Une comédie romantique qui casse les codes du genre

Premier film français post mariage pour tous et primé au festival du film d’Alpes d’Huez, Toute première fois c’est LA comédie romantique bien dans son époque. A voir absolument !

Après Les voies impénétrables, mettant en scène des religieuses dégantées, le jeune tandem d’auteurs Noémie Sanglio et Maxime Govare signe Toute première fois. Et il faut croire que le duo aime casser les codes. Ce nouveau long-métrage raconte une sorte de coming-out inversé. Dans un monde bien réel et bien actuel. En tête d’affiche : Pio Marmaï, révélé dans Le premier jour du reste de ta vie et qui interprète avec brio son premier rôle. Celui d’un homosexuel heureux, épanoui et qui à quelques jours du grand « Oui » se retrouve dans le lit d’Adna. Oui oui Adna est bien une femme. Qui plus est, une suédoise aussi drôle qu’attachante. Et pour la toute première fois : il tombe amoureux… d’une femme.

291847 (2)

Trio amoureux, humour, coup de foudre et quiproquos. Les auteurs revisitent les scènes les plus attendues du genre en y ajoutant une pointe de modernité. Le plus ? Un scénario original et beaucoup de fraicheur. En partie grâce au casting. Si Pio Marmaï est parfait dans le rôle de Jérémie, les seconds sont un des atouts majeurs du succès du film ! On retrouve l’explosive Camille Cottin, ou notre Miss Connasse nationale ainsi qu’un couple de parents atypiques, bobos parisiens à fond et pro mariage gay. Mais la médaille d’or revient sûrement à Franck Gastambide alias Charles. Il joue le meilleur pote macho du protagoniste. Il est d’ailleurs, à mourir de rire du début à la fin.

368054

Au delà du casting, Toute première fois s’offre une BO mêlant Big jet Plane, d’Angus et Julia Stone,Saint-Tropez sur scène de Thermo$tar et I put a spell on you, interprété par Screamin’ Jay Hawkins… Mais on redécouvre surtout le célèbre titre I kissed a girl, signé Katty Perry. Symbolique, la chanson est revisitée spécialement pour le film par M et vient rythmer la dernière scène.

Toute première fois n’est sans doute pas la révolution espérée du genre. Mais c’est une comédie légère comme on les aime. Et même comme on les adore.

(Sortie DVD 3 juin 2015)

A trois on y va : triangle amoureux équilatéral

A trois on y va. Si cela sonne comme une incitation à se lancer, ce n’est pourtant que le titre du sixième film de Jérôme Bonnell. Après Le temps de l’aventure, le cinéaste signe une romance…à trois. Une histoire à la fois comique et mélancolique, mettant en scène Anaïs Demoustier, Sophie Verbeeck et Félix Moati.

Les trois acteurs qui entament leur montée dans le 7ème art, incarnent avec brio trois jeunes, légèrement paumés et perdus dans les méandres de l’amour. Ils ne sont plus des ados, mais pas encore de vrais adultes. Ils sont à un point de bascule, au bord d’une vie future. Ils se cherchent, se trouvent, se retrouvent, se perdent. Le réalisateur souligne dans cette œuvre, un sujet qu’il aime tant aborder : le mensonge dans les relations amoureuses, mais aussi la souffrance et la culpabilité qui découlent de l’infidélité. Avec des malentendus et des portes qui claquent, A trois on y va emprunte au Vaudeville, mais avec ambiguïté et vérité des sentiments, l’opus fait également un petit clin d’œil à Marivaux.

Jeunes et épris l’un de l’autre, Charlotte, incarnée par Sophie Vernbeeck aux faux airs d’Alexa Chung et Micha, joué par Félix Moati (révélé dans LOL et récemment vu dans Libre et assoupi) viennent de s’acheter une maison près de Lille. Charlotte le trompe depuis quelques mois avec Mélodie. C’est Anaïs Demoustier (oui, oui on la voit partout, à croire que l’actrice a le don de se dédoubler), qui campe le rôle de la jeune femme. Il ne se doute de rien, mais inconsciemment, se sentant sûrement un peu délaissé, Micha tombe également sous le charme enfantin de Mélodie. Entre textos, quiproquos, malaises et baisers volés, elle se retrouve au sommet d’un triangle amoureux. Elle devient complice du secret de chacun et l’amante des deux… Parce qu’au final, deux personnes qui en aiment tellement une troisième et se voient parce que leurs regards convergent vers elle, finissent inéluctablement par se trouver et tomber amoureuses.

Dans ce genre de relations, là où d’ordinaire le conflit, le mensonge et la jalousie règnent, le cinéaste a su avec beaucoup de talent instaurer la paix, le désir, la passion, mais surtout la liberté. Il n’y a aucune barrière. Au final, c’est une histoire qui génère presque du fantasme, voire de l’utopie. Une histoire qui résonne universelle et intemporelle. Une histoire qui rappelle qu’en 2015, justement aujourd’hui, nous sommes libres d’aimer qui nous voulons.

