Archives de catégorie : Culture

Algorithmes au service de l’amour

Algorithmes au service de l’amour  

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Les algorithmes sont aujourd’hui, parties intégrantes de nos vies sociales ou encore professionnelles. Ils nous aident de plus en plus à trouver l’amour. Il existe plus de 9 millions d’utilisateurs des services de rencontre en ligne. Meetic reste leader du marché avec 800 000 utilisateurs en 2015. Comment ces algorithmes ont pris la place du destin dans nos relations amoureuses ? La magie de la rencontre amoureuse opère t-elle autant lorsque l’on rencontre quelqu’un via internet ? 

Contrairement aux idées reçues, les algorithmes jouent les entremetteurs depuis l’invention de l’internet. Dès 1960, des logiciels ont été créées dans l’optique de créer des rencontres. D’abord au travers  d’internet puis, dans le monde réel. En France, c’est avec le minitel, en 1980, que le phénomène se met en place. Il prendra une ampleur mondiale à partir de 1993. Grâce au premier site dédié à la rencontre de l’autre : match.com (aujourd’hui devenu Meetic). Dans un monde où la culture numérique est omniprésente, le rapport à l’amour et à l’utilisation de ces algorithmes pour le trouver est différent en fonction de nos rapports à cette culture. Nous n’utilisons pas tous les mêmes réseaux sociaux.

Un jeune qui utilise beaucoup Snapchat se tourne vers des applications du type Tinder ou Fruitz. Des applications qui vont droit au but sur le type de relation recherchée. Leur interface dynamique et adaptée à un temps d’utilisation court, permet aux jeunes d’y naviguer dès qu’ils en ont l’occasion.

De plus, ces applications utilisent des moyens différents pour réunir les profils correspondants. Géolocalisation, amis Facebook en commun ou encore communautarisme, le public reste complètement hétéroclite. Les adeptes de Facebook vont plus facilement vers des applications du type Hinge. Ceux qui recherchent une personne de la même religion ou culture se tournent plutôt vers des sites comme Mektoub (rencontres entre Musulmans) ou bien JDream (rencontres entre Juifs).

Amour, magie et algorithmes 

Ces algorithmes peuvent parfois casser les topoi de l’amour trouvé par hasard au premier regard ou encore de l’unicité de l’être aimé. Ce n’est pas sans compter sur les calculs mis en place afin de faire matcher les profils entre eux. Et ce, parmi les millions d’utilisateurs de l’interface. L’algorithme prend la place du hasard et de l’entremetteur. Il ne sert qu’à mener l’internaute sur la voie de l’âme-soeur. Le site OkCupid propose même des « Blind dates ». En français, rendez-vous à l’aveugle. L’algorithme propose, au hasard, un profil souvent différent des critères de recherche préalablement établis par l’utilisateur. Le tout n’est pas de rencontrer quelqu’un mais bien de garder le contact. La simple rencontre sur internet n’est donc, plus toujours la préoccupation des fabricants  d’amour sur le web. La suite du rendez-vous galant peut être commandée par les algorithmes. Quesaco ? Les applications de rencontre s’occupent de faire matcher des utilisateurs avec des profils et hobbies compatibles. Certaines applications vont plus loin. Coffee Meets Bagel propose deux nouvelles innovations. La première, Mixtape, utilise Spotify, et crée ainsi une playlist que  les utilisateurs partagent. Ceci permet d’entamer la discussion lors d’un premier rendez-vous. La seconde innovation, DateSpots, utilise Yelp pour choisir un point de rencontre et ainsi décider plus rapidement de l’ambiance d’un rendez-vous personnalisé.

L’application Wizzluck permet aussi de briser la glace plus facilement avec une interface de type « réalité augmentée » , le wizz. Après avoir rencontré quelqu’un en vrai qui nous plaît, nous pouvons le retrouver sur l’application. Le « Shake » est l’outil permettant d’envoyer une phrase aléatoire à son interlocuteur. Cet algorithme est parfait pour les plus timides d’entre nous.

