Cuba veut Guantanamo

Avec la visite historique du Président américain à Cuba, la question de Guantanamo s’est invitée dans les discussions entre Barack Obama et Raùl Castro. La prison, ouverte par G.W. Bush sur une base militaire américaine, retient encore une centaine de prisonniers au nom de la lutte anti-terroriste.

Barack Obama n’a plus que neuf mois pour fermer Guantanamo et ainsi honorer une des promesses qui a permis son élection en 2008. De son côté, Raùl Castro veut récupérer le contrôle entier de la baie de Guantanamo. Il appelle le Président américain à «rendre le territoire occupé illégalement par la base navale américaine». Cela pourrait obliger les Américains à se séparer de leur très stratégique base navale, et dans le même temps enlever une belle épine du pied d’Obama.

Mais comment expliquer que les Américains aient un pied à terre dans un pays qu’ils ont placé pendant plus de 50 ans sous embargo ? C’est en fait une vieille histoire : le conflit hispano-américain de 1898 a permis aux E-U d’installer leur base navale dans la baie de Guantanamo au Sud Est de Cuba.

Après quelques années de tolérance cubaine, un traité offre en 1934 la possibilité aux Américains de s’y installer durablement contre un loyer de seulement 4 000 dollars par an. Ce bail, que Raùl Castro remet aujourd’hui en cause, garanti aux Américains un contrôle total de la baie.

Problème, c’est sur cette base navale qu’est installée la prison anti-terroriste de Guantanamo.

A l’origine secrète, elle est rapidement devenue célèbre pour ses multiples scandales. Torture par l’eau, humiliations et détenus mineurs : un vrai «goulag moderne» rapporte Amnesty international en 2005. Malgré des mouvements de contestation jusque devant la Maison-Blanche, la prison de la honte est toujours en activité.

La visite historique du Président américain n’a pas effacé les divergences de fond que connaissent les deux pays. La priorité de Cuba étant la fin des sanctions économiques, la question est passée au second plan.

Mais fermer Guantanamo fait bien partie des plans d’Obama : «Garder cette prison ouverte est contraire à nos valeurs. Cela mine notre prestige dans le monde» a réaffirmé le Président américain cette année».

Et cette volonté ne date pas d’hier : il avait déjà tenté de fermer la prison, par décret, dès son arrivée à la Maison-Blanche en 2009. La procédure s’était alors heurtée à des problèmes juridiques.

Le vingt-trois février dernier, Obama présentait son ultime plan pour «refermer le chapitre» Guantanamo en transférant les détenus dans treize lieux sélectionnés sur le territoire américain. Mais cette fois c’est au Sénat que ça bloque. A majorité conservateur, le Parlement rejette en bloc cette éventualité. Le Président du groupe républicain au Sénat, Paul Ryan, affirme qu’Obama «met en jeu la sécurité nationale pour une promesse de campagne».

Peu de chance que la question Guantanamo ait évoluée avant la prochaine rencontre entre les Etats-Unis et Cuba.

T.T

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