About the FGM in Ireland (French version)

https://youtu.be/6jI20E645ys

L’excision, un problème national et international 

Depuis 2013, le nombre de femmes et jeunes filles excisées en Irlande a presque doublé. Grâce aux données publiques, nous savons que  ce sont près de 5790 femmes qui ont été mutilées en 2016, contre 3780 en 2013. Ce qui correspond à une hausse de 53%. Selon l’UNICEF, cette pratique considérée comme une entrave aux Droits de l’Homme et interdite dans le monde entier est encore pratiquée dans 30 pays. Malgré la loi de 2012, The Criminal Justice FGM Act, des jeunes filles sont encore excisées illégalement dans le pays. C’est sous l’impulsion de Ifrah Ahmed, immigrée somalienne devenue irlandaise depuis 12 ans, ainsi que Michael D. Higgins, actuel President et Joe Costello, ministre des Affaires Etrangères, que ce projet de loi voté, banni l’excision ainsi que le fait d’envoyer ses filles dans leur pays d’origine dans le but de faire subir cette mutilation. Ifrah a déclaré en 2012, “depuis le début, Mr. Costello a été un vrai soutien à notre cause. Il a toujours voulu faire partie des événements en tant qu’invité d’honneur. Mr  Higgins a également supporté nos efforts”. Mais cela n’arrête pas certains médecins crapuleux qui encourent jusqu’à 10 000€ d’amende et 14 ans de prison. Malgré ces menaces, de nombreux praticiens n’hésitent pas à faire payer aux alentours de 200€ en Grande Bretagne pour exciser des jeunes filles qui ne sont même pas majeures, au nom de croyances culturelles et superstitieuses.

Une pratique culturelle et non religieuse 

L’excision est d’origine pratiquée dans l’Est de l’Afrique et au Moyen-Orient. Il existe quatre type de mutilation. C’est en Egypte qu’elle est la plus destructrice puisqu’elle consiste non seulement à pratiquer une ablation du clitoris afin d’éradiquer toute forme de plaisir mais aussi à recoudre les lèvre supérieures et inférieures. Les problèmes de santé qu’entraîne cet acte vont au delà de la souffrance physique.

En plus des douleurs insoutenables durant les règles, des infections dues au manque d’hygiène lors de l’acte, la difficulté à aller aux toilettes et le risque de mourir en couche, ce sont des séquelles psychiques qui sont les plus importantes. De nombreuses femmes souffrent de la peur des couteaux ou ne supportant pas qu’un homme ne les approche. Mme Ngozi Oleru, une employée de banque nigérienne déclare à coeur ouvert que « la phobie des couteaux, du contact des hommes est insoutenable mais pire encore la peur d’accoucher et de perdre sa vie en donnant la vie ». Elle se dit  « chanceuse d’être encore en vie après l’excision ».

Par exemple, ce sont près de 98% de jeunes filles excisées en Somalie, 97% en Guinée and 90% en Sierra Leone. Les raisons de cette mutilation sont multiples. La plus récurrente est celle de la purification de l’enfant afin quelle passe de l’enfance au monde adulte. L’importance de trouver un bon parti est telle que les jeunes femmes non excisées ont plus de mal à trouver un mari, dans des pays où le patriarcat est important et la voix des femmes presque inexistante. Comme on le porte à croire, ce n’est pas la religion mais bien des croyances superstitieuses qui sont au coeur de cette problématique. Au Kenya, l’on dit qu’une fille non excisée ne sera pas fertile et ne pourra jamais combler son mari.

Traiter ces femmes en Europe 

Lorsque ces femmes africaines migrent en Europe, elles se retrouvent face à des professionnels de santé incapables de les aider voir de les soigner. En plus de la formation des infirmières aux problèmes liés à l’excision donnée par Ifrah Ahmed en 2011, de nombreuse associations non gouvernementales mettent en place des workshops et des centres d’écoutes afin d’aider ces femmes à se reconstruire. The Irish Family Planning Association (IFPA) propose un service d’écoute psychologique ainsi qu’un traitement de reconstruction médical de l’appareil génital gratuit pour les femmes qui le souhaite. Alison Spillane, euh charge des projets de l’IFPA à Dublin, explique qu’avec l’aide de l’association Akidwa (qui se bat contre l’excision), « de plus de plus de femmes viennent à la rencontre de l’IFPA ». Dans les deux cliniques que compte l’IFPA, 50 femmes ont été traitées après une excision. Et ce depuis leur ouverture, il y a trois ans et demi.

Akidwa est aussi partenaire de ActionAid Ireland. Le but depuis 2016 jusqu’à cette année, était de proposer des ateliers de découverte du corps et des réunions de discussion pour hommes et femmes pour éduquer au respect de l’intimité de l’autre, à l’importance de la sexualité et à l’appropriation du corps. Cette initiative s’inscrit dans le projet the Rights, Equality and Citizenship (REC) programme of the European Union qui est implanté en Belgique, en Irlande, en Italie, en Espagne et en Suisse. Le programme irlandais appelé « AFTER Project » a été basé à Cork pendant deux ans. Les hommes ont pu prendre part à cette campagne grâce aux 12 workshops qui leur étaient dédiés. Rappelons que ce sont les femmes qui pratiquent l’acte de l’excision mais que ce sont les hommes et la force exercée par le patriarcat sur les mentalités dans les pays d’origines des migrants qui poussent à la mutilation. Triona Pender, en charge des programmes d’ActionAid Ireland rappelle que « les hommes encouragent cette pratique même s’ils savent combien elle est dangereuse et pénible ».

Malgré les efforts considérables de ces associations, la lutte contre l’excision en Irlande est loin d’être terminée. Alors que le nombre de femmes excisées augmente, les associations ont besoin de personnes importantes dans la vie civile pour faire entendre la voix de ces femmes soumises à des croyances destructrices.