Quand les algorithmes changent nos comportements

Ces algorithmes ont plus de place dans nos rapports aux relations amoureuses débutées sur internet que nous le pensons. Nos comportements sont souvent influencés par ceux-ci. Par exemple, certains se basent sur l’idée de l’amour au sens romantique et gnangnan où nous l’entendons. Les profils analysés et mis en relation sont calqués sur cette logique. Les utilisateurs vont ensuite tout faire pour que leur comportement soit singé sur celui programmé. Dans le but d’avoir le plus de chances de trouver une âme-soeur potentielle.  Ce processus opère de façon tout à fait inconsciente. Il en  va de même pour les applications à but moins sérieuses comme Down. Lorsque l’on s’inscrit sur des applications qui promettent des relations sans lendemain, mais que nous ne sommes pas forcément décidés à cela, notre comportement est susceptible de changer du tout au tout.
capture-decran-2017-04-27-a-14-21-01Prenons PageRank. Cet outil de Google permet de classifier des sites ou des contenus. Les utilisateurs optimisent au mieux leurs contenus et titres, sur les critères de Google, pour apparaître le plus en haut possible du classement. Ils changent donc leur comportement en fonction de Google afin d’avoir un meilleur résultat. Le même phénomène est visible pour ceux qui utilisent ces applications de rencontre. Attention, donc, à rester vigilants face à ces algorithmes prometteurs d’amour mais qui peuvent profondément nous changer. Avis à tous les friands de ces applications et sites internet, dirigez-vous correctement vers les interfaces qui vous corresponde. Pas de panique, tout de même. L’amour, ou du moins le semblant de sentiment amoureux promis par internet, peut être apprivoisé grâce à ces cupidons informatiques.

 

 

Renée Levi ou l’art d’être déroutante

drawingnowparis.com
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Renée Levi, artiste peintre contemporaine du XXIème siècle est connue dans le monde entier pour ses installations dans des lieux insolites. Mais aussi pour sa réappropriation de l’espace très particulier. Cette artiste tire son inspiration de son compagnon de toujours Marcel Schmidt. Rendu déroutant du fruit de ce partenariat. Portrait.

Comme les deux doigts de la main, l’artiste peintre Renée Levi et son acolyte Marcel Schmidt sont inséparables. Véritable source d’inspiration, Marcel est indispensable aux créations de Renée. « Mon travail ne serait pas aussi puissant si tu n’existais pas » lui avoue l’artiste contemporaine. Elle revient toujours vers son ami et compagnon artistique. Chacune de ses toiles de la création jusqu’à la réalisation passe par Marcel, « sans [lui] il n’y aurait pas de Renée Levi en tant qu’artiste ». Une complicité qui se ressent dans l’art de Renée. Comment une aussi petite femme peut-elle créer d’aussi grandes choses ? Tout le monde a besoin d’une bonne étoile. « Je suis Renée et toi tu es Levi », Renée a trouvé la sienne en Marcel.

« La toile est dans l’espace »

Puissantes et vibrantes. Voilà comment décrire les toiles et les installations de Renée Levi. Motifs à répétition sur fond de murs blancs. A la fois hypnotisants, relaxants et intriguants. Un sentiment étrange nous enivre lors de ses expositions. Confronté à l’immensité dans un espace aussi petit qu’un salon, laisse le visiteur perplexe. Le but de l’art de Levi est de « faire des choses grandes qui donnent une autre énergie au spectateur ». L’amateur d’art, alors désemparé devant ces toiles va devoir trouver la force, la confiance et l’énergie que Renée tente de faire passer au travers de son art. L’espace et les lieux ne sont pas simplement des endroits mornes et sans intérêts pour l’artiste peintre. Elle se réapproprie l’espace d’ordinaire dénigré et le magnifie à sa façon. Parfois complexe à comprendre, ses toiles rendent compte de mouvements monochromes. Très colorés peints sur des pans de murs entiers ou sur toiles. L’espace en lui-même est un matériau. Après un premier franc coup de pinceau, la peintre se concentre et met en forme son art. « La toile est dans l’espace », le visiteur de l’exposition devient alors spectateur. Comme devant un écran, il observe la peinture-installation ou peinture-photo de Renée Levi. Il se retrouve ainsi projeté dans un lieu où la toile n’est plus celle d’internet mais quelque chose de bien réel. Renée Levi tente de faire prendre conscience, avec ses toiles, que le monde n’est pas celui d’internet mais celui du toucher, du réel, du grand que l’on peut admirer. L’espace public est réinventé et le spectateur saisit son corps dans cet espace. Renée Levi est constamment à la recherche de lieux différents. Hôpitaux, écoles, magasins, elle se renouvelle le plus souvent possible car « ce qui est essentiel, c’est d’avoir toujours de nouveaux lieux, c’est ce qu’il y a de plus beau ». Elle ne cherche pas à retranscrire égoïstement son intérieur ou des tourments qu’elle tente de chasser comme la plupart des artistes. Le plus simplement possible, autour d’un café, assise sur une table, elle ouvre son cœur, son art.

