Grand Ouest contre Grand Paris : les dessous d’une fusion Hauts-de-Seine – Yvelines

Un grand projet de fusion a été lancé et devrait voir le jour rapidement selon Patrick Devedjian et Pierre Bédier.

Ce fut la surprise politique de la nouvelle année pour l’Ouest parisien. Les Yvelines et les Hauts-de-Seine ne feront bientôt qu’un si l’on en croit leurs présidents. Dans leurs vœux communs pour 2016, le 12 janvier à Marnes-la-Coquette, Patrick Devedjian et Pierre Bédier ont insisté lourdement sur les avantages économique d’une fusion entre leurs départements.

Mais l’enjeu politique est beaucoup plus important qu’ils ne veulent bien l’avouer. La volonté des deux hommes de concurrencer le Grand Paris, voulu par la gauche, a été «la véritable motivation du projet» selon un proche de Devedjian. Objectif : bâtir un super-département, une forteresse de la droite et ainsi faire contre-poids au Paris d’Anne Hidalgo. A peine annoncé, le projet «déstabilise déjà pas mal de monde» se réjouit-on dans l’entourage du président du 92.

La droite voudrait également mettre son bastion des Hauts-de-Seine à l’abri d’une réforme territoriale, de gauche, prévoyant la fusion de la petite couronne. Le département voisin des Yvelines apparaît comme une solution logique pour esquiver le projet du Manuel Valls.

Un nouvel échiquier politique

Nouveau département, nouveau découpage ? Pas vraiment si l’on en croit un membre du conseil départemental du 92 : «la fusion ne nécessitera pas une refonte de la carte électorale». La question de la redistribution des postes dans le futur conseil n’a pas encore été abordée même si obligatoirement il y aura des doublons, «c’est sûr, certains devront partir».

Les conseillers départementaux (élus en mars 2015) n’ont, eux, pas de souci à se faire, si la carte électorale ne bouge pas, aucun élu ne risque de perdre son siège au Conseil. Cependant, il ne peut y avoir qu’un seul président et c’est Patrick Devedjian (LR) qui devrait se dévouer pour diriger le nouveau département.

L’Ile-de-France, un soutien de poids

La nouvelle présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, qui a priori, a tout intérêt à soutenir la fusion 78-92 constitue une alliée de poids pour les deux hommes. Tout laisse à penser qu’ils ont attendu le basculement à droite des régionales de décembre 2015 pour annoncer leur projet de mariage. Pas sûr que l’ancien président PS de la région, Jean-Paul Huchon, aurait été aussi enthousiaste. Une question demeure, comment cette initiative s’intégrera-t-elle dans l’ambition stratégique de la nouvelle patronne de la région et bénéficiera-t-elle de moyens conséquents à la hauteur de la vision du couple Devedjan-Bédier ?

2017 l’année charnière

L’avenir reste cependant conditionné au résultat de la présidentielle de 2017. Si un Président de droite était élu, le projet pourrait bien passer à la trappe reconnaissent certains élus. D’ici là «rien ne va vraiment bouger». La fusion ne serait dans ce cas qu’un écran de fumée dans le but de gêner les projets de la gauche, ce que reconnaît à demi-mot un membre du Conseil départemental. Mais si le projet devait avorter, les collaborations déjà mises en place entre les deux départements resteraient effectives.

Thomas Tissaud

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *