Et si les J.O de Rio étaient annulés…

Cet été se tiennent les Jeux olympiques de Rio de Janeiro au Brésil. Cent ans plus tôt, la Première Guerre mondiale avait contraint le Comité International Olympique d’annuler les Jeux olympiques de Berlin. En 2016, le pays hôte est en pleine crise politique et sociale. Et si les J.O de Rio connaissaient le même sort que ceux de 1916.

Mai 1912 à Stockholm, le Comité International Olympique offre l’organisation des Jeux de 1916 à l’Allemagne. A cette époque, le Titanic vient de sombrer et la Chine s’apprête à signer un accord de paix avec le Tibet. Oui, un accord de paix…

Même si les vérités d’hier ne sont plus celles d’aujourd’hui, certaines choses ne changent pas : les Jeux olympiques ont lieu tous les quatre ans et les politiques continuent de mentir.

C’est bien cette dernière vérité intrinsèque qui pourrait remettre en cause les J.O de Rio.

On ne joue pas avec la guerre

Philippe Pétain en était certain, la guerre n’allait pas durer. Mais la bataille de la Somme fait rage et les casques à pointe attaquent Verdun. On est loin de l’ambiance d’un 400 mètres nage libre…

Le Comité International Olympique n’a d’autre choix que d’annuler les Jeux de 1916, prévus chez un des principaux belligérants.

Ce sera la guerre plutôt que les Jeux. Vous l’aurez compris, les obus remplacent le lancer de poids. Pour les records olympiques, on repassera.

Des records, justement, la Grande Guerre en a fait tomber, et plus d’un; neuf millions et demi de morts et plus d’un milliard d’obus tirés (le contrôle anti-dopage n’étant pas encore au point à l’époque, ces chiffres peuvent être faussés).

Un véritable massacre humain qui inspirera le nom de «la der des ders». Bien-sûr, il n’aura pas fallu longtemps avant que «la der des ders» ne devienne «l’avant dernière der des ders». Dès 1940 les Jeux sont de nouveau annulés, ainsi que ceux de 1944, la faute à la Seconde Guerre mondiale, incapable de faire une pause le temps des olympiades. Zeus, à qui les Jeux olympiques sont dédiés, a dû se retourner sur son nuage.

Médaille d’or de la corruption

Cette fois-ci, c’est de l’autre côté de l’Atlantique que ça se passe mal. Plus exactement là où des milliers d’athlètes rêvent, cet été, de décrocher l’or… olympique.

Car oui, là où se déroulent les Jeux, apparaissent souvent des problèmes.

Pas de neige en 2010 à Vancouver, des milliards en trop dépensés en 2014 pour Sotchi et juste avant les Jeux de Pékin de 2008, les Tibétains manifestaient contre l’occupation chinoise. Mince, le traité de paix n’a pas du fonctionner…

Bref, la flamme des JO n’est pas toujours simple à entretenir. A chaque édition, son lot de complications.

Cette année on ne change pas les bonnes vieilles habitudes. Le Brésil, pays hôte des Jeux, est en train de destituer sa Présidente. Quoi de mieux qu’un pays en pleine crise politico-sociale pour accueillir des Olympiades.  Ces Jeux, les Brésiliens n’en veulent pas et ils l’ont fait savoir dans la rue.

Si la Présidente du Brésil est en cours de destitution, c’est pour s’être retrouvée au coeur d’un scandale d’état. Dilma Rousseff aurait touché des pots de vin après avoir rendu possible la surfacturation de chantiers pour le compte d’une grande entreprise de BTP brésilienne. Je ne vous apprends rien, les surfacturations en France, ça nous connaît.

Mais attendez, ne serait-ce pas tout simplement la malédiction olympique qui a poussée Dilma Rousseff à se faire corrompre ? Cela pourrait lui donner des idées pour sa défense.

D’ici là, rien ne va s’arranger. Oui, Dilma Rousseff va quitter le pouvoir, mais comment se déroulera la transition ? Comment réagiront les millions de soutiens de la Présidente déchue ? Ils montrent déjà leur mécontentement et dénoncent un coup d’état contre leur protégée. Ambiance. Mais la chef d’Etat brésilienne est loin d’être la seule. En réalité, elle n’est que la partie émergée de l’iceberg. Elle symbolise toute une classe politique gangrénée par la corruption.

Bienheureux celui capable de dire où en sera le pays au moment d’accueillir les Jeux olympiques.

Est-ce vraiment sérieux d’imposer un événement sportif d’une telle ampleur à un pays en plein chaos politique ?

Si le pays s’embrase, la question s’imposera au CIO et il faudra libérer le Brésil du poids olympique, nom de Zeus !

