Le lancement très calme de la collection Kenzo pour H&M

Jeudi matin, la collection capsule Kenzo pour H&M est arrivée dans cinq magasins parisiens. Alors qu’on s’attendait à une foule hystérique et importante faisant déjà la queue peu de temps avant l’ouverture de l’un d’entre eux, la file d’attente était plutôt menue.

C’est l’événement annuel tant attendu par les fans et qui arrive début Novembre : la collection capsule d’un créateur pour H&M. Après avoir fait plusieurs cartons avec des vêtements signés Karl Lagerfeld en 2004, Isabel Marant en 2014, et Balmain en 2015 ; le géant suédois avait décidé de s’associer avec le duo de la marque Kenzo : Humberto Leon et Carol Lim.

Si d’ordinaire les collections des créateurs sont très prisées par les clients, l’accueil semble être plus mitigé pour cette nouvelle collection capsule. D’habitude, les acheteurs passent une bonne partie de la nuit devant le magasin pour pouvoir être les premiers à acheter les vêtements. Et au petit matin, avant l’ouverture des grilles, la queue fait déjà plusieurs centaines de mètres. Pour rappel, la collection de Balmain l’année dernière avait tourné aux crêpages de chignon, obligeant même la police à intervenir.

Le dispositif mis en place cette année voulait éviter la reproduction de ces faits. Devant le magasin, deux policiers et une dizaine d’hommes aux gilets jaunes indiquant « SECURITE » contrôlaient le bon déroulement de la file d’attente, parquée derrière des barrières.

Ils étaient une petite vingtaine à attendre à 7h devant le H&M[1] des Galeries Lafayette. Les deux degrés affichés au thermomètre ne les avaient pas démotivés. « C’est notre rendez-vous annuel » a indiqué Gabriel, un étudiant bien emmitouflé dans sa doudoune rouge et sa grande écharpe en laine. Avec ses deux amies, Hélène et Amandine, ils sont arrivés à 4h du matin et font partis des 15 premiers à entrer. « On a des bracelets de couleurs pour savoir dans quel groupe on est ». Leur couleur à eux, synonyme des premiers, le rouge.

7h40, les trois amis continuent d’attendre même si l’excitation commence à se faire sentir. « Je n’ai rien acheté depuis un mois. J’ai fait des économies exprès pour l’événement et je suis content les prix sont accessibles cette année » explique Gabriel. Cette année, et à la différence de l’année passée, les pièces de la collaboration sont pour une grande majorité à des prix certes élevés pour du H&M mais très abordables pour du Kenzo. Il faut compter pour l’occasion 60€ pour le sweat avec le tigre, lorsqu’on le trouve avec un motif différent dans la boutique officielle pour 180€.

Quand on leur demande s’ils se sont fixé un budget, la somme peut paraître assez élevée pour du H&M « Entre 200€ et 500€, mais je vais fonctionner au coup de cœur donc je peux un petit peu dépasser la somme » nous dit Gabriel. Ses amies s’empressent d’ajouter que la collection leur permet « d’avoir des pièces exclusives qui ne vont pas être portées par tout le monde, et c’est parfois le prix à payer pour pouvoir se différencier ».

Ces pièces pour le moins originales ont reçu un accueil assez mitigé et surtout sur les réseaux sociaux. On pouvait lire des commentaires sur Twitter comme « Je viens de tomber sur des photos de la collection H&M x Kenzo j’ai, à moitié, perdu la vue … c’est aussi douloureux que du Desigual. » Cela explique pourquoi l’ambiance était plutôt calme hier matin.

Lorsque les grilles ouvrent à 8h, nos trois jeunes rentrent vite au chaud pour faire leurs emplettes. Pendant ce temps-là, on remarque que cet événement n’attire pas que des jeunes. Un peu plus loin dans la queue, un couple attend son tour avec des bouteilles d’eau à la main. « Le staff de H&M nous apporte encore le petit-déjeuner ! Ça c’est gentil », commente ce père de famille à sa compagne. En effet plusieurs membres du personnel s’approchent de nouveau des clients, avec un panier composé de mini viennoiseries et de bouteilles d’eau aux motifs de la marque Kenzo.

On retrouve nos trois jeunes à la sortie, 20 minutes après, avec aux bras 2 ou 3 sacs bariolés. Amandine, jeune mère de famille, se veut rassurante « J’ai acheté plusieurs choses pour mon mari et mon fils, je sais qu’ils vont adorer et puis c’est bientôt Noël. Je sais que mon mari va me dire que je suis folle. » A ses côtés, Gabriel avoue avoir largement dépassé son budget. « J’en ai eu pour 800€ » et reconnaît être « fou lors de ce type de collection capsule. C’est impressionnant ce que ça m’amène à faire. »

Malgré leurs grosses dépenses qui vont changer la couleur de leur compte en banque, ils ont pu acheter les pièces qu’ils avaient auparavant repérées sur Internet. D’autres regrettent de ne pas avoir pris une pièce et s’interrogent à savoir s’ils vont y retourner ou pas. Il leur faudra refaire la queue et patienter au moins 1h pour pouvoir rentrer à nouveau dans la boutique, et espérer que le vêtement ne soit pas déjà parti.

Ces allées de magasins presque désertes seraient-elles signe d’échec pour cette collection capsule ? Rien n’est sûr quand on sait que le site a mis les internautes sur liste d’attente au vu du grand nombre de connexions.

[1] H&M, 3 Rue de Lafayette, Paris 9ème

 

Camille Sanchez