en PQR

Dans l’imaginaire collectif, le journaliste ressemble quasi-systématiquement à cette image un peu dépassée du petit reporter local, un appareil photo argentique autour du cou et un calepin sous le bras. Une rapide recherche sur Google Images vient conforter ce fantasme. C’est en ce petit personnage romanesque que je me suis transformée pendant deux mois, en intégrant la rédaction chartraine du quotidien l’Écho Républicain, pour passer par une étape classique du parcours de l’apprenti journaliste : le stage en PQR. 

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S’il y a une ligne qui semble incontournable sur le CV d’un journaliste, c’est bien le passage par la presse quotidienne régionale, a.k.a. la fameuse PQR. Ultra formateur, il permet de découvrir l’essence du métier. Pour ma première expérience professionnelle dans le monde des médias, c’est au sein de la rédaction chartraine du journal l’Écho Républicain, à Chartres, que j’ai fais mes premiers pas. Fort de cinq agences, le journal a pour mission de couvrir l’actualité de l’Eure-et-Loir et du sud des Yvelines. Créé en 1922, le quotidien est passé dans les mains du groupe Amaury avant d’être récupéré en 2010 par le groupe de presse Centre-France. 

Du rédacteur en chef aux abords austères au rythme intensif, ma vision caricaturale de ce milieu n’était finalement pas si éloignée du réel. Enfin, à quelques détails près. Si j’ai bien noirci plusieurs calepins, j’ai troqué l’appareil photo pour un iPhone. Quant aux autres clichés que j’avais en tête, pas de déception. En premier lieu, la grande salle centrale de rédaction. Abritant une bonne moitié de la trentaine de journalistes qui travaillent pour l’agence chartraine du journal, elle semblait tout droit sortie du film Les Hommes du Président. Je m’attendais presque à voir Robert Redford surgir en brandissant un nouvel élément sur l’affaire Watergate.

Autre rituel incontournable et authentique : la conférence de rédaction, chaque matin à 9h15. Pendant trente minutes, nous devions prévoir les sujets de la journée, répartir les rendez-vous et évènements du planning entre les différents membres de l’équipe, faire le point sur les papiers et proposer de nouvelles idées de sujets. Le tout sous l’œil attentif du rédacteur en chef. Ces réunions étaient toujours synonymes d’excitation car j’arrivais chaque matin sans connaître précisément mon programme du jour, et ressortais de conférence de rédaction avec trois rendez-vous calés dans la journée. Avec ma voiture de fonction estampillée « Écho Républicain », j’empilais les kilomètres de reportage en reportage, alternant entre les bouchons du centre-ville et les routes des campagnes environnantes. Ne pas passer deux mois entiers clouée derrière un bureau face à un ordinateur avec des dépêches AFP pour seule compagnie, mais plutôt au plus près des gens et de l’action, fut un véritable soulagement.

Dans le vif du sujet

Bien sûr, je passais un nombre d’heures relativement conséquent entre quatre murs. Pour plancher sur mes articles, effectuer de longues recherches en amont, me prêter au jeu de l’interview téléphonique et surtout, pour apprendre à dompter le fameux logiciel de gestion de contenus Méthode, d’Eidos Médias. C’était sur ce logiciel que j’accédais au chemin de fer virtuel du journal, et il ne me restait ensuite plus qu’à trouver l’emplacement de mon article. Mais le coeur de mes missions, c’était sur le terrain. Quand je n’étais pas accompagnée par le photographe de la rédaction, c’est avec mon fidèle iPhone que je me chargeais de prendre photos et vidéos, à destination du site web du journal. Échanger avec des acteurs divers, partager des tranches de vie, des expériences et des initiatives fut mon quotidien pendant deux mois. Très égoïstement, la principale raison pour laquelle je souhaite faire du journalisme, c’est pour rencontrer des gens et m’enrichir, me cultiver constamment. Quel plus beau métier que celui qui permet de s’ouvrir l’esprit chaque jour en apprenant à mieux connaître le monde, et donner la parole aux acteurs qui le font bouger ? Côtoyer les gens permet de mieux comprendre et de donner vie à un sujet de manière concrète. Sans établir un véritable rapport humain, il est impossible d’appréhender le sujet dans son intégralité.  

Comme, par chance, j’ai échappé à la fameuse rubrique des chats écrasés, je me retrouvais à faire des grands écarts entre les sujets, passant du tourisme à l’immobilier, de l’agriculture à la culture, d’inondations aux manifestations et, Chartres oblige, à la célèbre cathédrale. J’assistais à des assemblées générales, des conférences de presse, des remises de prix, des spectacles ou des forums, mais mes moments préférés furent sans conteste les échanges en tête à tête. Que ce soit pour discuter religion avec l’évêque de Chartres, loi travail avec des représentants syndicaux ou handicap avec un champion handisport, chacune des ces nombreuses rencontres fut enrichissante. Le rythme et la diversité des sujets traités nécessitent de savoir rebondir et s’adapter à différentes personnalités et différents sujets. Échanger avec quelqu’un qui meurt d’envie de témoigner n’exige pas le même procédé que lorsqu’il faut lui tirer les vers du nez. Parler à un enfant n’a pas grand-chose à voir avec discuter avec un maire ou un jeune entrepreneur. Dans tous les cas, il faut avant tout faire preuve d’empathie tout en gardant un regard critique.

