Primaires socialistes : Vers la fin d’une idylle entre la gauche et la jeunesse?

 

Pour leur grand oral devant les Jeunes Socialistes, les candidats à la primaire tentent de séduire l’électorat jeune avec des propositions fortes, à l’image de Benoit Hamon et son revenu universel.

REPORTAGE – Le vivier d’électeur de la gauche, la jeunesse, semble s’écharper peu à peu. La tendance n’est pas nouvelle mais semble se révéler à l’approche des primaires socialistes qui se déroulent les 22 et 29 janvier prochains. Nous sommes allés à la rencontre de Karine et Hicham, deux jeunes qui suivent la politique sans pour autant s’en passionner.

 

Mai 68 et son armée de jeunes hippies, utopistes, syndicalistes, marquaient un moment où la gauche était en phase avec une jeunesse engagée. Mais les jeux politiques entraînent des revirements parfois inattendus. De la part des décideurs politiques, autant que des attentes de l’opinion publique. On est loin du temps où Michel Rocard inspirait les foules.

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La jeunesse en action, durant les mouvements de grève de Mai 68

Âgés respectivement de 19 et 20 ans, nos deux interlocuteurs assurent suivre de très loin la primaire socialiste, tout comme la politique en général. « Je me suis toujours situé plutôt à gauche. Mais pour suivre régulièrement les briefs, je me sens complètement dépassée par le débat des primaires.» nous confie Karine. Hicham ajoute : « Je me sens plus attiré par la droite, et d’ailleurs je ne considère pas la gauche comme attractive pour les jeunes. Elle semble déconnectée de la réalité, et ne parle plus à la jeunesse ». Pourtant, Karine ira bien voter aux primaires, considérant qu’elle remplit son devoir de citoyen, contrairement à Hicham qui passera outre ce rendez-vous politique.

Sur fond de crise économique, la loi travail ou encore le projet de la déchéance de nationalité ont terni l’image d’un gouvernement de gauche. De même que le manque de prestance du président, ils ont jetté l’opprobre sur le futur candidat socialiste, ce qui ne rend pas la gauche séduisante. A l’image de la communication plus que précaire du gouvernement ces dernières années, la primaire de gauche a souffert d’un réel manque de clarté et d’information relatifs au débat politique.loi-travail

Manifestations contre la loi travail, avril 2016

Alors que les primaires républicaines ont mobilisés 4,2 millions de Français, mieux informés grâce à une couverture médiatique plus importante. La jeunesse s’est sentie écoutée malgré les formules obsolètes des politiques républicains. Pour autant, le désaveu de la gauche s’explique par sa distance avec la jeunesse, aggravé par une primaire organisée dans l’urgence et une communication trop floue. « J’ai beaucoup suivi le déroulement des primaires républicaines. J’ai été bluffé par le candidat Juppé, qui malgré quelques erreurs, a su véritablement s’adresser aux jeunes. Lorsque j’entends parler les candidats de gauche, je ne ressens pas le même dynamisme à l’égard de la jeunesse.» analyse Hicham.

Lorsqu’on lui demande si le candidat socialiste sortant aura une chance de l’emporter lors de l’échéance présidentielle, Karine semble très dubitative. « En tout cas je lui souhaite vraiment bonne chance. Quand on regarde la popularité de Fillon à droite, et de Marine Le Pen à l’extrême-droite, on voit bien que les attentes des Français ont évolué ». Lorsqu’on évoque la question des sondages, elle se fend d’un sourire : « Il y a eu quelques revers dans les sondages récemment : l’élection de Trump, le Brexit, la montée en puissance de Fillon, trois éléments qui m’ont rendus méfiante face à eux. »

Propos recueillis par Emmanuelle Lacheny et Cyril Bras

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