Com’One Média : stage technique

Com’One Média est le média officiel du groupe d’écoles EDH, c’est-à-dire l’EFAP, l’ICART et l’EFJ, et ce depuis 2006. Autrefois exclusivement radiophonique, il s’ouvre depuis peu aux productions audiovisuelles et dispose à présent d’un site associé : Com One Média.

Préambule

Après un premier stage au sein d’une rédaction (le lien pour le rapport de stage est par ici, mon curriculum vitae est ) à la tendance « geek », durant lequel j’ai passé la majorité de mon temps à faire du desk, je décidais de trouver un stage légèrement différent, afin de découvrir plus avant les nombreux métiers entourant le journalisme.

Je parvins finalement à trouver un stage au sein de Com One Média, le studio radiophonique et télévisuel du groupe EDH, après avoir effectué d’infructueuses démarches auprès d’autres médias. Le but de ce stage, et ce malgré sa flagrante différence d’avec le premier, était de comprendre comment l’on pouvait créer, produire et réaliser une émission, qu’elle soit radiophonique ou télévisuelle, en prévision des élections présidentielles de 2017, afin de ne pas être pris au dépourvu, notamment au niveau technique.

Même si cela ne s’inscrit pas nécessairement dans mon projet professionnel, je considère que toute expérience est bonne à prendre, en particulier dans les domaines techniques, qui sont généralement plus difficiles à appréhender, de mon point de vue.

Dissection de l’entreprise

Tout tourne autour d’un professionnel du son, Etienne Pozzo, et du studio de production. Outre son travail d’ingénieur du son, Etienne Pozzo est aussi le réalisateur des directs tournés dans le studio, et aide les étudiants à créer leurs propres émissions audiovisuelles. Le studio, quant à lui, est articulé autour d’un plateau-radio, d’un plateau-télé, d’une newsroom et enfin d’une régie, ou control-room. Tout cela est à la disposition des élèves du groupe EDH (la newsroom exceptée, qui est réservée à l’EFJ) afin de les aider à concrétiser leurs projets et à les produire, à l’instar de la Face B, une émission de radio portant sur l’actualité musicale créée par un élève en 3ème année à l’EFJ.

comone

Pour entrer en tant que stagiaire au sein du studio, nul besoin d’avoir une bonne connaissance des outils : une bonne volonté et l’esprit d’équipe sont largement suffisants. Ce stage est là pour justement permettre aux élèves d’acquérir lesdites connaissances.

Missions des stagiaires

Les stagiaires s’occupent généralement des tâches administratives, ce qui va de la location de matériel d’enregistrement à la préparation des plateaux pour l’enregistrement, voire la diffusion d’émissions en direct.

Auprès d’Etienne Pozzo, nous apprenons donc à préparer les plateaux, à mettre en place des fonds verts afin d’y incruster numériquement des images en temps réel lors de la prise de vue.  On apprend aussi à utiliser différents logiciels d’enregistrements audio, tel que Soundforge ou Audacity. On use aussi de Vmix, qui permet de gérer un enregistrement vidéo, de préparer des incrustations et de diffuser en direct une émission sur Internet, que ce soit sur Facebook ou Dailymotion (par exemple).

Les stagiaires ont ainsi la possibilité d’enregistrer des émissions, audios ou vidéos, sans qu’Etienne Pozzo n’ait besoin d’être présent pour superviser les opérations. Être stagiaire au sein de Com One Média, c’est développer un certain sens de la débrouillardise et de l’autonomie (ou autant que faire se peut), afin de pouvoir faire face aux nombreux imprévus entourant. C’est aussi découvrir, à petite échelle, comment on prépare une émission de radio ou de télévision, en amateur certes, mais il s’agit d’une expérience technique qui a le mérite de faire découvrir un aspect du journalisme bien différent de l’écriture d’articles ou de chroniques, en présentant l’envers du décor.

Conclusion

Ce n’est pas nécessairement une branche dans laquelle je me destine, pour autant je considère que cette expérience fut enrichissante dans bien des domaines. Le travail technique effectué en amont des émissions de radio ou de télévision est important en soi, tout autant que celui effectué par les chroniqueurs et les journalistes.

Apprendre à user d’une console de commande radiophonique m’a donné un certain aperçu de ce que demande la réalisation d’une émission, des réflexes à posséder pour la mener à bien. J’ai aussi découvert comment on interagit avec l’équipe nous entourant, que ce soient les chroniqueurs ou les techniciens.

Pour conclure, c’est un stage qui m’a beaucoup apporté, sur bien des aspects, et c’est aussi un stage que je recommande à ceux et celles qui souhaitent s’engager dans la partie technique de la production d’émissions, afin de découvrir, à petite échelle, les tenants et les aboutissants de ce secteur d’activités.