T.T

Les secrets de la démission millimétrée de Taubira

Moins d’une semaine après la démission de Christiane Taubira, son essai à charge contre la déchéance de nationalité est en librairie. La nouvelle ex-ministre de la Justice l’a écrit pendant ses vacances de Noël et a souhaité le publier au plus vite. Au lendemain de la sortie, l’éditeur réimprime déjà à 40 000 exemplaires.

L’histoire de ce livre est digne d’une politique-fiction. Christiane Taubira aurait-elle démissionné le 27 janvier si son livre n’avait pas été prêt ? Tout laisse à penser que le départ de l’ex-ministre dépendait en fait de son calendrier médiatico-culturel.

Un jour avant l’annonce officielle du livre, une journaliste de France 2 montre «Murmures à la jeunesse» sur le plateau du 20h. La maison d’édition Philippe Rey n’a «aucune idée» de la manière dont il est arrivé entre ses mains. Un plan médiatique était en place avec le journal Le Monde, qui devait révéler l’existence du livre lundi 1er février. Mais la fuite se transforme en pub, le livre fait les gros titres des matinales le lendemain.

«J’ai reçu un appel de Christiane Taubira le 10 janvier» raconte Philippe Rey, éditeur de «Murmures pour la jeunesse». Alors encore Garde des Sceaux, la ministre lui confie avoir «écrit un texte court sur les sujets actuels» sans vraiment préciser le contenu exact. Elle espère le voir en vente dans un mois et compte sur la discretion de la maison d’édition. P.Rey connait bien C.Taubira, il a déjà réédité son livre «L’Esclavage raconté à ma fille».

En lisant une première fois le manuscrit, il comprend que «le secret absolu» sera nécessaire «qu’elle ne restera pas au gouvernement avec un tel texte». Il s’entoure d’une poignée de personnes de confiance (correcteurs, graphistes…) et décide de tout accélérer afin de publier le livre, pour l’instant top-secret, début février.

Il prend toutes les précautions nécessaires et choisit un imprimeur «digne de confiance» en Espagne. «La DGSI sait tout ce qu’il se passe dans les imprimeries françaises» affirme-t-il.

Les livres sont transportés à Paris dans des palettes opaques et stockés dans un entrepôt secret. Dans le même temps, Taubira démissionne. Ce soir là Canal+ diffuse un numéro inédit de l’émission «Conversation secrète» avec pour invitée Christiane Taubira et tournée le samedi précédent. «Murmures à la jeunesse» arrive dans les librairies trois jours plus tard sous X, «ce qui excite l’appétit les libraires» selon l’éditeur. Philippe Rey a gagné son pari : l’essai de la ministre qui décrédibilise une mesure majeure post-attentat du Gouvernement est en vente le 2 février.

Fin calcul de la stratège Taubira, c’est le 3 février, au lendemain de la sortie de son livre en librairie que la loi sur la déchéance de nationalité arrive à l’Assemblée nationale. Tout laisse à penser qu’un mois avant son départ du Gouvernement, la ministre de la Justice avait tout préparé.

T.T

Cuba veut Guantanamo

Avec la visite historique du Président américain à Cuba, la question de Guantanamo s’est invitée dans les discussions entre Barack Obama et Raùl Castro. La prison, ouverte par G.W. Bush sur une base militaire américaine, retient encore une centaine de prisonniers au nom de la lutte anti-terroriste.

Barack Obama n’a plus que neuf mois pour fermer Guantanamo et ainsi honorer une des promesses qui a permis son élection en 2008. De son côté, Raùl Castro veut récupérer le contrôle entier de la baie de Guantanamo. Il appelle le Président américain à «rendre le territoire occupé illégalement par la base navale américaine». Cela pourrait obliger les Américains à se séparer de leur très stratégique base navale, et dans le même temps enlever une belle épine du pied d’Obama.

Mais comment expliquer que les Américains aient un pied à terre dans un pays qu’ils ont placé pendant plus de 50 ans sous embargo ? C’est en fait une vieille histoire : le conflit hispano-américain de 1898 a permis aux E-U d’installer leur base navale dans la baie de Guantanamo au Sud Est de Cuba.

Après quelques années de tolérance cubaine, un traité offre en 1934 la possibilité aux Américains de s’y installer durablement contre un loyer de seulement 4 000 dollars par an. Ce bail, que Raùl Castro remet aujourd’hui en cause, garanti aux Américains un contrôle total de la baie.

Problème, c’est sur cette base navale qu’est installée la prison anti-terroriste de Guantanamo.

A l’origine secrète, elle est rapidement devenue célèbre pour ses multiples scandales. Torture par l’eau, humiliations et détenus mineurs : un vrai «goulag moderne» rapporte Amnesty international en 2005. Malgré des mouvements de contestation jusque devant la Maison-Blanche, la prison de la honte est toujours en activité.

