Ce 29 octobre 2015, le prix Sakharov pour la liberté d’esprit, décerné par le Parlement Européen, a été attribué au blogueur saoudien Raif Badaoui.
Emprisonné depuis 2012, le blogueur de 31 ans est le créateur et l’animateur du site internet libéral Free Saudi Network Liberals, plateforme en ligne dédiée au débat politique et religieux en Arabie Saoudite.
Il a été condamné en mai 2014, pour cybercriminalité et « insulte envers l’Islam« , à dix ans de prison, une amende d’un million de riyals (environ 226 000 euros) et mille coups de fouets (à raison de 50 coups de fouets par semaine pendant 20 semaines). En cause, son attitude critique, jugée irrévérente envers les autorités religieuses d’Arabie Saoudite, et plus particulièrement certains de ses écrits sur la police religieuse, dans un pays qui sanctionne toute critique contre la famille royale ou la religion.
Raif Badaoui est une figure de la lutte pour la liberté d’expression : Il figurait sur la liste des favoris pour le prix Nobel de la paix cette année et son site est l’un des trois lauréats du Prix 2014 pour la liberté de la presse décerné par Reporters sans Frontières.
« ll est devenu, certainement pour beaucoup de gens en Europe, dans ce monde digital dans lequel ils se battent pour les droits fondamentaux, un symbole » – Martin Schultz, Président du Parlement européen
Des demandes réitérées de libération
L’organisation Reporters sans Frontières a demandé à plusieurs reprises au roi d’Arabie Saoudite de gracier le blogueur, ajoutant cette requête à celles des nombreuses voix qui se sont adressées à l’Arabie Saoudite pour obtenir sa grâce. Devant les parlementaires réunis en session plénière, Martin Schultz, le Président du Parlement européen a, ce 29 octobre, également appelé le roi Salmane à « mettre fin à l’exécution de cette peine, à libérer Monsieur Badaoui, à lui permettre de retrouver sa femme » et à demandé à ce qu’il puisse venir recevoir son prix en décembre 2015.
Un risque de reprise des flagellations
Le tollé international provoqué par la condamnation du blogueur avait permis de suspendre la mise en application de sa peine de flagellation, après qu’une cinquantaine de coups de fouets lui aient néanmoins déjà été infligés en public le 9 janvier dernier. Mais, l’Arabie Saoudite refuse jusqu’à présent de céder aux pressions internationales et de libérer Raif Badaoui. La Cour suprême a même confirmé sa condamnation en juin dernier. Il y a quelques jours, son épouse, qui s’est réfugiée au Canada avec ses enfants, suite à des menaces de mort, a prévenu la communauté internationale que les séances de flagellation pourraient bien reprendre prochainement.
Fondé en 1988, le prix européen Sakharov pour la liberté de l’esprit a pour vocation d’attirer l’attention sur les violations des droits de l’homme tout en apportant son soutien aux lauréats et aux causes pour lesquelles ils se battent.