Remerciements

Je remercie en premier lieu Etienne Pozzo pour m’avoir accepté comme stagiaire et montré une partie du métier d’ingénieur-son, tout en me confiant quelques responsabilités vis-à-vis des émissions qui furent tournées au studio. Enfin, il m’a fait découvrir (indirectement et par mimétisme) les joies du montage et du mixage audio, qui est devenu pour moi un petit péché mignon.
Je remercie aussi Nicolas, un intervenant ayant été engagé lors d’une période de directs quotidiens afin d’assister l’équipe en place en prenant en charge la vidéo, pour m’avoir apprit à monter efficacement un plateau, ainsi que pour sa patience à mon égard.

Interview d’Etienne Pozzo

Antoine Barré : Pouvez-vous revenir sur votre parcours en tant qu’ingénieur du son ?
Etienne Pozzo : J’ai appris sur le tas. Mes premières expériences en radio eurent lieu en 1981, après la libération des ondes par Mitterand. J’ai donc pu accéder assez facilement à des studios radios (amateurs, ndla), dans lesquels j’ai pris assez naturellement le rôle de réalisateur d’émissions. J’ai ensuite participé à des disques, et à des scénographies sonores pour des expositions au Louvre ou bien au Grand Palais, par exemple. Par la suite, j’ai créé des journaux, à terme d’entreprises publiques, comme SONACOTRA (aujourd’hui Adoma, ndla). On faisait un journal hebdomadaire, et l’on travaillait pour le logement très social, c’était très intéressant. J’ai fais de même pour la Fondation des Orphelins d’Auteuil. Nos journaux audios se consultaient par téléphone, puisque l’on était dans les années 1990, ensuite sur Internet, avec de l’image en plus.

A partir des années 2000, je deviens directeur audio de la société STANCES, où l’on développe des contenus de musique à l’image. On fait des captations de concerts, on part à New-York, à Los Angeles, on commence à se créer une réputation et, aujourd’hui, on est certainement la seule équipe de son, au sein de la blogothèque et de STANCES, à avoir le droit de signer notre son en tant que réalisateur audio.

A. B. : Depuis combien de temps travaillez-vous au sein du groupe EDH et comment y-êtes-vous entrés ?
E.P. : Pour les mêmes raisons qui m’on fait débuter ma carrière, ce fut fait en parallèle. En 1986-1987, je rencontre, au sein de la radio dans laquelle je travaillais, un type qui était intervenant à l’EFAP. Il me demande si je ne voulais pas installer du matériel dans son école et, comme j’aime bien les connectiques et les choses comme ça, j’installe le premier studio de l’école, en 1987 et, à la suite de cela, un des directeurs me demande de participer à un jury. A l’époque, j’étais tout jeune, j’avais une émission qui marchait pas trop mal, qui s’appelait les Laid Comers, qui regroupait des personnes diffusant toutes sortes de musiques, allant du classique à celle de l’époque, la punk, on mélangeait tout cela et on le vendait dans les festivals, à des radios, on devient interviewers pour RMC, mais exclusivement musique.

Je fais donc partie du jury, à cause de cette modeste petite notoriété. On me demande ensuite si je veux donner des cours. j’ai naïvement dis « Oui ». On est en 1988. Je n’étais pas très bon, j’étais trop jeune, mais j’avais le temps d’apprendre. Je pars en 1995. A l’époque, l’école ne se portait pas très bien, était concurrencée par d’autres écoles créées sur le même modèle. Je suis parti 5 ans. En l’an 2000, on me rappelle et on me propose de revenir. Cette pause de cinq ans, et l’expérience que j’ai acquis durant les dix années précédentes, font que je me rend compte que j’adore ça, que j’ai un véritable intérêt envers la pédagogie. C’était une époque où l’on pouvait produire plus de choses, et plus rapidement grâce aux nouvelles technologies.
Internet arrive ensuite et, très rapidement, en 2006, nous faisons notre premier direct audio, en même temps que les précurseurs.

A.B. : Depuis 2006, vous dirigez Com One Média, le groupe de production affilié au groupe EDH. Comment et pourquoi fut-il créé ?
E.P. : C’était en soit assez logique. La technologie s’y prêtait. Quand Internet est arrivé, entre 1992 et 2001, on tâtonnait : la taille des « tubes » ne permettait pas de diffuser des sons, ou mal, et encore moins des images. Il y eut des tentatives, par Akemail entre autre, qui était un gros fournisseur d’accès américain, et avec qui on avait travaillé.