Zingaro, un contemporain à Montmartre

Astolfo Zingaro est un des seuls artistes contemporains à Montmartre. Alors que l’impressionnisme est l’essence romantique chérie des touristes à Paris, Zingaro a su y imposer l’art contemporain. Entre difficulté de s’affirmer et fierté d’avoir réussi à relever ce défi, le peintre autodidacte se livre sans langue de bois.

Comme un loup dans la bergerie, Zingaro fait partie des rares peintres contemporains à Montmartre. Astolfo Zingaro, peintre autodidacte d’origine italienne, puis amoureux de Paris, s’installe en 1990 dans le repère de tous les adeptes du romantisme à la française, Montmartre. Les allées pavées emblématiques du toit de Paris, sont aujourd’hui bordées d’artistes peintres, pour la plupart, impressionnistes. Besoin de plaire aux touristes ou simplement souci de tradition, une chose est sûre, les peintres impressionnistes en place à Montmartre ont accepté à leurs côtés un Zingaro qui casse les codes artistiques de ce quartier. Astolfo Zingaro évoque, dans son atelier-appartement maculé de peinture de la tête aux pieds, la « difficulté énorme de tenir le coup » dans cet environnement, a priori hostile à l’ouverture artistique. Une atmosphère connue pour être impitoyable puisque les places pour y peindre et vendre ses toiles sont très prisées. Astolfo Zingaro semble avoir souffert de cette réticence de la part de ses collègues mais a fini par en faire sa force. Puis, c’est l’air grave que l’artiste peintre contemporain au parler très cru explique que c’est « assez douloureux de travailler dans ces conditions avec cette putin de sensibilité qui nous caractérise ». La solution, pour lui, n’est « pas de se préserver car ça, c’est de la connerie ». Une émotion qui se ressent dans chacune de ses toiles.

Crédits : wsimag.com
Crédits : wsimag.com

« L’art contemporain c’est l’aventure »

Zingaro exprime cela dans ses toiles monochromes teintées de gris, pour beaucoup d’entre elles. Des centaines de tableaux entassés dans tous les coins de son atelier et de la peinture partout, voici l’environnement dans lequel Zingaro produit des toiles représentant les façades des maisons de Montmartre. Souvent considéré, à tort, comme un artiste abstrait, le peintre habité par son art, précise qu’il n’est « pas dans l’abstrait mais qu’il est extérieurement abstrait ».

Crédits : wsimag.com
Crédits : wsimag.com

Une nuance tout aussi ténue que celles utilisées pour ses épaisses couches de peinture caractérisant ses tons sur tons. Astolfo Zingaro finit par distinguer l’art figuratif de l’art contemporain : « L’art figuratif se construit avec le temps tandis que l’art contemporain c’est l’aventure ». Alors que les présupposés veulent que ce soit le peintre qui guide son art et soit maître de sa peinture, pour Zingaro, c’est la toile qui guide le peintre. Encore une facette du peintre autodidacte qui se distingue de celle de ces confrères à l’esprit souvent étriqué. A la fin de sa vie, l’autodidacte contemporain de Montmartre vit de son art et vend ses toiles dans le monde entier. Un homme attachant et possédé par l’amour de l’art qu’il n’a cessé de partager jusqu’en 2013, date de sa disparition.  Il restera sans aucun doute dans les mémoires de la culture artistique parisienne et française. Il finira par déclarer, « j’ai été au bout de l’aventure ». Astolfo s’avère finalement être un véritable agneau.