La visite historique du Président américain n’a pas effacé les divergences de fond que connaissent les deux pays. La priorité de Cuba étant la fin des sanctions économiques, la question est passée au second plan.

Mais fermer Guantanamo fait bien partie des plans d’Obama : «Garder cette prison ouverte est contraire à nos valeurs. Cela mine notre prestige dans le monde» a réaffirmé le Président américain cette année».

Et cette volonté ne date pas d’hier : il avait déjà tenté de fermer la prison, par décret, dès son arrivée à la Maison-Blanche en 2009. La procédure s’était alors heurtée à des problèmes juridiques.

Le vingt-trois février dernier, Obama présentait son ultime plan pour «refermer le chapitre» Guantanamo en transférant les détenus dans treize lieux sélectionnés sur le territoire américain. Mais cette fois c’est au Sénat que ça bloque. A majorité conservateur, le Parlement rejette en bloc cette éventualité. Le Président du groupe républicain au Sénat, Paul Ryan, affirme qu’Obama «met en jeu la sécurité nationale pour une promesse de campagne».

Peu de chance que la question Guantanamo ait évoluée avant la prochaine rencontre entre les Etats-Unis et Cuba.

T.T

Grand Ouest contre Grand Paris : les dessous d’une fusion Hauts-de-Seine – Yvelines

Un grand projet de fusion a été lancé et devrait voir le jour rapidement selon Patrick Devedjian et Pierre Bédier.

Ce fut la surprise politique de la nouvelle année pour l’Ouest parisien. Les Yvelines et les Hauts-de-Seine ne feront bientôt qu’un si l’on en croit leurs présidents. Dans leurs vœux communs pour 2016, le 12 janvier à Marnes-la-Coquette, Patrick Devedjian et Pierre Bédier ont insisté lourdement sur les avantages économique d’une fusion entre leurs départements.

Mais l’enjeu politique est beaucoup plus important qu’ils ne veulent bien l’avouer. La volonté des deux hommes de concurrencer le Grand Paris, voulu par la gauche, a été «la véritable motivation du projet» selon un proche de Devedjian. Objectif : bâtir un super-département, une forteresse de la droite et ainsi faire contre-poids au Paris d’Anne Hidalgo. A peine annoncé, le projet «déstabilise déjà pas mal de monde» se réjouit-on dans l’entourage du président du 92.

La droite voudrait également mettre son bastion des Hauts-de-Seine à l’abri d’une réforme territoriale, de gauche, prévoyant la fusion de la petite couronne. Le département voisin des Yvelines apparaît comme une solution logique pour esquiver le projet du Manuel Valls.

Un nouvel échiquier politique

Nouveau département, nouveau découpage ? Pas vraiment si l’on en croit un membre du conseil départemental du 92 : «la fusion ne nécessitera pas une refonte de la carte électorale». La question de la redistribution des postes dans le futur conseil n’a pas encore été abordée même si obligatoirement il y aura des doublons, «c’est sûr, certains devront partir».

Les conseillers départementaux (élus en mars 2015) n’ont, eux, pas de souci à se faire, si la carte électorale ne bouge pas, aucun élu ne risque de perdre son siège au Conseil. Cependant, il ne peut y avoir qu’un seul président et c’est Patrick Devedjian (LR) qui devrait se dévouer pour diriger le nouveau département.

L’Ile-de-France, un soutien de poids

La nouvelle présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, qui a priori, a tout intérêt à soutenir la fusion 78-92 constitue une alliée de poids pour les deux hommes. Tout laisse à penser qu’ils ont attendu le basculement à droite des régionales de décembre 2015 pour annoncer leur projet de mariage. Pas sûr que l’ancien président PS de la région, Jean-Paul Huchon, aurait été aussi enthousiaste. Une question demeure, comment cette initiative s’intégrera-t-elle dans l’ambition stratégique de la nouvelle patronne de la région et bénéficiera-t-elle de moyens conséquents à la hauteur de la vision du couple Devedjan-Bédier ?

2017 l’année charnière

L’avenir reste cependant conditionné au résultat de la présidentielle de 2017. Si un Président de droite était élu, le projet pourrait bien passer à la trappe reconnaissent certains élus. D’ici là «rien ne va vraiment bouger». La fusion ne serait dans ce cas qu’un écran de fumée dans le but de gêner les projets de la gauche, ce que reconnaît à demi-mot un membre du Conseil départemental. Mais si le projet devait avorter, les collaborations déjà mises en place entre les deux départements resteraient effectives.

Thomas Tissaud