Toutefois, il était logique, en 2006, que le travail des étudiants qui était enregistré en situation de direct se retrouve en direct. Du coup, il fallait créer une marque, et cela a permit de structurer les choses puisque tous les étudiants de l’EFAP, et Dieu sait s’il y en a eu, passaient par cette formation et l’on se retrouvait avec 500 ou 600 reportages par an, tous structurés de la même façon, ce qui a mit en place un cahier des charges précis et élaboré au cours des années. Il est donc logique qu’en 2016, à cause de la taille des tubes et des technologies ayant évolué, que nous rajoutions la « couche image » aux productions.

Aujourd’hui, le cahier des charges continue à se perfectionner. Il y a trois ans, nous faisions 2 millions de pages vues avec une trentaine de groupes et des émissions-phares, des partenaires, des invités de prestiges, etc… La nouvelle direction a observé ce que nous faisions et a considéré que nous ne devions pas fermer le projet, au contraire, et a investi dans un nouveau studio et cette année a relancé le fait de faire passer les étudiants par cette formation. Et cela marche, nous sommes nous-mêmes impressionnés.

A.B. : Les premières productions audiovisuelles eurent lieu durant l’année scolaire 2015-2016. Cela a-t-il provoqué un changement de politique dans le studio ?
E.P. : Nous avons été très ambitieux, mais nous pouvons dire aujourd’hui que nous ne nous sommes pas trompés. On s’est dit qu’on pouvait user d’une technologie particulière, faire entrer les outils que les étudiants ont au quotidien dans une chaine de production « broadcast ». Il a fallu l’inventer, parce qu’elle n’existait pas, même s’il y avait des pistes. Nous avons mis la notre au point. Après un an d’exploitation le constat, aussi bien en termes de choix technique que de choix logistique, nous montre que nous avons eu raison.

Il y a ensuite un second aspect, qui est évident : quand nous avons proposé le projet à la direction, il y a deux ans, nous argumentions en expliquant que tout le monde voudrait se mettre à faire des directs, y compris nos concurrents. Notre chance, c’est qu’on en faisait déjà depuis longtemps. Il suffisait alors de faire évoluer nos méthodes pour que la « couche image » vienne s’intégrer. La première année fut difficile, nous avons beaucoup transpiré, et aujourd’hui, nous avons un mode de fonctionnement plutôt régulier, la machine est repartie et les résultats sont au-delà de notre espérance.

Aujourd’hui, parmi les groupes qui arrivent pour la première fois pour un direct, les meilleurs font 6 000 vues en une heure, juste avec la communication. Il n’y a pas eu un changement de politique, mais l’acquisition d’un outil et l’adaptation d’une méthode.

A.B. : Pour finir cette interview, projetez-vous de faire des innovations particulières dans le studio prochainement ?
E.P. : En tant que responsable de projet, j’ai toujours dit qu’il fallait prendre son temps et évoluer par étapes. La première étape était conséquente, avec notre propre technologie propriétaire, qui est tout à fait exportable. Elle peut même être un exemple pour les boites de production. La semaine dernière, ZADIG PRESSE est venu visiter le studio pour s’inspirer de notre « modèle de fabrication ». C’est bien la preuve que l’on est dans l’air du temps. On a les films Jack Fébus qui ont utilisé nos étudiants dans le cadre d’un festival, toujours avec cette idée « MoJo », que développe Jacques Rosselin, le directeur de l’EFJ. Et ça a très très bien marché. Nous étions dans un domaine professionnel, avec une obligation de résultat « broadcast », et on a été en mesure de le faire avec les étudiants de l’EFJ et avec notre technologie.

La seconde étape débutera durant le mois de Janvier 2017. Après avoir observé le studio en production et les acteurs qui participent à la fabrication, c’est-à-dire les étudiants, les formateurs, les techniciens que l’on fait intervenir, on passe à la seconde étape. On acquiert du matériel indispensable : des « capteurs », pour remplacer le terme « caméra », pour avoir de l’image, on continuera à utiliser des smartphones, il n’y a aucune raison pour que l’on arrête, bien au contraire, on s’en servira même de mieux en mieux. Ensuite, nous achèterons de la lumière, pour combler notre déficit en la matière, et enfin un peu de matériel audio.

Pour la deuxième étape, on enrichira donc le studio d’outils supplémentaires, avec toujours à l’esprit de ne pas mettre à la disposition des étudiants un matériel inadapté, c’est-à-dire trop conséquent. Il ne faut pas donner trop de moyens. Le fait de restreindre les moyens mis à sa disposition permet à l’étudiant et à l’encadrant de trouver des subterfuges techniques et d’inventer. Dans les métiers de la production audiovisuelle, il y a beaucoup d’inventeurs, de Géo Trouvetout, et c’est quelque chose qu’il faut conserver.

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