Mike Pence, l’alternative conservatrice

Une semaine avant le 1er tour des élections présidentielles américaines, focus sur le «running mate» de Donald Trump, inconnu du public français, qui donne un nouveau souffle à l’image du courant républicain.

 

Les observateurs attendaient Chris Cristie du New Jersey, ou l’ancien président de la chambre des représentants Newt Gingrich. Le 15 juillet dernier, c’est finalement Mike Pence, 57 ans, qui acceptait le poste de colistier républicain pour les élections présidentielles américaines. Sa mission principale sera de faire contrepoids à la personnalité extravagante de Donald Trump, qui peine à séduire l’aile traditionnelle du «Grand Old Party»

Natif d’une famille irlandaise catholique de Colombus dans l’Indiana, Mike Pence, avocat de profession, est élu à la Chambre des représentants fédéraux américains en novembre 2000. Régulièrement réélu jusqu’en 2013, date de son investiture au poste de gouverneur de l’Indiana, il préside aussi le groupe du parti Républicain de 2009 à 2011.

« Chrétien, conservateur, républicain », un candidat qui casse l’image Trump…

Proche du mouvement du «Tea Party», l’homme, qui soutenait préalablement Ted Cruz lors des primaires républicaines, se définit comme «Chrétien, conservateur, républicain, dans cet ordre». Tout le contraire de son candidat en somme, propriétaire de casinos, divorcé deux fois et dont le pape en personne a remis en cause les valeurs chrétiennes. Dans le passé et dans un présent plus proche,il a fait des déclarations assez contradictoires avec la ligne dure de Trump.

Economiquement parlant, le running mate défend traditionnellement un libéralisme cher au parti, par opposition aux positions très protectionnistes de Trump.

En 2002 déjà, il votait la résolution permettant l’invasion en Irak, comme Hillary Clinton, et plaidait en faveur de l’augmentation des budgets militaires. Lors de la crise ukrainienne en 2014, Mike Pence critiquait fortement Vladimir Poutine et appelait les Etats-Unis à resserrer leurs liens avec l’OTAN, lorsque le candidat républicain, en rapprochement avec l’Etat Russe, désirait sortir de l’organisation. Dans la même veine, l’actuel colistier s’est prononcé en faveur de l’accord de partenariat transpacifique. Enfin plus récemment, il avait jugé «insultante et inconstitutionnelle» la proposition de Trump d’interdire l’entrée des musulmans sur le territoire américain. L’autre plus-value de l’homme d’importance notable, est son réseau entretenu avec les républicains du Congrès. Il est notamment soutenu par le président de la chambre des représentants Paul Ryan.

…pourtant adepte d’une idéologie très radicale.

Mais on ne perd pas non plus les bonnes habitudes du parti. Car si Pence est très populaire dans la branche traditionnelle du parti, c’est aussi parce qu’il tient des positions radicales, et est plus facile a situer sur l’échiquier politique que son candidat.

En tant que gouverneur de l’Indiana depuis 2013, il a maintes fois pris position contre le mariage homosexuel et l’avortement, dont il a par une loi durci les conditions d’admissions à la procédure dans son Etat. On a d’ailleurs beaucoup parlé de lui en 2015, lorsqu’il fait passer une loi (finalement bloquée par la justice fédérale), permettant aux commerçants et entreprises de refuser d’embaucher ou de servir homosexuels et lesbiennes, mais aussi juifs et musulmans au nom de leurs principes religieux.

Mike pence s’est également opposé, en tant que gouverneur de l’Indiana, au financement des personnes atteintes du VIH, notamment un programme d’échange de seringues pour réduire les risques de transmission du virus.

Par ailleurs, et malgré ses critiques des propos de son candidat, il a cherché à interdire l’installation de réfugiés syriens au sein de son fief, dans le contexte des attentats parisiens de novembre 2015. Enfin, s’il s’est dit choqué par les déclarations sexistes de Trump, il n’a pas réussi avec son radicalisme à convaincre l’électorat féminin, déjà fortement repoussé par le candidat républicain.

On l’aura compris, Mike Pence est là avant tout pour rassembler les républicains traditionnels. Cependant il risque de n’être d’aucun secours pour aider Donald Trump à convaincre les indépendants, les républicains modérés ou les démocrates indécis, pour le compte du parti conservateur.

 

CYRIL BRAS

EFJ2

 

Sources:

-ATLANTICO – Trump et Pence, deux novices en relations internationales dans un monde dangereux – 18 juillet 2016

-LIBERATION.FR – Qui est Mike Pence le colistier de Trump? – 15 juillet 2016

-L’OBS.FR – 10 choses à savoir sur le colistier républicain,Mike Pence, L’anti trump – 18 juillet 2016

-LCI.FR – Elections américaines: Mike Pence le Monsieur propre de Donald Trump – 04 octobre 2016

-LEMONDE.FR – Donald Trump lâché par une partie des républicains avant le deuxième débat – 09 octobre 2016

-FRANCE24.FR – Mike Pence, la caution chrétienne et conservatrice de Donald Trump – 22 juillet 2016