Une expérience enrichissante à tous points de vue

Faire face à des gens aux rangs sociaux si divers, du sans-abri à l’élu local, m’a ouvert l’esprit et m’a surtout permis de développer mon sens du contact. Timide maladive au point de trouver devoir passer un coup de téléphone terrifiant, j’ai peu à peu réussi à mettre de côté mes appréhensions et à prendre confiance en moi. Humainement très enrichissant, ce stage le fut tout autant au niveau technique. Par exemple, j’ai appris l’importance d’écrire de manière succincte et précise. Plutôt habituée aux phrases interminables, j’ai dû énormément travailler sur ce point. Le nombre de pages étant limité et la concurrence entre les cinq rédactions pour obtenir plus de place étant rude, il était impératif de ne pas s’étaler inutilement. Cependant, pas relégués à la dernière page tassés dans un coin, mes articles se retrouvaient parfois en ouverture du journal, et je bénéficiais dans ce cas-là d’une grande liberté dans la mise en page et dans la longueur, seulement limitée par la taille de la page.

Mes différentes missions m’ont aussi enseigné la rigueur et la neutralité. Lorsque j’écrivais des papiers avec des enjeux importants, comme sur un conflit opposant le Conseil départemental à son personnel par exemple, il était primordial de faire attention à ne pas prendre parti et tout contextualiser. Surtout que dans un journal local comme celui-là, sans véritable concurrence dans le département, un papier se retrouve rarement noyé dans un tourbillon d’articles similaires. Les concernés finissent toujours par tomber sur l’article les impliquant.

Si j’ai pu apprendre autant, c’est grâce à quelques membres de la rédaction qui, malgré leurs emplois du temps surchargés, prenaient toujours du temps pour relire mes papiers, me conseiller et m’aider si je butais sur un article. La diversité des journalistes, d’âge et de parcours différents fut enrichissante.

Presse écrite en crise

Dans un registre plus morose, ce stage fut aussi pour moi l’occasion d’observer la crise de la presse papier de l’intérieur. Si l’Écho Républicain est tenu à flot par des acharnés passionnés par leur travail, la plupart de mes collègues posaient un regard assez pessimiste sur l’avenir de leur journal. Lectorat vieillissant qui ne se renouvelle pas, nombre d’abonnements en chute, rentabilisation du site web compliquée, difficulté à trouver sa place entre la presse municipale qui se charge de couvrir les projets, et les réseaux sociaux, vecteur non négligeable de diffusion d’informations au niveau local. Face à tous ces problèmes, le journal mise désormais sur le numérique en développant son application et en étant actif sur les réseaux sociaux. J’ai d’ailleurs pu participer à cette dynamique en effectuant plusieurs live-tweet sur le compte Twitter du journal, ou en écrivant des contenus prévus spécifiquement pour le site, dans des délais beaucoup plus courts que pour le papier.

Mais ce que je retiens, c’est que malgré cette vision inquiétante et tristement lucide de l’avenir de leur profession, une grosse partie de l’équipe restait engagée à 200% dans sa profession, contaminée à jamais par le virus du journalisme. Peu importe la difficulté, la pression, les heures supp’ pas payées et les horaires extravagantes, rares étaient ceux qui se voyaient faire autre chose. Ces difficultés, je les ai côtoyées, aux côtés de trois autres stagiaires, en travaillant gracieusement en totale autonomie et probablement autant que le reste de la rédaction. Et même si ces deux mois ont été assez éprouvants, je suis plus convaincue que jamais que le journalisme, c’est fait pour moi.

Malgré un avenir qu’on tend à prévoir sombre, la presse quotidien régionale reste, à mon avis, la meilleure des école. S’investir dans la rédaction d’un quotidien local permet d’acquérir les bases du métier de journaliste, valable aussi bien sur le web, qu’en télé ou en radio. Imaginer des sujets, trouver et prendre contact avec les acteurs concernés, aller sur le terrain, pêcher des informations intéressantes, écrire rapidement et rigoureusement, développer des rapports humains … Les apprentissages que j’ai tiré de ce stage sont indénombrables. Et puis, voir son nom sur la première page du journal qu’on a vu traîner toute sa vie dans les kiosques, boulangeries et commerces de sa ville d’enfance, c’est plutôt sympa.

Cléa Jouanneau