(Sortie DVD 5 août 2015)

Pierre Niney, l’homme idéal

Nommé au César du meilleur acteur pour son interprétation d’Yves Saint-Laurent, Pierre Niney semble avoir tourné la page. Aujourd’hui en tête d’affiche du deuxième long-métrage de Yann Gozlan, il se transforme et avec brio, en écrivain tourmenté. Après la comédie et le biopic, il tient le premier rôle d’un thriller psychologique. Une grande première pour le prodige de la Comédie-Française. Dans Un Homme Idéal, Pierre Niney donne la réplique à Ana Girardot. Ils forment ensemble, un jeune tandem de comédiens talentueux.

un-homme-ideal-ana-girardot-1

Le synopsis ? A 25 ans, Mathieu aspire à devenir un auteur connu, à l’instar de ceux qu’il admire. Dans l’espoir d’être un jour publié, il gagne sa vie en travaillant dans une société de déménagement. Son destin bascule quand il découvre le manuscrit d’un vieil homme décédé, seul. Et qui plus est, un ancien combattant de la Guerre d’Algérie. Mathieu s’empare de ce roman, le recopie et le signe. En devenant la nouvelle coqueluche du monde littéraire, son rêve se réalise. Mais l’attente d’un second roman devient de plus en plus pesante. Pris dans une véritable torture psychologique, il passe une sorte de pacte avec le Diable. Le héros tourmenté plonge alors dans une spirale infernale et passe par toutes les étapes : stress, folie et paranoïa…

Troublant, haletant, envoutant, pesant. Un Homme Idéal est bel et bien un thriller psychologique. Thriller dans lequel Yann Gozlan décrit un jeu passionnant sur l’identité. « Universel et particulièrement romanesque », ce thème est cher au réalisateur.

Le film fait un clin d’œil aux grandes références cinématographiques. L’ enfermement psychologique, la quête de notoriété et bien sur, cette envie d’intégrer la haute bourgeoisie rappellent parfois Monsieur Ripley de Patricia Highsmith et évidemment Match Point de Woody Allen. Du côté de l’esthétique et de la mise en scène, on reconnaît Plein Soleil de René Clément ou La Piscine de Jacques Deray. (Si on n’a pas vu le film, on connaît au moins la légendaire scène avec Alain Delon et Romy Schneider).

un-homme-ideal

On retrouve dans Un Homme Idéal, une mise en scène élégante et solaire. Les couleurs et la lumière méditerranéennes font écho aux costumes très années 60. A la fois glamour, rétro et moderne.

Après avoir vu le dernier opus de Yann Gozlan, on est sûrs d’une chose. Plus qu’un acteur, Pierre Niney est un véritable metteur en scène. Si dans le film il est loin d’être « un homme idéal », il reste un acteur idéal. L’étoile montante du 7ème art français.

 

 

Mommy : un ascenseur émotionnel

« Mommy est le seul film dont je suis fier » a déclaré Xavier Dolan. Et il peut être fier ! A seulement 25 ans, le réalisateur québécois qui a déjà une belle filmographie à son actif, vient de signer son cinquième long-métrage. Un film indépendant brûlant, qui en dit long sur l’avenir du jeune et si talentueux cinéaste.

Parce que Mommy ne raconte pas. Mommy donne des frissons, hérisse les poils et laisse bouche-bée pendant des heures. Mommy prend par les tripes et entraîne aux côtés d’un trio incandescent aussi torturé qu’attachant, formé d’une femme excentrique, de son fils bipolaire et d’une voisine traumatisée. Un trio fusionnel qui navigue du début au dénouement, entre joies, peines, colères et tente de se forger une place dans ce monde cruel.

En haut du triangle : Anne Dorval, qui incarne avec brio cette veuve instable au style d’Erin Brockovich. C’est à dire un subtil équilibre entre le kitsch et le provocant. On note d’ailleurs le petit clin d’œil à Jane Campion, idole de Dolan. Parce que Diane ou «Die», femme qui se bat seule contre son époque ressemble étrangement aux héroïnes de la réalisatrice.

683158-mommy20adorval220shayne20laverdic3a8re

Savant mélange d’émotions brutes et de scènes touchantes, Mommy n’est autre qu’un ascenseur émotionnel. Le format serré souligne l’étouffement et l’isolement, des personnages, jusqu’à la scène emblématique du film, rythmée par le titre pop mythique des années 90 : Wonderwall.

Quel réalisateur sait marier dans la même bande son et avec talent, Céline Dion, Andrea Bocelli et Oasis ? Dolan.
Une chose est certaine. Entre prix du jury du festival de Cannes, coups de gueules, scandales et polémiques, le jeune prodige du cinéma fait parler de lui. Talent à suivre.

Pour ceux qui n’ont pas (encore) vécu ce magnifique moment riche en émotions, il est temps de voyager en terre Dolan… 

(sortie DVD 18 mars 2015)